Yaël Braun-Pivet retrouve le perchoir de l’Assemblée nationale après une élection marquée par une alliance entre la droite et la macronie. Cette réélection, survenue onze jours après les législatives, met en lumière les difficultés rencontrées par la gauche au Palais Bourbon et pourrait préfigurer une coalition gouvernementale.
Une réélection sous le signe de l’alliance Droite-Macronie
La journée “historique” a vu plus de 500 journalistes affluer au Palais Bourbon, où Mme Braun-Pivet a été élue au troisième tour avec 220 voix, battant le candidat de la gauche, André Chassaigne, qui a obtenu 207 voix. Sébastien Chenu, représentant de l’extrême droite, a rassemblé 141 voix.
La “légalité du scrutin” a été immédiatement contestée par LFI, avec Hadrien Clouet pointant un nombre de votes de ministres démissionnaires supérieur à l’écart de voix. Arrivée troisième au premier tour, la députée des Yvelines a bénéficié du soutien de la candidate Horizons Naïma Moutchou et surtout de l’appui de La Droite républicaine, qui a retiré son candidat Philippe Juvin.
Entre les deuxième et troisième tours, la gauche a retenu son souffle, espérant un basculement après le désistement du candidat de Liot Charles de Courson. Un espoir vain.
La victoire de Mme Braun-Pivet est un coup inespéré pour le camp présidentiel, qui était arrivé deuxième au soir du second tour des législatives. Ce succès a été possible grâce au concours d’une droite affaiblie après la décision solitaire de son président Eric Ciotti de s’allier avec le Rassemblement national.
Une alliance contestée et des perspectives de coalition
Des rumeurs circulaient depuis plusieurs jours sur un accord entre la droite et la macronie.
Selon des sources, La Droite républicaine aurait négocié plusieurs postes clés à l’Assemblée en échange de son ralliement: une vice-présidence pour Annie Genevard, la présidence de la commission des finances pour Véronique Louwagie, et un des trois postes de la questure.
Vincent Jeanbrun, porte-parole du groupe de La Droite Républicaine, justifie cette alliance en affirmant vouloir empêcher LFI de “bordéliser” l’Assemblée nationale. Cependant, la gauche voit cette alliance comme un “coup de force antidémocratique”, selon Mathilde Panot de LFI. Cyrielle Chatelain, cheffe des députés écologistes, critique également cette réélection, la qualifiant de “statu quo” irresponsable.
Malgré les contestations, le Nouveau Front Populaire (NFP) se trouve confronté à une stratégie “tout sauf la gauche”, comme le souligne une source macroniste. Guillaume Kasbarian, ministre du Logement, exprime l’absence d’intérêt pour la macronie de permettre à Chassaigne de prendre le perchoir, affirmant que la gauche n’a pas la capacité de gouverner.
Vers une coalition Droite-Macronie qui se précise?
L’accord entre la droite et la macronie pose la question de la formation d’une future coalition gouvernementale. Bien que la droite récuse cette hypothèse, Vincent Jeanbrun affirme vouloir “faire gagner (ses) idées” via un “pacte législatif” proposé à la macronie.
Pour certains, comme un proche de Laurent Wauquiez, l’obtention de postes de responsabilité sans participation à l’exécutif est une victoire stratégique. Pendant ce temps, la gauche, embourbée dans des discussions pour s’accorder sur un candidat commun pour Matignon, voit s’éloigner la perspective d’accéder au pouvoir.
Olivier Faure a appelé les troupes de l’alliance de gauche à organiser un vote entre Huguette Bello et Laurence Tubiana pour déterminer une future Première ministre. La route vers le pouvoir semble semée d’embûches pour la gauche.
Des jours décisifs à venir
Les discussions continuent pour attribuer les autres postes clés de l’Assemblée, notamment les membres du bureau et les présidents de commission. Le NFP plaide pour priver l’extrême droite de ces fonctions, mais le groupe de Marine Le Pen, qui disposait jusqu’ici de deux vice-présidences, dénonce déjà un déni de démocratie.
En résumé, la réélection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée, grâce à une alliance stratégique entre la droite et la macronie, marque un tournant important et ouvre la voie à de nouvelles dynamiques politiques au Palais Bourbon.
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