NFP écarté de Matignon : Yaël Braun-Pivet explique le risque de déstabilisation institutionnelle

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Yaël Braun-Pivet, présidente Renaissance de l’Assemblée nationale, représentait le pouvoir législatif, aux côtés de Gérard Larcher, président LR du Sénat, lors de la Rencontre des Entrepreneurs de France (REF), où elle détaille le risque de déstabilisation institutionnelle suite au communiqué d’Emmanuel Macron, annonçant qu’aucun candidat NFP (Nouveau Front Populaire) ne sera nommé Premier.e ministre.

Sept semaines sans Premier Ministre 

A l’issue d’une première vague d’entretiens organisés à l’Elysée avec les chefs de parti, sept semaines après les élections législatives qui ont plongé le pays dans l’impasse politique, le Premier ministre ou la Première ministre n’est toujours pas désigné(e).

Malgré la pression du NFP, qui a le plus grand nombre de députés, mais reste loin de détenir une majorité, Emmanuel Macron a opposé une fin de non recevoir à Lucie Castets, la haute fonctionnaire choisie par l’alliance de gauche pour Matignon.

“Un gouvernement sur la base du seul programme et des seuls partis” qui la composent “serait immédiatement censuré par l’ensemble des autres groupes représentés à l’Assemblée nationale”, et “la stabilité institutionnelle de notre pays impose donc de ne pas retenir cette option”, déclare l’Elysée dans un communiqué, ainsi que Yaël Braun-Pivet.

Exercer un “pouvoir positif”

Outre l’inquiétude du pouvoir législatif sur l’état des finances publiques. Gérard Larcher a redit l’importance du rôle des partenaires sociaux. Le président du Medef Patrick Martin a souhaité, devant la Rencontre des Entrepreneurs de France (REF), que la première organisation patronale exerce “un pouvoir positif” au moment où le pays est dans une situation politique confuse.

La sixième Rencontre des entrepreneurs de France, à l’hippodrome de Longchamp à Paris, a cette année pour thème “Pouvoir”, décliné sous toutes ses formes.

Le pouvoir exécutif manque à l’appel cette année à la tribune et dans les allées, faute de gouvernement en place pour honorer le rendez-vous annuel du patronat. Dans “le panorama inédit, fracturé, inquiétant” du pays, “il est heureux à bien des égards que notre Parlement retrouve un rôle central”, estime Patrick Martin.

Le Medef veut “étendre son influence”

Questionné en début de soirée sur le communiqué de l’Elysée qui écarte un gouvernement NFP, dont les propositions comme le SMIC à 1.600 euros ou l’annulation de la réforme des retraites hérissent le patronat. Patrick Martin se veut prudent : “ce qui nous inquiète, ce n’est pas la personne, la composition du gouvernement, mais le programme”, estime-t-il.

Plus tôt dans son discours, Patrick Martin appelle à “réaffirmer la responsabilité et l’autonomie des partenaires sociaux” et propose notamment de reprendre la négociation “inaboutie” sur l’emploi des seniors.

“La démocratie sociale est une composante essentielle de la cohésion et de la performance de notre pays, a fortiori quand la démocratie politique se cherche”, lance-t-il. Il annonce que le Medef avait bien l’intention “d’étendre son influence” pour peser davantage dans le débat public et défendre des politiques favorables aux entreprises. 

Le Nouveau Front Populaire écarté du pouvoir

Fabien Roussel a pris connaissance du communiqué de l’Elysée qui écarte formellement de nommer un gouvernement du Nouveau Front populaire, et appelle immédiatement à “une grande mobilisation populaire” contre la décision du chef de l’Etat.

Toujours pas de fumée blanche pour Matignon mais la gauche fulmine et crie au “coup de force”: Emmanuel Macron a exclu formellement lundi de nommer un gouvernement du Nouveau Front populaire, en invoquant la “stabilité institutionnelle”, et a annoncé de nouvelles consultations dès mardi.

Le président a créé “une situation d’une exceptionnelle gravité”, ajoute le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon sur X, et appelle à une “réplique populaire et politique rapide et ferme”. Le dirigeant des communistes Fabien Roussel a aussi prôné une “grande mobilisation populaire” face au choix du chef de l’Etat, qualifié de “honte” par la patronne des écologistes Marine Tondelier.

“Ça ne change strictement rien”

L’absence de ministre insoumis, “ça ne change strictement rien”, tranche la cheffe des députés RN Marine Le Pen, en sortant à la mi-journée dans les jardins de l’Elysée. Devant la presse, elle a même réclamé l’ouverture d’une session extraordinaire du Parlement en septembre pour “que l’Assemblée nationale puisse être en situation d’opérer une censure si c’est nécessaire”.

Quant à Laurent Wauquiez, patron des députés de la Droite républicaine, il réaffirme sa volonté de “faire barrage” à LFI, de son point de vue “sans doute le plus grand danger politique pour notre pays”.

Face aux désaccords entre partis, Emmanuel Macron a voulu se poser en arbitre. “Ma responsabilité est que le pays ne soit ni bloqué, ni affaibli”, a-t-il plaidé dans le communiqué publié lundi soir à l’issue d’une deuxième journée de rendez-vous. Il a donc appelé les responsables politiques à faire “preuve d’esprit de responsabilité”.

Des consultations sans le NFP, ni le RN

Faute d’alternative viable, le chef de l’Etat lance “un nouveau cycle de consultations” pour trouver un Premier ministre, avec les responsables des partis et “des personnalités se distinguant par l’expérience du service de l’État et de la République”, annonce la présidence, sans fournir de précisions sur ces interlocuteurs ni sur le programme.

Un proche d’Emmanuel Macron précise toutefois que LFI, le RN et le groupe parlementaire d’Eric Ciotti n’étaient pas conviés à cette deuxième série d’entretiens.

De toutes manières, les membres du NFP ont déjà prévenu qu’il était hors de question de s’y rendre, dès lors qu’il ne s’agit pas de discuter de la mise en place d’un gouvernement Castets.

Urgence démocratique et budgétaire

Le calendrier est serré: Emmanuel Macron, qui a plusieurs rendez-vous diplomatiques cette semaine, participe demain à la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques avant de s’envoler pour une visite en Serbie jeudi et vendredi. 

Mais sa décision devient urgente : Gabriel Attal gère les affaires courantes à Matignon depuis déjà 41 jours après sa démission du gouvernement, du jamais-vu depuis l’après-guerre. Et qu’un budget doit être présenté théoriquement avant le 1er septembre.

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