Philippine est une étudiante de 19, retrouvée morte dans le bois de Boulogne à Paris. Cette affaire déclenche une vague d’indignation envers la chaîne pénale et administrative. Et pour cause, le seul suspect est sous le coup d’un obligation de quitter le territoire français.
La gauche indignée
Tant à gauche qu’à droite, les circonstance du décès de Philippine sont à l’origine de nombreuses réactions politiques. Tous considèrent cette tragédie comme le fruit du dysfonctionnement de la “chaîne pénale et administrative”. Si le système pénale est mis en cause c’est car le suspect est connu des forces de l’ordre et sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français.
Les réactions sont nombreuses et vivent dans les camps politiques divers. “Quand on a quelqu’un en détention, qui est perçu comme une menace pour la société, il ne devrait pas être libéré avant que l’on ait la certitude qu’il quittera le territoire.” déclare Olivier Faure (PS). Il assure que cet homme n’aurait jamais dû être en liberté avant le laissez-passez des autorités marocaines et critique vivement la lenteur de ce processus. Il affirme que le processus est à revoir pour éviter de nouveaux drames similaires.
Pierre Ouzoulias (PCF) va dans le même sens que le leader du Parti socialiste et appelle la gauche à ne pas “détourner le regard” de cette affaire, soulignant que les débats sur la sécurité ne peuvent plus être ignorés. Fabien Roussel, de même conviction politique, affirme que la jeune victime n’aurai jamais dû mourir et rend l’État responsable : “La loi existe et n’est pas appliquée. Un violeur est un criminel. Il aurait dû être surveillé. Ça n’a pas été fait. Il aurait dû être expulsé. Ça n’a pas été fait. L’État est défaillant”.
La droite prête à agir
Marine Le Pen, leader du Rassemblement National, n’a pas manqué de réagir vivement à cette affaire. Sur le réseaux social X (ex Twitter) elle évoque un “laxisme devenu idéologie d’État”. Elle aussi parle d’un État défaillant. “Les Français en ont assez de cet État défaillant et irresponsable qui, en renonçant à les protéger, encourage les criminels à récidiver”.
Éric Ciotti, président du parti Les Républicains, met en avant un manque de fermeté du gouvernement, en réclamant “plus de centres de rétention”. Il soutien lors d’un conférence de presse de l’Assemblée Nationale :”Un délinquant étranger ne devrait plus être en France, c’est la prison et l’avion !”
Le nouveaux Ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau (LR), souhaite durcir politique pénale et affirme qu’il “faut faire évoluer l’arsenal juridique”. Selon lui les responsables publics doivent assurer la sécurités des français quitte à adopter des changements. “Si il faut changer les règles changeons-les”.
Un suspect connu des forces de l’ordre
Le suspect est Taha.O, un Marocain de 22 ans, déjà condamné pour viol et sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), n’aurait jamais dû se retrouver en liberté avant que le laissez-passer consulaire nécessaire à son expulsion ne soit obtenu.
Déjà connu des services de police et condamné pour viol en 2021, il est sorti de prison en juin dernier, sous le coup d’une OQTF. Depuis sa sortie de prison en juin, il n’a pas été immédiatement expulsé. Après sa sortie de détention, il avait été placé dans un centre de rétention administrative (CRA) à Metz en attendant l’expulsion. Mais le 3 septembre, un juge des libertés et de la détention (JLD) a ordonné sa libération sous surveillance, avec une obligation de pointer régulièrement.
Alors que le Maroc envoie finalement l’autorisation nécessaire pour son expulsion dès le lendemain de sa libération, le suspect avait déjà échappé à la surveillance des autorités françaises. La veille du meurtre, le 19 septembre, il est inscrit au fichier des personnes recherchées pour avoir manqué à son obligation de se présenter aux autorités. Trois jours après le meurtre de Philippine, il est interpellé en Suisse.
Exécution des OQTF, un éternel débat
La question des OQTF et de l’immigration, est depuis quelques temps déjà un point central des débats, alimentant des critiques auprès de tous les partis politiques. Ces obligations de quitter le territoire français sont souvent délivrés sans que le processus n’aille au bout.
Les OQTF concernent les étrangers en situation irrégulière condamnés à quitter le territoire français. De plus en plus elles sont au cœur du débat débats politiques et suscitent beaucoup de réactions auprès des citoyens français. Selon les chiffres officiels, en France le taux d’exécution des OQTF représente l’un des plus bas d’Europe. Si la moyenne européenne atteint environ 30% d’exécution, la France paraît mauvaise élève avec un taux avoisinant les 7 %. Cette faible exécution est perçue comme un signal d’alarme par de nombreux responsables politiques. Ils perçoivent cette inefficacité comme l’incapacité de la France à renvoyer ces individus dans leur pays d’origine. Une incapacité qui aggrave le sentiment d’insécurité.
L’affaire Philippine met en exergue les profondes failles du système de gestion des OQTF en France. Une problématique qui devient un enjeu majeur dans le débat public. Tandis que les responsables politiques se renvoient la responsabilité, la société s’interroge sur les mesures à prendre pour éviter que de tels drames ne se reproduisent.