Lors d’un hommage national à l’avocate féministe Gisèle Halimi, Emmanuel Macron a annoncé mercredi 8 mars sa volonté d’inscrire dans la Constitution la “liberté” de recourir à l’avortement.
“Les avancées issues des débats parlementaires (…) permettront, je le souhaite, d’inscrire dans notre texte fondamental cette liberté dans le cadre du projet de loi portant révision de notre Constitution qui sera préparé dans les prochains mois”, a déclaré le chef de l’Etat au Palais de justice de Paris à l’occasion de la journée internationale des droits de la femme. Le Parlement examine actuellement une proposition de loi constitutionnelle spécifique sur l’IVG, présentée par des parlementaires, qui doit être approuvée dans des termes identiques par l’Assemblée nationale et le Sénat puis être soumise à référendum.
En annonçant un projet de loi gouvernemental, Emmanuel Macron ouvre la voie à une “constitutionnalisation” de l’avortement par un vote du Parlement réuni en Congrès, à la majorité des 3/5e. Le Sénat à majorité de droite a déjà voté en faveur de l’inscription dans la Constitution de la “liberté de la femme” de recourir à l’IVG. Cette formulation abandonnait la notion de “droit” privilégiée par la gauche, le chef de l’Etat la réintroduit donc.
Un hommage à Gisèle Halim…
La Fondation des Femmes a salué “une victoire pour toutes les femmes en France”, assurant qu’une constitutionalisation “sécurise ce droit pour les années à venir”.
Emmanuel Macron a fait cette annonce lors de l’hommage national à Gisèle Halimi, militante emblématique de nombreux combats de la seconde moitié du XXe siècle, de la décolonisation au droit à l’IVG. “Elle a porté la cause de l’indépendance algérienne. Elle fut la procureure de ce que les autorités françaises de l’époque faisaient, de la manière dont elles le faisaient”, a-t-il relevé, en rappelant le combat de Gisèle Halimi contre la torture en Algérie. “Si aujourd’hui la guerre d’Algérie a quitté les prétoires, elle doit maintenant prendre toute sa place dans notre mémoire ici en France et aussi en Algérie”, a poursuivi le chef de l’Etat, sans toutefois se prononcer sur une entrée au Panthéon de la militante.
…qui fait débat
Avant le président, Jean-Yves Halimi a rendu un vibrant hommage à sa mère. “Tu rejoins au Panthéon de notre récit national les deux Simone, de Beauvoir et Veil, tes sœurs de lutte et tes amies personnelles”, a dit son fils aîné.
Un autre de ses fils, le journaliste Serge Halimi, a choisi de boycotter l’hommage, déplorant qu’il intervienne en pleine mobilisation contre une réforme des retraites “extrêmement injuste”, que sa mère aurait selon lui combattue.
Hommage national à Gisèle Halimi: communiqué, transmis à l'@afpfr, de son fils Serge Halimi. pic.twitter.com/ABKaZYckeB
— Sébastien Fontenelle (@vivelefeu) March 5, 2023
Violaine Lucas, présidente de l’association “Choisir la cause des femmes” cofondée par Gisèle Halimi en 1971, a également boycotté l’événement. Elle dénonce une “instrumentalisation politique”.