Jamais l’écart entre hommes et femmes n’a été aussi prononcé pour une élection américaine. À moins d’une semaine du scrutin, les électrices et électeurs américains semblent plus divisés que jamais. La vice-présidente Kamala Harris peine à gagner la confiance des hommes, tout comme Donald Trump peine à gagner celle des femmes.
Kamala Harris pourrait bien devenir la première femme présidente des États-Unis, qui plus est, noire et sud-asiatique, ce qui ne réjouit pas tous les électeurs masculins, y compris ceux du Parti démocrate. Cette campagne, qui confronte deux candidats que tout oppose, pourrait complètement redéfinir le rôle des femmes dans la société américaine, tant les enjeux sont élevés.
Les hommes pour Trump, les femmes pour Harris
D’après les sondages, 52 % des hommes ont l’intention de voter pour Donald Trump, tandis que 40 % soutiennent Kamala Harris. La tendance s’inverse chez les femmes, 58 % sont prêtes à voter pour la candidate démocrate contre 37 % pour le républicain.
Il n’est pas nouveau que les femmes soutiennent davantage le parti démocrate. Depuis les années 1980, elles ont tendance à voter pour les démocrates plus que les hommes, et cet écart politique n’a fait que s’accentuer au fil du temps. Selon le Center for American Women and Politics, les femmes votent à des taux plus élevés que les hommes lors de chaque élection présidentielle.
Un sondage réalisé par le New York Times et Siena College révèle que le « gender gap » s’est élargi : alors que les femmes maintiennent leur soutien de longue date aux démocrates, de nombreux hommes se tournent vers Donald Trump. Le simple fait que Kamala Harris soit une femme incite certains anciens électeurs de Joe Biden à se tourner vers son concurrent de l’époque.
Kamala Harris perd des votes d’électeurs afro-américain
Le vote afro-américain, qui représente 11 % de l’électorat, est crucial dans cette élection. Depuis sa confrontation avec Joe Biden en 2020, Donald Trump a gagné 6 % de soutien parmi les Afro-Américains, portant leur appui à 15 %. De son côté, Kamala Harris a perdu une partie de cet électorat : 78 % des Afro-Américains lui accordent leur vote, bien que traditionnellement 80 % soutiennent le camp démocrate, et que Joe Biden en comptait 90 % en 2020. Côté femmes, 90 % des Afro-Américaines continuent de soutenir la candidate démocrate. Quant à la communauté hispanique, 37 % préfèrent le candidat républicain, contre 56 % pour Harris.
Les attaques sexistes de Trump et l’enjeu du droit des femmes
Les attaques personnelles de Donald Trump envers les femmes et les nombreuses accusations d’agressions sexuelles à son encontre éloignent l’électorat féminin. Ses moqueries répétées sur le rire ou l’intelligence de sa concurrente n’ont fait que renforcer le choix des électrices démocrates. La virilité et la masculinité occupent un rôle central dans la campagne de Trump, qui n’hésite pas à dénigrer les femmes et à légitimer la misogynie. Cependant, ces attaques sexistes semblent galvaniser le camp de la vice-présidente plus qu’elles ne l’intimident.
« Trump va comprendre la puissance des femmes », a averti le président Joe Biden, faisant référence à la décision de la Cour suprême, façonnée par Trump, qui a annulé le droit constitutionnel à l’avortement.
Une jeunesse encore plus divisée : femmes progressistes, hommes conservateurs
Un écart inédit se dessine entre les jeunes électrices, plus progressistes, et les jeunes électeurs, plus conservateurs. Environ 66 % des femmes âgées de 18 à 39 ans envisagent de voter pour Kamala Harris, selon un sondage ABC/Ipsos du 27 octobre, contre seulement 32 % pour Trump. En revanche, 46 % des hommes du même groupe d’âge prévoient de voter pour la candidate démocrate, tandis que 51 % soutiennent Trump.
Cette tendance s’explique en partie par un virage progressiste plus marqué chez les jeunes femmes que chez leurs homologues masculins. Les jeunes femmes américaines sont devenues nettement plus libérales que les jeunes hommes depuis l’élection de Trump en 2016, selon un sondage Gallup.
Les changements idéologiques de ces jeunes femmes vers la gauche s’expliquent par divers facteurs : le mouvement #MeToo de 2017, qui a mis en lumière la violence sexuelle et le harcèlement, a fortement mobilisé les femmes sur le plan politique, tout comme l’annulation de Roe v. Wade qui a mis fin au droit fédéral à l’avortement. Leur progressisme se reflète également dans leurs positions sur l’environnement, la réglementation des armes et les questions de justice raciale, selon Gallup.