Comment faire face à l’impitoyable Donald Trump ? La présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum s’est imposée comme la meilleure négociatrice à laquelle Donald Trump a eu affaire. Elle a développé une stratégie qui lui permet de défendre les intérêts de son pays sans se soumettre ni provoquer de confrontation directe. Calme, préventive et ferme, elle a jusqu’à présent réussi à négocier une trêve sur les tarifs douaniers américains, tout en maintenant une popularité record au Mexique de plus de 80 %.
« Retirer la testostérone de l’équation » : la méthode Claudia Sheinbaum
Scientifique de formation, Claudia Sheinbaum applique une méthode fondée sur la rationalité et la maîtrise des émotions. Elle évite toute escalade verbale face à la rhétorique agressive de Trump et adopte une posture posée et pragmatique. « Calme et tête froide », a-t-elle demandé à son gouvernement lorsque Trump a proclamé l’ »urgence » à la frontière américo-mexicaine en janvier.
Contrairement à d’autres dirigeants qui ont préféré l’affrontement direct, elle a choisi une approche mesurée. « Elle a retiré la testostérone de l’équation », analyse le journaliste Pedro Miguel, proche du parti au pouvoir. Cette stratégie lui permet d’éviter des désaccords stériles et de privilégier des solutions concrètes.
Claudia Sheinbaum ne réagit pas dans l’urgence, elle prévoit. Dès son élection et avant l’investiture de Trump, elle a pris des mesures pour prévenir les tensions. Son gouvernement a annoncé des saisies de fentanyl, répondant ainsi aux accusations de Trump sur l’inaction du Mexique face à ce trafic.
Lorsque Trump a décidé d’imposer des tarifs de 25 % sur les importations mexicaines en mars, elle a annoncé des « mesures tarifaires et non tarifaires » en rétorsion. Mais plutôt que de précipiter une confrontation, elle a laissé du temps au dialogue. Dans l’intervalle, elle a conclu un accord avec Trump par téléphone, permettant de suspendre ces taxes jusqu’au 2 avril. Cette démarche lui a valu un large soutien populaire et une reconnaissance de son habileté diplomatique.
« Tu es dure » : Trump reconnaît la fermeté de la présidente mexicaine
Malgré cette posture diplomatique, Sheinbaum sait être ferme lorsque cela s’impose. Elle a rejeté avec vigueur les accusations de collusion avec les cartels, rappelant que les Etats-Unis ont eux-mêmes une responsabilité dans le trafic d’armes qui alimente la violence au Mexique.
Trump lui-même a reconnu cette fermeté. « Tu es dure », lui aurait-il confié lors d’un appel, selon le New York Times – un rare compliment venant de lui. L’ancienne diplomate mexicaine Roberta Lajous salue sa stratégie : « Elle a été ferme, forte, et jusqu’à présent, couronnée de succès. »
Une stratégie anti-crise efficace… mais temporaire ?
La stratégie de Claudia Sheinbaum a jusqu’à présent évité une crise majeure avec Washington, tout en maintenant son autorité sur la scène nationale. Avec une popularité de plus de 80 %, elle a su convaincre la population mexicaine de sa capacité à gérer la relation complexe avec les Etats-Unis.
Mais le répit reste temporaire. L’accord avec Trump expire le 2 avril, et les tensions commerciales ou migratoires pourraient resurgir. « Le Mexique a esquivé une balle, mais Trump a encore un pistolet chargé », prévient l’experte Pamela Starr.
Claudia Sheinbaum a prouvé qu’une stratégie fondée sur la diplomatie et la fermeté pouvait contenir les assauts de Trump. Reste à voir si cette méthode tiendra face aux prochaines épreuves.
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