Quatre ans jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty, l’une de ses soeurs Mickaëlle, publie “Le cours de monsieur Paty“. Un ouvrage destiné à “lui rendre sa dignité d’homme et de professeur”, mais aussi à dénoncer l’absence de mobilisation politique forte dans la lutte contre l’islamisme terroriste.
“Ni réveil, ni sursaut”
Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie au collège du Bois-d’Aulne, est cruellement assassiné et décapité le 16 octobre 2020. Le jeune meurtrier de 18 ans, islamiste radicalisé, reproche au professeur d’avoir montré une caricature de Mahomet en classe. Trois années, plus tard, l’histoire se répète. Cette fois, au lycée Gambetta à Arras, c’est un professeur de lettres modernes qui est tué, Dominique Bernard. Lui aussi est victime d’un attentat terroriste.
Les commémorations et minutes de silence se succèdent mais ce n’est pas assez. Dans cet ouvrage, Maickaëlle Paty dénonce un manque de réaction, un manque de conscience face à la problématique. “Quatre ans après l’assassinat de mon frère, une grande colère m’habite. Celle d’avoir perdu du temps, faute d’avoir été entendue. Il n’y a ni réveil ni sursaut, et nos ennemis gagnent encore du terrain” s’inquiète-t-elle auprès de ses lecteurs. Il est important pour l’autrice et soeur du professeur Paty, de revenir sur les faits qui ont mené à la mort de son frère, quelque jours après le cours qu’il a donné sur la liberté d’expression. Selon elle, son frère décède parce que nous refusons de réagir face à l’offensive islamiste.
Cette colère et indignation sont partagées par Gaëlle Paty, autre soeur du professeur. Elle affiche un combat affirmé contre le terrorisme islamiste. “Il ne faut pas se tromper de cible, c’est le terrorisme islamiste qui a tué mon frère” affirme-t-elle. Ce livre et ces déclarations ne marquent en aucun cas une fin. À partir du 4 novembre prochain, les soeurs du professeur assisteront à le deuxième partie du procès lié à cet assassinat. Dans son livre Mickaëlle confie attendre de ce procès le rétablissement de la vérité sur le cours de son frère. De son côté, sa soeur se dit prête : “Il (le procès) me permet d’arrêter de subir et d’être actrice de quelque chose”.
“L’islamisme prospère sur un vide”
Dans sa publication, l’autrice assume estimer que les mesures n’ont pas été prises après l’assassinat de Samuel Paty. Elle ajoute que face à la montée l’islamisme les enseignants sont en première ligne. “Être prof suffit à vous mettre dans le viseur de ces intégristes”. Un sentiment de nouveau partagé par sa soeur, qui dénonce un détachement de l’État. “J’observe aussi que l’islamisme prospère sur un vide, sur un désengagement de l’État.”
Ce désengagement, Mickaëlle Paty en fait également état dans son livre. Elle accuse les “failles de l’administration, les manquements politiques”. Pour elle, le procès à venir est aussi l’occasion de réaliser la mise à nu de l’islamisme comme projet politique contre lequel il faut se battre. En tout cas, c’est ce qu’elle espère. Elle saisit la justice administrative en juillet dernier. L’État doit selon elle, reconnaître sa part de responsabilité dans l’assassinat du professeur de collège.
“Désormais, l’alibi des caricatures ou du voile ne leur est même plus nécessaire pour attaquer l’école, nous en avons la triste preuve avec Dominique Bernard” écrit-elle. Si l’attaque d’une école est devenue une facilité, c’est à cause d’un manque d’action de la part des responsables politiques. L’autrice appelle à la mise en place d’une réelle politique publique pour la promotion de nos valeurs, et non pas uniquement pour leur défense.
“Nous continuons, professeur, ce combat pour la liberté et pour la raison dont vous devenez le visage” affirme Président de la République s’est exprimé sur X. Le collège de Conflans-Sainte-Honorine (78) doit bientôt prendre le nom du regretté professeur.