Diane Bandon-Tourret associée dans un cabinet d’avocates indépendant, Lexcase, et conseille des groupes français et étrangers, dans le domaine de la réglementation applicable (médicaments, dispositifs médicaux, cosmétiques). Diplômée en droit de l’université Paris-Panthéon Assas, Diane Bandon-Tourret a développé une connaissance fine de la réglementation des produits et de l’écosystème de la santé. Elle nous détaille son parcours.
J’ai eu un parcours très classique en droit à l’Université Panthéon-Assas, une expérience universitaire aux États-Unis et j’ai exercé le métier d’avocat aussi vite que possible, d’abord dans un cabinet d’affaires français puis dans des structures anglo-saxonnes avant de monter ma propre pratique en droit des industries de santé. J’ai rejoint ma structure actuelle, un cabinet français indépendant, il y a 5 ans où je dirige une équipe réputée, entièrement féminine. Nous conseillons des groupes français et étrangers, dans le domaine de la réglementation applicable, notamment, aux médicaments, aux dispositifs médicaux, aux cosmétiques. Nous défendons également nos clients devant les juridictions françaises et européennes.
Notre pratique en droit de la santé est aux confluents de la science et du droit, nous devons donc être passionnées par les deux domaines pour être vraiment performantes. La connaissance fine de la réglementation des produits et de l’écosystème de la santé est cruciale pour gagner en créativité dans notre métier au quotidien.
Il faut aussi particulièrement aimer l’indépendance inhérente à notre statut et la défense d’autrui, qui constitue l’essence de notre métier d’avocat.
Enfin, un avocat est aussi un chef d’entreprise, qui doit maitriser les questions financières et gérer son activité au quotidien.
Ma première association dans un cabinet s’est soldée par un échec difficile à assumer. Il m’est resté la nécessité d’assumer pleinement mon rôle d’associée en osant poser des questions, faire entendre mon point de vue et participer aux décisions qui me concernent, sans reculer en cas de difficulté. C’est cette posture qui m’a permise de déployer mon activité car j’ai gagné en maturité professionnelle et donc en crédibilité. Mon cabinet actuel a rendu cela possible immédiatement, tout en me laissant beaucoup de liberté.
Les voix inspirantes dans ma carrière sont avant tout celles de mes clientes, qui m’ont encouragée au début de ma carrière en me confiant des responsabilités importantes, n’ont pas hésité à plaider ma cause auprès des cabinets auxquels j’appartenais pour me faire évoluer en interne et m’ont présenté des contacts pour faciliter mon développement. Je leur dois énormément et je mesure la chance qui a été la mienne de bénéficier d’une vraie solidarité féminine tout au long de mon parcours professionnel.
C’est notre serment d’avocat, “Je jure, comme avocat, d’exercer mes fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité”. J’essaie de toujours garder à l’esprit cette idée que, dans notre métier, nos actes nous engagent et engagent nos clients, de sorte que nous devons nous dépasser pour être à la hauteur de la confiance accordée. C’est cet état d’esprit que j’essaie de transmettre à mon équipe aujourd’hui pour les aider à être des avocates accomplies, fortes et heureuses d’exercer.
L’intelligence collective : j’associe mon équipe à mes réflexions, systématiquement, pour trouver la solution la plus adaptée. Cela permet de mettre son ego de côté et de se dépasser.
Et faire confiance à son instinct, qui ne trompe pas.
Bien sur, les cabinets d’avocats ont accusé un retard certain dans le domaine pendant longtemps. Certaines structures privilégient les associés en equity masculins, le rythme de travail peut décourager les femmes qui désirent avoir une vie de famille, les maternités peuvent être mal perçues : autant de facteurs qui contribuent d’une forme de sexisme, qui existe encore et est aujourd’hui combattue.
Heureusement, ce n’est pas le cas de manière générale, des structures sont des contre exemples très rassurants, comme mon cabinet actuel. Notre managing partner est une femme et nous progressons dans la parité entre associés.
J’ai toujours enseigné et publié dans des revues juridiques. C’est pendant la crise sanitaire liée au Covid que j”ai été sollicitée régulièrement dans les medias pour expliquer la réglementation française et européenne en matière de produits de santé. J’ai fini par considérer que ma voix pouvait être utile pour permettre aux autres de mieux comprendre cet environnement juridique compliqué dans une période très anxiogène. Je me suis ensuite naturellement investie dans des associations dédiées à la reconnaissance de l’expertise féminine dans les média, qui reste minoritaire.
Etant dessinatrice, je dirais plutôt une exposition: “Paris 1874 Inventer l’impressionnisme à Orsay”, qui montre à quel point l’artiste peut être visionnaire !
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