Elle devient l’une des femmes les plus puissantes du Royaume-Uni, après la victoire du Labour aux législatives britanniques. Pourtant, rien ne prédestinait Angela Rayner à devenir numéro deux du gouvernement : elle quitte l’école adolescente, sans diplôme.
Elle quitte l’école sans diplôme et devient mère célibataire à 16 ans
Angela Rayner est nommée vice-Première ministre ainsi que ministre du Logement et du Rééquilibrage territorial. Dans un pays où la classe dirigeante britannique est massivement passée par les universités d’Oxford et de Cambridge, cette femme de 44 ans détonne.
Elle grandi à Stockport, dans le nord de l’Angleterre, dans un logement social. Très jeune, elle s’occupe de sa mère bipolaire, illettrée et qui ne travaillait pas. Son père était le plus souvent absent. Dans son enfance, le bain chaud c’était seulement le dimanche, chez sa grand-mère. Et pour avoir des repas complets, elle faisait en sorte de se faire inviter chez des amis.
“Angie”, comme beaucoup l’appellent, quitte l’école sans diplôme et se retrouve mère célibataire à 16 ans. Quelques années plus tard, elle a eu un autre enfant, un très grand prématuré, qui est presque aveugle.
“J’ai un doctorat en vie réelle”
“J’ai un doctorat en vie réelle”, résume-t-elle. “Ces défis ne m’ont pas cassée. Je sais quelles sont mes forces”.
Angela Rayner est reconnaissable entre mille, avec ses longs cheveux roux et sa frange, devenus sa marque de fabrique, ainsi que son accent populaire du nord de l’Angleterre. Il y a aussi sa démarche, décidée, comme si rien ne pouvait l’arrêter.
Depuis 2020, elle occupe la deuxième place dans la direction du parti travailliste. La victoire du Labour aux élections législatives la propulse numéro deux du gouvernement dirigé par Keir Starmer, par rapport auquel elle se situe bien plus à gauche.
8000 kilomètres parcourus à travers le Royaume-Uni
Durant la campagne, elle dit avoir parcouru plus de 8.000 kilomètres à travers le Royaume-Uni à bord du car rouge du Labour. “Vous allez adorer ! Il y a un réfrigérateur”, lance-t-elle dans les premiers jours. “Tournons la page (des conservateurs, ndlr) et reconstruisons la Grande-Bretagne”, martèle Angela Rayner aux quatre coins du pays.
“Réparer des voitures”, La politique, pourtant, elle n’en avait jamais rêvé. “Mon seul rêve quand j’étais ado était d’apprendre à conduire légalement”, raconte-t-elle au podcast The Rest is Politics. Avant d’ajouter : “Je sais réparer les voitures, vous savez”.
Après avoir abandonné l’école, elle travaille dans le social. C’est là qu’elle découvre le syndicalisme, puis la politique.
Une ascension fulgurante grâce à son franc-parler
En 2015, elle est élue députée dans la circonscription d’Ashton-under-Lyne, à proximité de Manchester. Sur les bancs du Labour, elle connaît, avec son franc-parler, une ascension fulgurante, d’abord sous Jeremy Corbyn, le chef, très à gauche, du parti jusqu’en 2020, puis sous Keir Starmer.
Elle sait qu’elle tranche avec ce dernier, un ancien avocat souvent jugé peu charismatique. “Nous nous complétons en quelque sorte”, dit-elle au Guardian. “Il adoucit mes côtés rugueux. Je le fais sortir de sa coquille”.
Pour ce journal de gauche, Angela Rayner “est brusque, revêche et terrifie les conservateurs”. “Ils ne savent pas comment interagir (avec moi) parce qu’ils ne rencontrent pas souvent des gens comme moi”, estime-t-elle.
Des attaques à caractère misogyne
En 2020, un tabloïd avait écrit que des députés conservateurs comparaient Angela Rayner à Sharon Stone dans le film “Basic instinct”, affirmant qu’elle aimait détourner l’attention du Premier ministre, alors Boris Johnson, en croisant et en décroisant les jambes au moment des questions au chef du gouvernement au Parlement. Ces attaques à caractère misogyne avaient fait scandale.
Récemment, des conservateurs ont fait remonter à la surface le passé d’Angela Rayner, l’accusant d’infraction à la loi électorale à l’occasion de la vente d’un logement en 2015. Mais la police, après “une enquête approfondie”, a décidé de ne pas entamer de poursuites.
Angela Rayner peut donc se pencher sur ses priorités au gouvernement. Elle promet de mettre fin aux “contrats zéro heure” qui ne garantissent aucun minimum d’heures de travail payées, de rétablir le pouvoir des syndicats et de construire 1,5 million de logements dans les cinq ans. Elle veut de nouveaux logements sociaux, qui seraient “jolis, verts” et dans lesquels les gens auraient “envie de vivre”.
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