Fan de “Cinquante Nuances de Grey”, un homme de 31 ans revendique s’inspirer de la saga pour commettre ses viols. Il est actuellement jugé aux assises des Vosges dont l’audience, à huis clos, doit durer jusqu’au 19 avril.
Des jeux de soumission à l’image de “50 nuances de Grey”
Les faits auraient été commis à Golbey, près d’Épinal, le plus souvent au domicile d’un trentenaire très porté sur le sexe. Il est accusé d’avoir, entre janvier 2015 et avril 2019, été l’auteur de viols sur deux femmes, et de “violence aggravée et agression sexuelle aggravée” envers une ex-conjointe.
Dans les livres et films “Cinquante nuances de Grey”, le personnage principal du roman, Christian Grey, initie sa partenaire à des relations sexuelles où se mêlent jeux de domination et soumission. “C’est bien la particularité de cette affaire : toutes les plaignantes, au départ, étaient consentantes”, pointe Stéphane Giuranna, avocat de l’accusé.
2 182 vidéos et 40 000 messages retrouvés
Pendant quatre ans, l’accusé couche avec plusieurs dizaines de femmes qu’il rencontre sur des applications en ligne. Les rapports sont toujours à la limite de la violence et très souvent filmés, comme en attestent les 2 182 vidéos et 40 000 messages retrouvés dans son téléphone et exploités par la police.
C’est le 9 avril 2019 qu’une de ses partenaires porte plainte pour viol. Mais pour l’accusé, il s’agissait d’un “jeu”, où il était “le dominant et elle la soumise, qui devait obéir”, explique-t-il au juge d’instruction.
Pour cerner la personnalité de l’accusé, l’enquête a auditionné 43 femmes : “Si sept ont dénoncé des faits pouvant relever d’un viol et trois se sont constituées parties civiles, toutes (le) décrivent unanimement comme un harceleur, un manipulateur, un menteur et un séducteur, sollicitant de nombreuses relations sexuelles avec un rapport dominant-dominé et de manière insistante”.
“À quel moment une femme consentante ne l’est plus ?”
Pour les experts psychologues et psychiatriques, l’homme possède “une personnalité organisée autour d’un noyau narcissique témoignant d’une haute estime de soi”, utilisant “l’autre comme un simple objet de satisfaction de ses pulsions sexuelles et de sa perversité”.
Mais l’accusé soutient lui qu’il s’agissait de relations consenties sur fond de pratiques sadomasochistes. À l’ouverture des débats, son avocat estime que “ce procès pose de vraies questions : à quel moment une femme consentante ne l’est plus ? Lui, en a-t-il la perception ?” Dans des rapports de domination où le “non” fait partie du jeu, comment fait-on pour l’appréhender justement ?”.
La définition du viol, bientôt modifiée ?
A l’heure actuelle, en France, le viol est défini comme “tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise”.
De nombreuses voix s’élèvent depuis plusieurs mois pour revoir cette conception. Une redéfinition pénale du viol est d’actualité, avec le lancement d’une mission d’information de la délégation aux Droits des femmes de l’Assemblée nationale sur la question. Ses deux rapporteuses, la députée Renaissance de Haute-Savoie Véronique Riotton et la députée Les Ecologistes du Rhône Marie-Charlotte Garin, doivent rendre leurs conclusions mi-avril.
Par ailleurs, deux propositions de loi pour introduire la notion de consentement dans cette définition ont été déposées. L’une à l’automne par la sénatrice écologiste Mélanie Vogel et l’autre en février par la députée La France insoumise de Paris, Sarah Legrain.
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