Caroline Benard : "Les femmes sont Ă©duquĂ©es Ă  ĂȘtre sages, conciliantes"

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Caroline BENARD

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MotivĂ©e et ambitieuse, Caroline Benard est Vice PrĂ©sidente Marketing & Communication du DĂ©veloppement chez Accor. Alors qu’elle Ă©volue dans un milieu trĂšs masculin, elle s’engage au quotidien pour que les femmes osent s’exprimer aussi bien dans leur vie professionnelle que dans leur vie personnelle.

Pouvez-vous nous décrire votre parcours professionnel ?

Lorsque j’étais en Ă©cole de commerce Ă  l’ESSEC, le hasard de la vie a fait que j’ai rencontrĂ© un Directeur d’hĂŽtel, qui m’a parlĂ© de son mĂ©tier et m’a donnĂ© envie d’en dĂ©couvrir plus. C’est ainsi que je suis entrĂ©e chez Accor, d’abord en apprentissage puis en tant que directrice d’hĂŽtel pendant dix ans, en Grande-Bretagne puis en France.
En 2017, je suis revenue Ă  mes premiers amours pour prendre la direction Marketing Global des marques economy puis midscale – (ibis, Novotel, Mercure, ndlr). J’étais en charge notamment de la stratĂ©gie des marques, de la dĂ©finition de l’expĂ©rience client et de la communication 360°. DĂ©but 2023, j’ai acceptĂ© un nouveau dĂ©fi en rejoignant les Ă©quipes en charge du dĂ©veloppement hĂŽtelier au niveau monde pour les marques premium, midscale et economy.

Quelle est la particularitĂ© de votre domaine d’activitĂ© ?

Je travaille au dĂ©veloppement hĂŽtelier, un secteur traditionnellement trĂšs masculin. Cela m’a beaucoup surpris Ă  mon arrivĂ©e : En discutant avec des DĂ©veloppeurs, je leur ai demandĂ© d’aprĂšs eux quelles Ă©taient les qualitĂ©s requises pour ĂȘtre un bon dĂ©veloppeur. Leur rĂ©ponse a Ă©tĂ© unanime : Cela requiert d’abord de grandes qualitĂ©s d’Ă©coute et d’empathie, qui sont des traits de caractĂšre gĂ©nĂ©ralement associĂ©s aux femmes ! C’est pourquoi j’aimerais dĂ©velopper un programme d’accompagnement des femmes au sein de la division dĂ©veloppement car je suis certaine qu’une plus grande mixitĂ© apporterait beaucoup Ă  l’Ă©quipe.

Quels sont vos défis pour cette année ?

Je viens de prendre un nouveau poste, et mĂȘme si c’est dans la mĂȘme entreprise, c’est un secteur tout nouveau pour moi. De plus, il s’agit d’une crĂ©ation de poste avec une Ă©quipe Ă  crĂ©er. Je suis en plein dans les fameux « 100 premiers jours » et mes dĂ©fis prioritaires sont de comprendre la dynamique, les enjeux du poste, ainsi que de construire un cadre de travail et donner des objectifs clairs Ă  mon Ă©quipe. Nous avons dĂ©fini notre mission : En tant qu’équipe marketing & communication au sein du dĂ©veloppement hĂŽtelier, notre rĂŽle consiste Ă  apporter de la visibilitĂ© Ă  notre offre de marques et de services B2B, et apporter tout le soutien nĂ©cessaire pour permettre Ă  l’équipe de dĂ©veloppeurs de signer un maximum de projets hĂŽteliers.

Quel conseil donneriez Ă  une jeune femme qui arrive en entreprise ?

« 100% des gagnants au loto avaient tentĂ© leur chance » – ou dit plus concrĂštement, il faut oser ! C’est certain que lorsqu’on fait une demande, on n’est pas assurĂ©e d’avoir une rĂ©ponse positive, mais ce qui est encore plus certain c’est que si on ne demande pas, on n’obtiendra aucune rĂ©ponse. Nous sommes Ă©duquĂ©es culturellement en tant que femmes Ă  ĂȘtre sages, conciliantes, Ă  avoir de bonnes notes Ă  l’école et Ă  nous comporter gentiment. On nous dit depuis toutes petites que si on se conduit bien, on sera rĂ©compensĂ©e. Et souvent c’est vrai cela fonctionne, tout du moins dans le parcours scolaire. Mais la vie en entreprise est diffĂ©rente, la rĂ©compense ne va pas forcĂ©ment au plus mĂ©ritant ou au plus travailleur. Elle va Ă  celui qui la demande et l’argumente. En tant que manager, j’essaie de dĂ©faire cette empreinte culturelle et de pousser les jeunes femmes de mon Ă©quipe Ă  oser exprimer leurs attentes, que ce soit en termes d’évolution salariale, de souhaits professionnels ou d’idĂ©es Ă  exprimer. Et aussi de me l’appliquer Ă  moi-mĂȘme, avec plus de difficultĂ©s c’est sĂ»r !

Qui ont été les « voix » inspirantes dans votre carriÚre et quels ont été leurs messages ?

J’ai eu la chance de croiser au cours de mon parcours de nombreux managers inspirants, en particulier dans les opĂ©rations hĂŽteliĂšres. Mon premier Directeur d’hĂŽtel m’a appris la force de la bienveillance et de l’humilitĂ© pour devenir un leader inspirant. Il disait souvent « tout peut se dire tant que c’est bienveillant, et qu’on adopte la bonne posture ». C’est devenu pour moi un mantra qui m’a aidĂ©e Ă  dĂ©bloquer beaucoup de situations managĂ©riales, notamment quand on a une mauvaise nouvelle Ă  annoncer, qu’on doit rĂ©pondre par la nĂ©gative Ă  une demande, ou qu’on doit parler d’un sujet sensible et dont on sait qu’il peut toucher la personne dans son intimitĂ©. Une autre « voix » rencontrĂ©e Ă©tait celle de mon premier directeur d’opĂ©rations qui me rĂ©pĂ©tait souvent : « Caroline, le poisson pourrit toujours par la tĂȘte ». Cette maxime a influencĂ© profondĂ©ment le manager que je suis devenue. Il ne s’agit pas de prendre sur soi la responsabilitĂ© de tous les malheurs du monde mais de prendre le recul pour analyser chaque situation oĂč on rencontre un blocage. En tant que manager, que puis-je faire diffĂ©remment pour influer positivement la situation ? C’est en fait trĂšs stimulant car cette prise de recul nous replace dans une situation responsabilisante oĂč on a les moyens d’agir. On ne subit pas, on est acteur.

Partagez avec nous des méthodes, des tips qui vous servent le plus au quotidien dans votre travail.

En tant que cadre exĂ©cutif et maman, mon plus gros challenge au quotidien est d’arriver Ă  trouver un juste Ă©quilibre entre ma vie professionnelle et ma vie familiale – tout en essayant de ne pas m’oublier au milieu. Mon organisation tient de la discipline militaire ou du sportif de haut niveau ! J’essaie au maximum de conserver une routine dĂšs que je ne suis pas en dĂ©placement oĂč je ne travaille pas entre 18h et 20h. C’est le crĂ©neau pour mes enfants oĂč je prends du temps pour qu’on se raconte nos journĂ©es tout en faisant les devoirs, le bain ou le dĂźner. Pas de souci pour retravailler aprĂšs mais ce moment est sacrĂ©. Ce qui implique quand je ne suis pas en tĂ©lĂ©travail de devoir partir Ă  17h. Pas toujours facile d’affronter le regard des collĂšgues quand on remballe ses affaires « si tĂŽt ». Mais de plus en plus, j’essaie de le faire la tĂȘte haute, sans me cacher ou Ă©prouver de honte ou culpabilitĂ©. Je me dis que plus nous serons nombreuses Ă  le faire, et plus cela s’inscrira dans une normalitĂ© et facilitera la vie de toutes les futures super mamans – et papas, qui du coup oseront sĂ»rement aussi plus le faire. Dernier tip : chaque semaine je bloque dans mon agenda en semaine 1h30 pour moi – souvent pour aller faire du sport. C’est mon moment de dĂ©compression, et il est devenu vital pour me permettre de recharger les batteries.

#5000VOICES est une initiative rendue possible grùce à nos partenaires Engie, Accor, La Fondation RAJA, Aurel Bgc, Veolia et Mastercard.

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