L’Assemblée nationale française connaît une baisse de la représentation féminine. Actuellement, sur les 577 députés fraichement élué, seulement 208 sont des femmes, soit 36% de l’hémicycle. Ce chiffre est en recul par rapport aux deux précédentes législatures : 224 femmes avaient été élues en 2017 et 215 en 2022. Comparativement, le Sénat est désormais légèrement plus féminisé, avec 36,8% de femmes (128 sur 348 sénateurs). Cette régression souligne un problème persistant dans la politique française, où la parité reste un objectif difficile à atteindre et apparait comme fragile lors de crises politiques, comme celle traversée actuellement.
Une évolution lente et contrastée
En 2022, les femmes représentaient 37,26% des députés, avec 215 femmes siégeant contre 362 hommes. Ce chiffre était en hausse par rapport à 2017, où les élections législatives avaient permis à 39% de femmes d’entrer à l’Assemblée nationale, marquant un bond significatif de 12 points par rapport à 2012. Il faut aussi rappeler qu’en 2002, les femmes ne constituaient que 12% des députés. Cette progression notable entre 2002 et 2017 montre les effets positifs des mesures visant à renforcer la parité, mais la baisse actuelle de la représentation féminine met en lumière la fragilité de ces gains.
La France, bien que retardataire sur la question de la parité politique, avait réussi à améliorer sa position au 33e rang sur 185 pays selon un recensement réalisé par l’Union Interparlementaire. L’analyse détaillée révèle des disparités importantes entre les partis politiques. Parmi les meilleurs élèves lors des élections législatives de 2022, “Nupes” compte 43,6% de femmes parmi ses élus, tandis que le camp présidentiel “Ensemble” atteint 40,4%. En revanche, le Rassemblement national (RN) se situe à 37,1%, et le groupe Les Républicains (LR) affiche le plus faible taux de femmes élues, avec seulement 18%, soit 29,5%.
Les mesures qui ont fait bouger les lignes
La progression de la parité en France n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat de plusieurs mesures législatives et initiatives politiques. Lors des élections présidentielles de 1995, Jacques Chirac avait promis la création d’un observatoire de la parité, une initiative qui a marqué le début d’une série de réformes. Roselyne Bachelot et Gisèle Halimi ont rédigé un rapport proposant des mesures législatives volontaristes visant à instaurer les principes de quota ou de parité.
La loi du 6 juin 2000 a été une étape cruciale, obligeant les partis politiques à présenter un nombre égal de femmes et d’hommes sur les listes électorales. Cette législation prévoyait également une pénalité financière pour les partis ne respectant pas la parité lors des investitures des élections législatives. Grâce à cette loi, la proportion de femmes députées est passée de 10,9% en 1997 à 38,8% en 2017, démontrant l’efficacité des quotas dans l’amélioration de la représentation féminine.
En plus de la loi de 2000, un système de malus a été mis en place pour pénaliser financièrement les partis ne respectant pas la parité à 2% près. En 2021, La France Insoumise a ainsi été pénalisée de 252 000 euros et Les Républicains de 1,78 million d’euros pour non-respect de la parité. Ces mesures coercitives ont eu un impact significatif en incitant les partis à se conformer aux exigences de parité.
Pour rappel, le droit de vote et d’éligibilité des femmes en France n’a été accordé que le 21 avril 1944, après des siècles de lutte pour l’égalité des droits. Cette ordonnance, signée par le Général de Gaulle après la Libération, reconnaissait le rôle crucial des femmes dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale.
La parité à l’Assemblée nationale française a connu des avancées importantes grâce à des mesures législatives ciblées, mais la récente baisse de la représentation féminine rappelle la fragilité des progrès réalisés, notamment lors des crises.