VIDEO – Sandrine Josso exhorte le gouvernement à “prendre à bras le corps” le problème de la soumission chimique et mieux considérer les victimes de ce phénomène souvent méconnu. Elle-même confrontée à ce fléau, la députée avait porté plainte contre le sénateur Joël Guerriau pour l’avoir droguée à son insu en vue d’une agression sexuelle. Lors de son retour à l’assemblée nationale, elle souligne l’ampleur du problème et appelle à une mobilisation générale de la société.
Un fléau qui arrive “du berceau à l’Ehpad”
“Ce fait de société est un fléau qui fait des milliers de victimes”, déclare l’élue de Loire-Atlantique à l’Assemblée nationale, qui a porté plainte en novembre contre le sénateur Joël Guerriau qu’elle accuse de l’avoir droguée en vue de l’agresser sexuellement. “Du berceau à l’Ehpad, du bureau à la maison, de la boîte de nuit à la soirée entre amis : tout se trouve dans votre armoire à pharmacie”, ajoute-t-elle, et s’indigne que ce sujet ne soit pas “pris à bras-le-corps”.
💬 "Ce fait de société est un fléau qui fait des milliers de victimes", déclare la députée MoDem Sandrine Josso, appelant le gouvernement à agir contre la soumission chimique.
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— The Women’s Voices (@TheWomensVoice1) January 17, 2024
Au micro de Cynthia Illouz, fondatrice de The Women’s Voices, la députée avait assuré souhaiter “en tant que parlementaire, travailler sur cela. Je vais suivre tous ces sujets-là et comptez bien sur moi pour le faire. Je me sens en capacité et aussi légitime pour faire ça. Il y aura moi, avec toutes les personnes qui souhaitent travailler sur le sujet et améliorer la prise en considération de ce problème de santé publique.”
Sandrine Josso, de retour à l’Assemblée nationale déterminée à “mettre les moyens”
L’élue, dont le retour dans l’hémicycle a été salué par de nombreux applaudissements, exhorte l’exécutif à “mettre les moyens” pour “mieux cerner ce phénomène et trouver enfin le moyen de sortir toutes les victimes de l’oubli”. Estimant que cette question méritait “une mobilisation de la société toute entière”, la ministre déléguée chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes Aurore Bergé a reconnu qu’il fallait “aller plus loin (…) pour mieux accompagner les victimes”.
L’objectif de la députée, “faire en sorte d’avoir le moins possible de personnes qui subissent la soumission chimique”. Par ailleurs, “si elles le vivent, qu’elles puissent être aidées par leur entourage. Qu’elles puissent aller en toute confiance déposer plainte et qu’elles puissent aussi aller dans un laboratoire pour faire une prise de sang le plus rapidement possible et qu’on les prennent vraiment au sérieux”, ajoute-t-elle durant notre interview.
La soumission chimique provoque des “dégâts psychologiques”
“Les dégâts qui existent, psychologiques notamment, peuvent perdurer des semaines, des mois, voire des années après, au travers de l’amnésie traumatique”, souligne-t-elle. La soumission chimique consiste en l’administration à des fins criminelles de substances psychoactives à l’insu de la victime ou sous la menace, pour commettre un crime ou un délit.
Sandrine Josso se joint à Caroline Darian pour lutter contre le fléau
“Mon équipe a recueilli un message de Caroline Darian”, autrice de l’ouvrage “Et j’ai cessé de t’appeler papa : quand la soumission chimique frappe une famille”. “Je ne connaissais pas son histoire. Je m’y suis intéressée et c’est une histoire épouvantable. C’est l’histoire d’un prédateur sexuel (le père de Caroline Darian) qui a fait en sorte que des hommes violent son épouse. Cette épouse était soumise chimiquement et le nombre d’hommes qui a violé son épouse est invraisemblable” explique la députée.
“C’est absolument écœurant et épouvantable mais malheureusement c’est la réalité. Et ça c’est un cas qu’on mentionne parce qu’il est public” poursuit Sandrine Josso. En 2023, une campagne inédite de sensibilisation a été lancée par Caroline Darian, à la tête du collectif “M’endors pas”. Cette campagne a permis de braquer les projecteurs sur ce phénomène mais le nombre de cas reste difficilement quantifiable.
Des chiffres encore flous
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), en se basant principalement sur les plaintes, recense chaque année depuis 2003 les molécules utilisées par les agresseurs et leur mode opératoire. Selon la dernière enquête, portant sur 2021, 727 “signalements suspects”, 82 “soumissions chimiques vraisemblables” et 354 “soumissions chimiques possibles” ont été recensées cette année-là par le centre d’addictovigilance de Paris, qui coordonne l’enquête.
“Majoritairement, ce sont des femmes qui portent plainte. Aujourd’hui, entre les femmes qui ont peur de porter plainte, entre celles qui portent plainte et celles qu’on dissuade de porter plainte… il y a une marge”, précise Sandrine Josso.
En France, les agressions sexuelles sont toujours les signalements les plus mentionnés (75,5%), suivies par des violences physiques (6,3%) et des vols (5,1%). Mais ces cas recensés ne représentent probablement qu’une partie de la réalité. Le dépôt de plainte, toujours difficile en matière d’agression sexuelle, l’est encore plus quand la victime souffre d’amnésie.
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