Iran : Deux ans après la mort de Mahsa Amini, la persécution persiste et l’esprit de révolte demeure

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Deux ans après la mort tragique de Mahsa Amini, une jeune femme iranienne de 22 ans arrêtée pour non-respect du code vestimentaire islamique, l’Iran continue de faire face à une répression implacable. Malgré l’espoir qu’avait suscité le mouvement de protestation qui a suivi, marqué par la révolte contre le port obligatoire du voile, le bilan reste sombre. Exécutions, persécutions et impunité sont toujours d’actualité, mais l’esprit de contestation ne s’est pas éteint.

Une répression sanglante et sans répit

Le soulèvement qui a suivi la mort de Mahsa Amini a été mené principalement par des femmes dénonçant le conservatisme religieux et les restrictions sévères du régime iranien. Le prix à payer a été élevé : plus de 551 personnes ont été tuées et des milliers d’autres arrêtées, selon les ONG de défense des droits humains. Alors que les manifestations ont diminué, la répression reste tout aussi brutale. Depuis le début des contestations, l’Iran a exécuté plusieurs personnes, dont Gholamreza Rasaei, pendu en août dernier.

Les organisations de défense des droits humains, telles qu’Amnesty International, dénoncent une augmentation des exécutions, visant à semer la peur parmi les opposants. “D’innombrables personnes en Iran continuent de subir les conséquences de la répression brutale des autorités”, souligne Diana Eltahawy d’Amnesty. En outre, les proches des manifestants tués ou emprisonnés sont eux aussi persécutés. “Les autorités iraniennes brutalisent les gens deux fois : elles exécutent ou tuent un membre de leur famille, puis arrêtent leurs proches pour avoir demandé des comptes”, déplore Nahid Naghshbandi de Human Rights Watch.

L’acharnement contre les femmes et la quête de liberté

Le port obligatoire du hijab, devenu un symbole de la répression, est toujours farouchement imposé par le régime. Les autorités iraniennes intensifient les contrôles, avec des patrouilles accrues dans les espaces publics. Amnesty International note une augmentation des arrestations et des sanctions violentes contre les femmes qui refusent de se conformer aux règles vestimentaires. Le Parlement iranien devrait prochainement voter une loi pour “soutenir la culture de la chasteté et du hijab”, renforçant ainsi les sanctions contre les femmes jugées non conformes.

Des témoignages poignants révèlent l’intensité de cette répression. Arezou Badri, une femme de 31 ans, a été paralysée après avoir été touchée par une balle lors d’un contrôle de police en lien avec le code vestimentaire. Les sanctions violentes, allant des “coups” aux “gifles”, sont couramment infligées, accusent les experts des Nations Unies.

Si le mouvement de contestation a révélé les divisions au sein de l’opposition iranienne, il a également montré l’ampleur du mécontentement populaire. Selon Roya Boroumand, cofondatrice du Centre Abdorrahman Boroumand, “les dirigeants de la République islamique n’ont ni rétabli le statu quo ante ni retrouvé leur légitimité perdue”. Elle ajoute que “de nombreuses jeunes femmes restent contestataires”, continuant à se battre pour leur liberté malgré la répression.

En dépit de l’échec apparent du mouvement de protestation à renverser le régime, l’espoir d’un changement reste vif. “Je continue de croire que l’Iran ne reviendra pas à la situation d’avant 2022”, déclare Arash Azizi, auteur du livre Ce que veulent les Iraniens. Il est convaincu que la République islamique connaîtra des bouleversements fondamentaux dans les années à venir.

 

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