Rachel Reeves : Première femme ministre des finances en Grande-Bretagne

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L’ancienne économiste de la Banque d’Angleterre, Rachel Reeves, s’apprête à devenir la première femme ministre des Finances au Royaume-Uni après la victoire électorale des travaillistes. Elle représente aujourd’hui le sérieux économique d’un parti qui dit avoir “changé”.

“Des choix difficiles nous attendent”

Jusqu’à présent responsable de l’opposition pour les questions économiques, Rachel Reeves martèle depuis de nombreux mois que le Labour est désormais “le parti naturel des entreprises”. Une concurrence sur les terres de ses rivaux conservateurs.

Elle assure que “le changement ne viendra qu’avec une discipline de fer” sur les finances publiques et après avoir été réélue députée dans le nord de l’Angleterre, elle insiste sur le que sa tâche ne sera “pas facile”: “Il n’y a pas de solution miracle et des choix difficiles nous attendent”.

Première femme ministre des finances 

À 45 ans, Rachel Reeves devient la première femme à occuper le deuxième poste le plus prestigieux du gouvernement britannique. Coupe au carré toujours impeccable, elle occupe cette vénérable fonction qui existe depuis 800 ans.

La nouvelle “chancelière de l’échiquier”, son titre officiel, estime que le Royaume-Uni est aujourd’hui “comme à la fin des années 1970 à un point d’inflexion”. Une manière d’énoncer, sans la citer, une autre “dame de fer”: l’ancienne Première ministre conservatrice Margaret Thatcher, première femme à prendre la tête du gouvernement britannique en 1979.

Mais à l’inverse à Mme Thatcher, qui avait mis en oeuvre une politique massive de privatisations, Mme Reeves défend un rôle plus actif de l’Etat en particulier à travers des investissements dans des secteurs stratégiques, inspirée notamment de la politique du président américain Joe Biden.

“Une chancelière de fer”

Si elle a dû revoir à la baisse un trop coûteux projet de 28 milliards de livres (33 milliards d’euros) de dépenses par an dans les infrastructures vertes, elle assure vouloir améliorer le niveau de vie, la rémunération des travailleurs et “reconstruire les services publics”.

“Lorsqu’elle parle d’être une chancelière de fer”, cela signifie “équilibrer les comptes” et “utiliser (le poids de) l’État, mais de manière responsable”, explique James Wood, professeur d’économie politique à l’Université de Cambridge.

Depuis 2019, année de la défaite du très à gauche Jeremy Corbyn, le parti s’est recentré. Une revanche pour l’économiste. Un temps jugée trop à droite et marginalisée au sein de sa famille politique, elle est revenue sur le devant de la scène grâce à un tandem soudé avec Keir Starmer, qui va devenir Premier ministre.

“Une approche très pragmatique”

Mme Reeves et M. Starmer “ont adopté une approche très pragmatique” qui va “rendre la gauche du parti très mécontente, mais en pensant qu’il vaut mieux gagner une élection”, ajoutent M. Wood. “Il veulent se distancier de l’irresponsabilité budgétaire, ne pas faire de grandes promesses en matière de dépenses qu’ils ne peuvent tenir”.

La posture vise notamment à marquer sa différence avec le gouvernement éphémère de l’ex-Première ministre conservatrice Liz Truss qui avait fait vaciller l’économie avec un budget massif et non financé en 2022.

Issue d’une famille d’enseignants à Londres, la responsable rejoint le parti travailliste à 17 ans, séduite par le mantra “éducation, éducation, éducation”, du chef du Labour de l’époque, Tony Blair, qui allait remporter l’année suivante, en 1997, une victoire écrasante dans les urnes, raconte-t-elle au Telegraph magazine.

Une femme “compétente” et “intelligente”

Si elle décrit le quotidien d’une famille de la classe moyenne où “il n’y avait pas d’argent à gaspiller”, elle fréquente aussi les bancs de l’université d’Oxford qui, avec Cambridge, incarne l’élite britannique.

Un journaliste de la BBC la qualifie de “ronflement ennuyeux” en 2013, mais son image est toute autre aujourd’hui : vue avant tout comme “compétente” et “intelligente” par les Britanniques, d’après une étude relayée en février par Politico.

Amatrice de karaoké et d’échecs

Passée au cours de sa carrière par la Halifax-Bank of Scotland au moment où celle-ci a été sauvée de la faillite par sa rivale Lloyds pendant la crise financière, elle siège depuis 2010 à Westminster aux côtés de sa soeur cadette, Ellie Reeves, elle aussi députée du Labour.

Mariée à un haut-fonctionnaire qui fut une plume de l’ex-Premier ministre Gordon Brown, elle a avec lui deux enfants. Rachel Reeves est aussi une amatrice de karaoké et d’échecs. Elle remporte un prix féminin des moins de 14 ans et a un jour joué et perdu contre la légende russe Garry Kasparov.

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