Engagée et déterminée, Tania Gombert est passionnée par les chiffres et les mathématiques depuis le début de sa carrière. Directrice marketing d’ECA assurance, elle a aussi créé l’association Cap Métissage. Rencontre avec une femme audacieuse qui prône la tolérance…
Je fais partie de ces personnes sur lesquelles la société n’aurait pas misé, flanquée du triple fardeau : femme, racisée et issue d’un milieu très modeste.
Malgré cela, j’ai réussi à gravir les échelons jusqu’à des postes de direction en puisant ma force dans ma détermination, mon audace, ma persévérance.
Mon appétence pour les chiffres et mes compétences en mathématiques m’ont fait entrer dans le milieu de l’assurance. J’ai d’abord étudié les statistiques, la tarification. De belles rencontres m’ont ensuite permis de découvrir le domaine du marketing et ses multiples possibilités. J’évolue maintenant depuis 20 ans sur des postes à fort challenge en marketing assurance. En tant que membre des instances de direction, je traite notamment des sujets autour de la stratégie, l’innovation, l’expérience client et le digital.
J’ai toujours adopté un mode de fonctionnement intrapreneurial au sein de mes différentes entreprises. Je m’épanouis particulièrement dans des environnements respectueux de la diversité et de la mixité, où les échanges productifs et efficaces sont favorisés.
Au-delà de ma casquette assurance, j’ai également créé deux structures qui soutiennent activement les femmes dans le monde professionnel : Afervescence, mon agence de conseil en stratégie marketing, digital et communication, ainsi que ma société d’investissement en nom propre.
Et j’ai toujours de nombreux projets en tête et d’idées en réserve pour l’avenir.
“Soyez insatiables, soyez fous” Steve Jobs
Je suis particulièrement fière d’être arrivée là où l’on ne m’attendait pas. Rien ne me prédisposait à la vie que je mène aujourd’hui. Je suis née à Madagascar, l’un des pays les plus pauvres au monde, d’une mère jeune, seule, sans un sou. J’ai connu de nombreuses péripéties au cours de ma scolarité et parfois dans ma vie active, du fait de la classe sociale dont je suis issue, de mes origines ethniques et de mon sexe. Et me voilà, à quarante-trois ans, directrice dans le secteur des assurances, ayant intégré les instances de direction dès l’âge de trente ans.
Mon conseil « Prends ta place, car personne ne va te la donner, cette place dans laquelle tu visualises ton épanouissement. »
Malheureusement, les femmes peuvent être marginalisées ou sous-estimées dans un environnement professionnel, ce qui peut les empêcher de réaliser leur potentiel. Pour réussir, il est donc crucial de prendre des initiatives et de se faire entendre pour obtenir les opportunités et les responsabilités souhaitées, tout en se faisant respecter.
Cela ne suffit pas de travailler dur, il est également important de faire preuve d’audace, d’exprimer ses idées, de communiquer sur son travail, de chercher cette promotion tant rêvée, de sortir de sa zone de confort et de prendre des risques pour atteindre ses objectifs. Et surtout, il ne faut pas abandonner face aux difficultés. Il peut y avoir des moments où les choses ne se passent pas comme prévu, mais c’est dans ces moments-là que la persévérance est la plus importante. En restant concentrée sur les objectifs à long terme, en apprenant de ses erreurs et en continuant à travailler avec professionnalisme, une jeune femme peut atteindre ses objectifs et réussir dans l’entreprise.
Ma devise “Si le plan A ne fonctionne pas, il y a 25 autres lettres dans l’alphabet, et si ça ne suffit pas, empruntons les lettres de tous les autres alphabets”, ma méthode coué pour appréhender les échecs et les imprévus. Il y a toujours une solution alternative à explorer. L’échec est simplement une occasion de changer de direction pour trouver un nouveau plan qui fonctionne.
Le processus d’essais et d’erreurs est une partie normale de l’apprentissage et du développement personnel. Les erreurs peuvent nous aider à mieux comprendre les problèmes et les obstacles rencontrés, à trouver des solutions plus créatives et à nous améliorer en tant qu’individus.
C’est une occasion d’apprendre de nouvelles compétences, de découvrir de nouvelles méthodes et aussi de développer sa résilience. Place à la détermination et la ténacité.
Il y a tellement de causes qui me tiennent à cœur. Je suis particulièrement sensible à l’injustice, à toutes formes de discriminations ayant vécu dans ma chair un certain nombre de discriminations. Il m’est particulièrement difficile de n’en citer qu’une, car je suis impliquée dans plusieurs associations sur l’égalité des chances et sur la promotion des droits des femmes et de l’égalité femme homme. Cependant, si je devais n’en citer qu’une, ce serait Cap Métissage, l’association française du métissage que j’ai créée pour promouvoir la mixité socio-culturelle et la transculturalité.
Issue d’un melting-pot de cultures par mon sang et par les différents lieux dans lesquels j’ai vécu, j’ai souvent eu du mal à trouver ma place. Je n’étais pas assez noire, pas assez blanche, pas assez provinciale, pas assez parisienne, pas assez malgache… Avec mes deux filles encore plus métissées que moi, j’ai décidé de créer une communauté plurielle et positive qui véhicule la tolérance. Ce projet, qui était à l’origine familial, s’est transformé en une cause intéressant un plus grand nombre de personnes.
Notre association anime aujourd’hui des groupes d’échanges sur les questions de métissage, tels que les couples mixtes et la parentalité, nous avons également lancé une grande enquête sur l’identité métisse et nous avons enregistré nos premiers épisodes de podcast.
Nous continuons de développer l’association et toute aide pour nous épauler est la bienvenue.
Dès mes premiers karaokés à l’âge de 5 ans à mon arrivée en France… Plus sérieusement, je considère que j’ai vraiment donné de la voix pour la première fois lors de mon Tedx Talk le 2 juillet 2022. Le sujet de mon talk était “notre point de départ ne détermine pas notre point d’arrivée”. C’était la première fois que je m’exprimais sur un sujet très personnel devant un auditoire aussi important, dans le magnifique théâtre Graslin de Nantes. En général, je parle de mes domaines de prédilection professionnels, tels que l’assurance, le marketing, la communication et le digital. Mais cette fois, je suis sortie de ma zone de confort et j’ai parlé de moi. J’ai raconté mon parcours, mes blessures, les obstacles rencontrés, mes belles rencontres… Bref ce qui m’a construit. Je me suis dévoilée de manière authentique, en révélant le chemin qui m’était apparemment destiné, mais aussi la détermination et la posture qui m’ont permis de déjouer les pronostics de ma destinée. C’était la première fois que je me présentais, que je m’acceptais comme un modèle. J’ai admis que moi aussi, je suis un rôle modèle en levant simplement le voile sur mon histoire et en me montrant de manière authentique. Nous sommes nés quelque part mais est-ce que cela doit nous empêcher d’arriver là où on veut aller ? Pour moi c’est non. Certes, il faut travailler dur. Et parfois, il faut doubler voire tripler les doses. Et je sais de quoi je parle. Il faut faire preuve d’audace et persévérer et le jeu en vaut vraiment la chandelle.
A voir le film Sage homme avec Karin Viard et Melvin Boomer. C’est une comédie sociale qui traite sans prétention de sujets de société importants. Il aborde notamment le thème du féminisme sous un angle différent la question du lien entre le genre et le métier. C’est aussi l’histoire de la résilience à la suite d’un échec et la mise en lumière du rôle clé de mentor dans l’apprentissage et la transmission.
Pour continuer dans les recommandations féministes, je vous recommande la série « Lydia fait sa loi ». Cette série raconte l’histoire de Lidia Poët, la première femme avocate d’Italie, brillante et déterminée. Dans un cadre historique magnifique, avec une pointe d’humour et des intrigues policières, la série aborde des thèmes sociaux et politiques tels que les droits des femmes et la lutte des classes.
Et pour le livre, je ne peux que vous recommander mon ouvrage co-écrit avec la journaliste engagée Clotilde Boudet, et paru en ce début d’année « Le monde est injuste, et alors ? – Petit traité sur la valence différentielle : racisme, féminisme et capital culturel »
Une grande réflexion sur les maux engendrés par notre système de hiérarchie sociale, basé sur notre genre, nos origines ethniques ou sociales, nos orientations sexuelles et globalement toutes nos différences qui ne sont pas considérées comme nobles.
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