François Bayrou face au scandale de Bétharram

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Mathéa Mierdl

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L’affaire des accusations d’agressions sexuelles au sein du collège-lycée Notre-Dame de Bétharram secoue la politique française. Des témoins et l’opposition de gauche remettent en question les liens de François Bayrou avec cette institution, ainsi que les conséquences de cette proximité.

François Bayrou étroitement lié à l’établissement

Plusieurs enfants du Premier ministre ont été scolarisés dans cet établissement catholique sous contrat, réputé pour sa discipline stricte, comme il l’a rappelé mardi devant l’Assemblée nationale. L’un des fils de François Bayrou était dans la classe d’un élève à l’origine de la première plainte déposée. L’élève en question accuse un surveillant de lui avoir donné une violente claque qui avait percé son tympan en avril 1996. De plus, son épouse, Élisabeth Bayrou, y a enseigné le catéchisme. Ces liens ont conduit François Bayrou à être interrogé sur l’enquête menée par le parquet de Pau depuis un an. Au total, plus d’une centaine de plaintes  dénoncent des faits de violences physiques, d’agressions sexuelles et de viols à Bétharram entre les années 1970 et 1990.

Interrogé par plusieurs médias en mars 2024, François Bayrou déclare n’avoir « jamais entendu parler » des accusations de viols. Il a ajouté que seule l’une de ses filles se souvenait d’une affaire de claques infligées par un surveillant. Le chef du gouvernement affirme aussi ne pas avoir connu le père Carricart, ancien directeur de l’établissement. Ce dernier a été mis en examen et placé en détention provisoire pour viol en mai 1998, avant d’être libéré un mois plus tard. Il rejoint ensuite Rome. Son corps a été retrouvé dans le Tibre deux ans plus tard, en 2000. Devant l’Assemblée nationale, François Bayrou réaffirme qu’il n’avait « jamais été informé de violences ou de violences a fortiori sexuelles« .

Les accusations des témoins et de l’opposition

Des témoins contestent ces affirmations. Françoise Gullung, professeure de mathématiques à Bétharram entre 1994 et 1996, affirme avoir alerté François Bayrou, ministre de l’Éducation à l’époque. « J’en ai parlé de vive voix à François Bayrou pour lui dire qu’il fallait être vigilant parce qu’il se passait des choses anormales », affirme la professeure. Selon elle, il était au courant des actes de violence. De même, le père du garçon victime de la claque en 1996, soutient que François Bayrou savait mais n’a réagi en aucune manière. Le juge chargé de l’enquête sur le viol de 1998 rapporte que François Bayrou l’a contacté alors que le prêtre était en détention. Il aurait exprimé son incrédulité face aux accusations visant le père Carricart, soulignant que son fils était scolarisé à Bétharram. D’autres témoins, dont Alain Esquerre, à l’origine de la dénonciation collective en 2023, affirment que ce prêtre était un proche de la famille Bayrou.

L’opposition, notamment La France Insoumise, qualifie l’affaire de « scandale d’État » et exige une commission d’enquête, accusant le Premier ministre de « mensonges », ce qu’il réfute. Certains estiment que François Bayrou aurait dû signaler ces faits à la justice en vertu de l’article 40 du code de procédure pénale. L’avocat Thierry Sagardoytho rappelle que les châtiments corporels faisaient partie de la « charte éducative de l’établissement » et étaient de notoriété publique. Le porte-parole des victimes, Alain Esquerre, a révélé avoir été contacté la veille par François Bayrou. Il lui reproche de ne s’être exprimé sur les victimes qu’après avoir été mis sous pression par un député mardi à l’Assemblée nationale. « Cet appel arrive quand même bien tard », a-t-il déploré.

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