Roberta Metsola, conservatrice maltaise de 45 ans, a été réélue à la tête du Parlement européen avec une majorité écrasante lors de la première session plénière suivant les élections de juin à Strasbourg. Issue du Parti Populaire Européen (PPE), la plus grande force politique du Parlement, la Présidente sortante a obtenu 562 voix contre 61 pour son unique adversaire, l’Espagnole Irene Montero de la gauche radicale.
Une présidence marquée par l’engagement et les réformes
Réélue pour un nouveau mandat de deux ans et demi, Roberta Metsola a affirmé la nécessité de renforcer le Parlement européen pour maintenir la pression sur la Commission européenne, améliorer les pouvoirs de contrôle et d’enquête, et corriger les déséquilibres institutionnels. “Il faut un Parlement fort dans une Union forte,” a-t-elle déclaré. Metsola a souligné l’importance de raviver l’enthousiasme et la croyance dans le projet européen, en particulier en renforçant le pilier social de l’Union Européenne.
Elle a également salué en français le siège de l’institution à Strasbourg, le qualifiant de “symbole vivant de la réconciliation” au sein de l’Europe. Metsola a conclu son discours en affirmant que “l’Europe reste la réponse” et en proclamant “Vive l’Europe!”.
Portée à la présidence début 2022 grâce à un accord entre le PPE, les socialistes (S&D) et les libéraux (Renew), Metsola était alors la plus jeune personne à prendre la tête de l’assemblée et seulement la troisième femme à occuper ce poste, après les Françaises Simone Veil et Nicole Fontaine.
Challenges persistants et réalisations
Roberta Metsola s’est distinguée par son soutien actif à l’Ukraine. Elle a été la première responsable d’une institution de l’UE à se rendre à Kiev après le début de l’offensive russe. Sous sa direction, le Parlement européen a adopté des législations environnementales du Pacte vert, des régulations imposées aux géants du numérique, et les textes du Pacte migratoire de l’UE.
Son mandat n’a cependant pas été exempt de tout défi. Le scandale du Qatargate, impliquant des soupçons de corruption par le Qatar et le Maroc, a éclaté en décembre 2022. Eva Kaili, alors vice-présidente et eurodéputée socialiste grecque, a été arrêtée et déchue de ses fonctions. Roberta Metsola a promis des “réformes d’ampleur” pour restaurer la crédibilité de l’institution, via de meilleurs contrôles et des registres de transparence. “Nous nous engageons à favoriser un environnement de travail où tous les employés sont traités avec dignité et respect,” avait précisé Roberta Metsola.
Le parcours de Metsola est indissociable de l’histoire de Malte. En tant qu’étudiante, elle avait adhéré au parti nationaliste de Malte et avait fait campagne pour l’adhésion de son pays à l’UE en 2003. Docteure en droit, formée au Collège d’Europe à Bruges, elle a travaillé pour la représentation permanente de Malte auprès de l’UE avant de devenir eurodéputée en 2013.
Positions controversées sur l’IVG
Roberta Metsola, opposée à l’avortement, avait voté contre des résolutions condamnant l’interdiction de l’IVG en Pologne ou au Texas en 2021. Cependant, lors de son accession à la présidence, elle s’est engagée à défendre les positions officielles de l’institution. “Je m’engage à aller plus loin pour garantir et défendre les droits des femmes et contrer les violences faites aux femmes,” avait-elle déclaré, réaffirmant ces priorités lors de son discours de réélection.
Cette prise de position a été cruciale pour maintenir l’unité et la crédibilité du Parlement européen, démontrant son engagement à respecter les valeurs et les positions collectives de l’institution malgré ses convictions personnelles.
Son réengagement en tant que présidente symbolise non seulement une victoire personnelle, mais aussi une avancée pour la représentation des femmes dans les hautes fonctions politiques de l’Union Européenne. “L’Europe reste la réponse. Vive l’Europe!” a-t-elle proclamé.
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