Namibie : Netumbo Nandi-Ndaitwah première femme élue présidente

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La rédaction

La Namibie, pays d’Afrique australe, a élu pour la première fois une femme à sa présidence. Netumbo Nandi-Ndaitwah, 72 ans, membre du parti au pouvoir Swapo, incarne une page inédite de l’histoire politique du pays. Cependant, cette victoire, marquée par des promesses ambitieuses et des élections controversées, laisse entrevoir des défis colossaux comme le taux de chômage explosif.

Une victoire historique dès le premier tour

Netumbo Nandi-Ndaitwah a été élue présidente de la Namibie avec 57,31 % des voix dès le premier tour, selon l’annonce de la commission électorale mardi soir. À 72 ans, la figure emblématique de la lutte pour l’indépendance devient la première femme à diriger ce pays de trois millions d’habitants. Portée par la Swapo (Organisation du peuple du Sud-Ouest africain), parti au pouvoir depuis l’indépendance en 1990, celle que l’on surnomme “NNN” s’est démarquée par une campagne faisant rimer vieillesse et sagesse.

« Merci pour votre confiance », a sobrement déclaré Mme Nandi-Ndaitwah en robe longue de soie orangée, lunettes fines et chapeau assorti, promettant de tenir les engagements pris auprès de ses électeurs. Parmi ses priorités figure la création de 250 000 emplois en cinq ans, une promesse ambitieuse dans un pays où le chômage des jeunes dépasse les 46 %. « Le monde de l’entreprise ne peut prospérer que si la politique est stable », a-t-elle martelé.

Une militante aguerrie et aux positions parfois conservatrices

Fille de pasteur anglican et militante de longue date, Netumbo Nandi-Ndaitwah a forgé son expérience politique dans l’exil, notamment en Russie où elle a été formée par le Komsomol, organisation de jeunesse du parti communiste soviétique. Ancienne vice-présidente et ministre des Affaires étrangères, elle est connue pour ses positions conservatrices, notamment en faveur d’une législation stricte sur l’avortement.

Si son élection marque une avancée symbolique pour les femmes en politique, son programme ne fait pas l’unanimité auprès de la jeunesse namibienne. « L’abondante activité minière ne se traduit pas vraiment par une amélioration des infrastructures, ni par des opportunités d’emploi », observe l’analyste indépendante Marisa Lourenço, soulignant que la frustration des jeunes reste un défi majeur.

Un scrutin entaché de « multiples irrégularités »

Les élections présidentielle et législatives, tenues le 27 novembre, ont été prolongées à deux reprises en raison de problèmes logistiques. Une pénurie de bulletins de vote et des dysfonctionnements techniques, comme la surchauffe des tablettes électroniques servant à vérifier les identités, ont entraîné de longues files d’attente. Certains électeurs ont renoncé à voter après avoir patienté jusqu’à 12 heures.

Le principal opposant, Panduleni Itula, du parti des Patriotes indépendants pour le changement (IPC), a dénoncé des « élections chaotiques » marquées, selon lui, par « multiples irrégularités ». Avec seulement 25,50 % des voix, il a annoncé son intention de contester les résultats. « Nous ne pouvons qualifier ces élections de libres, équitables et légitimes », a-t-il affirmé.

Des missions d’observation, notamment celles de l’Union africaine (UA) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), ont également relevé des anomalies. Malgré ces controverses, la participation a été élevée, atteignant 76 % des inscrits.

La Swapo perd des sièges mais domine toujours

La Swapo, autrefois mouvement de libération d’inspiration marxiste, a également remporté les élections législatives, obtenant 51 sièges sur 96. Cependant, ce score est en baisse par rapport aux 63 sièges précédents, témoignant de l’érosion de sa popularité. Le chômage massif, notamment chez les jeunes, et les inégalités persistantes minent la confiance des citoyens dans le parti historique.

La Namibie demeure, après l’Afrique du Sud, le deuxième pays le plus inégalitaire de la planète, selon la Banque mondiale. Malgré une économie largement fondée sur l’exploitation de ses ressources minières, notamment l’uranium, ces richesses ne se traduisent pas en progrès significatifs pour la population. Cette réalité contraste avec les promesses de la nouvelle présidente, qui devra concilier attentes sociales et attractivité économique.

L’élection de Netumbo Nandi-Ndaitwah à la tête de la Namibie marque une avancée historique dans un pays où les femmes restent sous-représentées en politique. Cependant, cette victoire est teintée de défis majeurs. Restaurer la confiance dans la Swapo, répondre à la précarité des jeunes et relever les enjeux logistiques des scrutins futurs sont autant de priorités qui attendent la nouvelle présidente.

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