Viols de Mazan : retour sur les quatre mois de ce procès historique

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Cynthia

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Après quatre mois, le procès de Mazan arrive à son terme avec un verdict très attendu. Ce dossier, unique par son ampleur, la gravité des faits et sa portée mondiale, a eu un retentissement en France mais bien au-delà. Rappel des évènements marquants.

Une affaire au retentissement planétaire

Tout commence par l’histoire glaçante de Gisèle Pelicot, une retraitée de 72 ans, droguée par son mari pendant une décennie pour être violée par des dizaines d’« hommes ordinaires », recrutés sur Internet. Jugés devant la cour criminelle de Vaucluse, les 51 accusés font face à des peines de 10 à 20 ans de réclusion. Avec 166 médias accédités, dont 76 étrangers, le procès a dépassé le simple cadre judiciaire pour devenir un véritable symbole de la lutte contre les violences sexuelles et la soumission chimique.

Le procès public et l’ampleur des preuves

Dès l’ouverture des audiences le 2 septembre, Gisèle Pelicot prend une décision qui va tout changer. Elle rejette le huis clos, malgré l’opposition du parquet et de plusieurs avocats de la défense. Sa motivation est claire : « Faire changer la honte de camp » et montrer que les femmes peuvent briser le silence. Une des particularités de ce procès réside dans l’utilisation des preuves matérielles. Des milliers de photos et vidéos capturées par Dominique Pelicot attestent des violences infligées. Ces images, soigneusement cataloguées, mettent hors de doute la parole de Gisèle, mais leur diffusion suscite une controverse. La cour a initialement restreint la projection de ces contenus à la salle principale, avant d’écarter temporairement les médias. Sous la pression des avocats de Gisèle et des médias, ces restrictions ont été levées. Pour la partie civile, cette décision représente une victoire symbolique, permettant de confronter le public à l’horrible réalité des violences sexuelles.

Ce procès étant public, il se transforme immédiatement en événement médiatique mondial. Des discussions sur le consentement, la soumission chimique et les violences sexuelles déferlent sur les plateaux  et les réseaux sociaux, rassemblant intellectuels, juristes et personnalités politiques dans le débat. Gisèle devient alors une voix incontournable dans ce combat.

Gisèle Pelicot : de victime à icône féministe

En début de procès, Gisèle Pelicot, jusque-là désignée sous le pseudo anonyme « Gisèle P. », choisit de lever l’anonymat pour elle et sa famille. Ce geste symbolique reflète sa volonté de restaurer la dignité de son nom : « On se souviendra de Madame Pelicot, pas de Monsieur. »

Son évolution attire rapidement l’attention. Passant de femme discrète à égérie féministe, elle est acclamée chaque jour à son arrivée par des haies d’honneur et des bouquets de fleurs. Sur les murs des villes, des affiches représentent son effigie, associée à des phrases entendues lors du procès.

Les médias internationaux saluent son courage. La BBC la classe parmi les femmes les plus influentes de l’année, tandis que le New York Times et Der Spiegel la décrivent comme une héroïne pour les femmes du monde entier. Toutefois, derrière cette apparence solide, Gisèle rappelle souvent : « L’intérieur reste un champ de ruines. »

Des peines exemplaires demandées

Fin novembre, après plus de deux jours de réquisitions, le parquet requiert la condamnation des 51 accusés, jugés en majorité pour viols aggravés, pour un total de 652 années de réclusion. Les avocats généraux insistent sur l’importance de ce verdict, qualifié de « testament pour les générations futures », appelant à une prise de conscience collective.

Le cas de Dominique Pelicot, principal accusé, est particulièrement marquant. Qualifié de « chef d’orchestre » des viols, il a orchestré les agressions avec une minutie glaçante. Ses coaccusés, des hommes âgés de 27 à 74 ans, sont accusés d’avoir participé en connaissance de cause. La défense argue que plusieurs d’entre eux auraient été manipulés ou trompés. Les avocats de Dominique Pelicot tentent de nuancer son rôle, évoquant une enfance marquée par des traumatismes, notamment un viol subi à neuf ans. Des arguments qui peinent à convaincre face à l’ampleur des preuves présentées.

Pour les 50 coaccusés, la stratégie de défense repose sur l’idée qu’ils auraient été égarés par Dominique, présenté comme un grand manipulateur . À plusieurs reprises, leurs avocats mettent en garde contre une « erreur judiciaire » et dénoncent des réquisitions qu’ils jugent disproportionnées.

Caroline Darian, la victime oubliée

Un autre élément sombre plane sur ce procès : les accusations portées par Caroline, la fille de Gisèle, contre son père. Convaincue d’avoir été elle aussi victime de violences similaires, en raison des photos d’elle nue et endormie retrouvée dans l’ordinateur de celui qu’elle nomme « son géniteur », elle regrette que son cas soit marginalisé, faute de preuves suffisantes et d’une investigation plus longue de la justice. Aujourd’hui engagée dans son association d’aide aux victimes de soumission chimique #MendorsPAS, elle reste celle dont on ne connaitra peut être jamais l’histoire.

Un verdict qui fera date ?

Le verdict est attendu demain matin et marquera un tournant dans l’histoire judiciaire française. Au-delà des condamnations, ce procès met en lumière les failles systémiques dans la prise en charge des violences sexuelles. Gisèle Pelicot et Caroline Darian, quant à elles, continueront de porter haut le combat pour la justice et l’égalité des sexes.

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