Trois fillettes ont été trouvées mortes à Alfortville (Val-de-Marne). Le père a été déféré mardi au tribunal judiciaire de Créteil en vue de l’ouverture d’une information judiciaire pour assassinats, a annoncé le procureur de la République Stéphane Hardouin. Le suspect de 41 ans, déjà condamné pour des violences familiales, avait été placé en garde à vue dimanche après s’être présenté aux forces de l’ordre pour avouer le meurtre de ses trois filles, âgées de 4 à 11 ans.
Des somnifères pour tuer ses filles endormies
Le ministère public a requis son placement en détention provisoire. Lors de sa garde à vue, le père de famille a reconnu les faits, invoquant notamment un conflit avec son ex-conjointe au sujet de la garde de ses enfants, a précisé le parquet.
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— The Women’s Voices (@TheWomensVoice1) December 6, 2023
Après avoir récupéré ses filles à Marolles-en-Brie samedi vers 15h00 et passé l’après-midi avec elles, le mis en cause « échangeait dans la soirée des courriels conflictuels avec la mère et prenait à ce moment la décision de mettre fin aux jours de ses filles », a indiqué M. Hardouin. « Pour ce faire, il administrait à leur insu des somnifères dans leurs boissons et avait attendu qu’elles dorment pour leur donner la mort », a poursuivi le procureur de la République.
L’homme s’est ensuite rendu en voiture au viaduc de Bures-sur-Yvette (Essonne), où il a songé à se suicider, avant de revenir à son domicile pour prendre des affaires, puis de se rendre à Dieppe (Seine-Maritime), une destination choisie selon lui au hasard, a détaillé le parquet. C’est dans cette commune, à plus de 200 kilomètres d’Alfortville, qu’il s’est présenté de lui-même au commissariat de police et s’est déclaré coupable des homicides.
Soupçon de meurtre avec préméditation
Le parquet a précisé que les éléments recueillis lors de la garde à vue étaient susceptibles de caractériser une préméditation. Lors de la perquisition au domicile du père, un couteau de cuisine ainsi que des boîtes de somnifères ont été trouvés, a indiqué M. Hardouin. Les autopsies ont confirmé des plaies « compatibles avec l’action d’un couteau » sur le corps des deux aînées. La plus jeune sœur présente, elle, « une congestion compatible avec un mécanisme de suffocation ».
Un homme déjà condamné pour des faits de violences
L’examen psychiatrique du père n’a pas permis de révéler « l’existence d’une maladie psychiatrique en phase aiguë », a ajouté le parquet. Le mis en cause avait été condamné en avril 2021 pour plusieurs violences conjugales envers la mère de ses enfants et pour des violences sur sa cadette. Condamné à 18 mois d’emprisonnement, dont 12 avec sursis, il avait exécuté sa peine et n’était plus suivi. Une garde alternée avait été mise en place « à la demande de la famille », avait indiqué le parquet lundi.
Lors de la séance publique du Sénat le 29 novembre, la sénatrice Laurence Rossignol a rappelé les failles dans le traitement des affaires de violences conjugales. « Les parents étaient en instance de divorce. Ils avaient organisé une garde alternée. La mère est allée deux fois au commissariat signaler des problèmes lors de la remise des enfants au père. Je voudrais savoir, Madame la Première ministre, quelles conclusions vous tirez de ce drame sur l’efficacité de nos politiques de lutte contre la violence, contre les enfants et les femmes ? »
118 féminicides sur l’année 2022
Le ministère de l’Intérieur, recense 118 féminicides sur l’année 2022. Cette même année, 244 300 victimes de violences conjugales, en grande majorité des femmes, sont recensées par les forces de l’ordre. Le ministère de l’Intérieur a annoncé une hausse de 15% en un an. De manière globale, les victimes des violences rapportées sont des femmes à 86% et les mis en cause des hommes à 87%. Environ 30% des violences signalées auprès des forces de l’ordre sont d’ordre verbal ou psychologique, ce qui comprend le harcèlement moral, les menaces, les atteintes à la vie privée ou les injures et diffamations, et environ 5% d’ordre sexuel, dont les viols conjugaux.
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