Claudia Sheinbaum : l’ancienne maire de Mexico, nouvelle et première femme présidente du Mexique

AccueilPolitiqueClaudia Sheinbaum : l'ancienne maire de Mexico, nouvelle et première femme présidente...

L’ancienne maire de Mexico, Claudia Sheinbaum, vient d’être élue la première femme présidente dans l’histoire du Mexique. C’est une politicienne expérimentée qui a dû faire face à deux catastrophes majeures pendant son mandat à la tête de la capitale.

“Chez moi, on parlait politique matin, midi et soir”

En plus de ses propres mérites, la docteure en ingénierie énergétique a bénéficié de la popularité du président sortant Andres Manuel Lopez Obrador, qui a amené la gauche au pouvoir en 2018.

Claudia Sheinbaum Pardo est née le 24 juin 1962 à Mexico, de parents militants dans les années 1960, à une époque où les étudiants et les guérillas tentaient de renverser la “dictature parfaite” du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), hégémonique de 1930 à 2000.

“Chez moi, on parlait politique matin, midi et soir”, a-t-elle confié dans une biographie, “Claudia Sheinbaum, presidenta”. Sa mère, Annie Pardo, biologiste, a été expulsée de l’université pour sa participation au mouvement de 1968.

“Les pauvres d’abord”

Dans le creuset très inégalitaire qu’est le Mexique, Claudia Sheinbaum, petite-fille de juifs européens, adopte le slogan du président sortant, “les pauvres d’abord”, en l’adressant notamment aux communautés autochtones victimes de discrimination.

“Je viens d’une famille juive et je suis fière de mes grands-parents et de mes parents”, écrivait-elle le 12 janvier 2009 dans le journal la Jornada pour dire son “horreur des images des bombardements d’Israël à Gaza” lors d’une précédente opération militaire. Elle explique que sa grand-mère maternelle et son grand-père paternel “communiste” avaient quitté la Lituanie et la Bulgarie pour fuir “la persécution nazie”.

Élève brillante, Claudia Sheinbaum a simultanément poursuivi un master en ingénierie énergétique à l’Université autonome nationale du Mexique (UNAM) dans les années 1980 et participé activement au Conseil étudiant universitaire (CEU) pour s’opposer à une réforme de l’université.

“Commerce équitable et démocratie maintenant !”

Elle était une militante assidue, même enceinte de sa fille Mariana, née en 1988. « Elle était toujours partante. Surtout lors des réunions”, se souvient Guillermo Robles, son camarade de master.

Claudia Sheinbaum termine son doctorat par un séjour académique en Californie, ce qui lui permet de bien parler l’anglais, contrairement au président sortant, préfigurant une présidence plus tournée vers l’international.

Sur une photo de la première page du Stanford Daily de 1991, on voit la jeune femme protester contre la visite du président mexicain libéral de l’époque, Carlos Salinas de Gortari, avec une pancarte proclamant « Fair Trade and Democracy Now !

Maire de Mexico 2000-2006

Claudia Sheinbaum a fait ses débuts en politique avec l’actuel président, Andres Manuel Lopez Obrador, alors qu’elle était maire de Mexico de 2000 à 2006. Il lui confie le portefeuille de l’environnement, un secteur crucial dans cette mégapole de neuf millions d’habitants (en 2023).

La jeune élue a initié la construction de la deuxième phase du périphérique pour désengorger l’une des principales autoroutes urbaines qui traversent Mexico. Mme Sheinbaum a également mis en place des couloirs de bus et des pistes cyclables.

Prix Nobel de la paix en 2007

Revenant à l’université en 2006, la scientifique mexicaine a contribué aux travaux du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), lauréat du prix Nobel de la paix en 2007. Son domaine d’expertise était l’atténuation du changement climatique.

Revenant ensuite en politique, elle a surmonté deux catastrophes majeures pendant sa gestion. En tant que maire du district de Tlalpan, dans le sud de Mexico (2015-2017), elle a dû faire face à l’effondrement du collège Rebsamen lors du tremblement de terre du 19 septembre 2017, qui a tué 26 personnes, dont 19 enfants.

Elle a affirmé que la mairie n’était pas responsable des irrégularités dans la construction de l’édifice. Maire de Mexico (2018-2023), elle a également dû gérer l’effondrement d’un pont aérien au passage du métro dans le sud de la ville, le 3 mai 2021, qui a causé 26 morts et 80 blessés.

Objectif, gérer la narco-violence qui gangrène le Mexique

Elle a défendu ses équipes et négocié l’indemnisation des victimes avec les constructeurs de la ligne, une entreprise du milliardaire Carlos Slim, évitant ainsi les procès. Claudia Sheinbaum a tenté de gérer la pandémie dans la capitale de manière scientifique et sans recourir à des mesures coercitives, bien que Mexico ait enregistré le taux de décès le plus élevé du pays avec 442,1 morts pour 100 000 habitants, l’un des plus élevés au monde.

À la tête de la capitale, Mme Sheinbaum s’est félicitée d’avoir réduit l’insécurité grâce à une stratégie intégrale traitant les causes sous-jacentes, en renforçant et améliorant la police, le renseignement, les enquêtes et la coordination. En tant que présidente, elle devra affronter la narco-violence qui gangrène le Mexique.

Au cours de la campagne, “Claudia” a annoncé son mariage avec Jesús Tarriba en novembre 2023, un amour de jeunesse qu’elle avait retrouvé sur Facebook en 2016. Lors de son premier mariage, elle avait épousé Carlos Imaz, fondateur du parti de gauche PRD, avec qui elle a eu une fille et dont elle considère également le fils comme son propre enfant.

Lire aussi : Présidentielle au Mexique : l’émergence de deux femmes

Découvrez aussi