Deux adolescents de 13 ans ont été mis en examen pour viols et violences avec circonstances aggravantes à Courbevoie . L’enfant de 12 ans a expliqué avoir été traitée de “sale juive” par ses agresseurs.
Des questions sur sa religion juive
La jeune victime déclare aux enquêteurs que l’un des adolescents mis en cause lui avait “posé des questions concernant sa religion juive”. Il lui demande alors pourquoi elle n’en parlait pas, tout en lui posant des questions sur Israël, détaille une source policière. Il l’a aussi traitée de “sale juive”.
Au vu de l’émoi que suscite cette affaire, le président de la République Emmanuel Macron demande au cours du Conseil des ministres, qu'”un temps d’échanges” soit organisé dans les prochains jours dans les écoles sur le racisme et l’antisémitisme.
Trois adolescents concernés
Les deux adolescents de 13 ans ont été placés en détention, sous mandat de dépôt. Un troisième suspect de 12 ans a été placé sous le statut de témoin assisté pour viol et mis en
examen pour les autres infractions visées par l’enquête et fait l’objet d’une mesure éducative provisoire, selon le parquet de Nanterre.
D’après les premières déclarations de la jeune victime, l’un des agresseurs a filmé la scène,
qui s’est déroulée dans un local désaffecté. Un autre adolescent l’a menacée de mort si elle rapportait les faits à la police.
Entraînée dans un hangar
Une source policière révèle que la mineure explique avoir été abordée par trois adolescents et entraînée dans un hangar alors qu’elle se trouvait dans un parc proche de son domicile avec un ami.
Les suspects l’ont frappée et “lui ont imposé des pénétrations anales et vaginales, une fellation, tout en lui proférant des menaces de mort et des propos antisémites”, précise cette même source. Son ami est parvenu à identifier deux des agresseurs.
Des réactions politiques de tout bord
“Sordide”, “abject”: en pleine campagne électorale, cette affaire provoque de nombreuses réactions de tous les bords de l’échiquier politique. Régulièrement accusé par des opposants politiques de propos ambigus sur l’antisémitisme, le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon dénonce sur X “le racisme antisémite”.
A l’autre extrémité du spectre politique, le président du Rassemblement national Jordan
Bardella appelle à “combattre cet antisémitisme qui s’abat sur la France depuis le 7 octobre” et les attaques sanglantes menées par le Hamas en Israël.
Marine Le Pen, elle, s’en est prise directement à “l’extrême gauche” et à sa supposée
“stigmatisation des juifs depuis des mois à travers l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien”.
La montée en puissance des actes antisémites
L’association SOS Racisme apporte “tout son soutien à la victime et à sa famille” dans cette “affaire sordide”, et rappelle l’augmentation “inquiétante” des actes antisémites depuis le 7 octobre.
Le collectif “Nous Vivrons”, né au lendemain de l’attaque sanglante du Hamas, appelle à manifester à Paris. “Ce viol antisémite s’inscrit dans le prolongement d’un climat hostile aux Juifs, notamment alimenté par des déclarations politiques irresponsables, visant à souffler sur les braises et à attiser la haine des Juifs depuis plusieurs mois”, accuse le collectif. Dans la communauté juive, les faits dénoncés par la jeune fille ont provoqué une vive émotion.
Le président du Consistoire central, Elie Korchia, a exprimé sur X son “soutien à cette
jeune victime, de confession juive, qui a subi un viol et des agressions insupportables”, et déplore “un crime sexuel sordide et ignoble qui nous émeut profondément”.
“Le viol est un outil de destruction au service de la haine”
“Nul ne saurait être dédouané face à ce déferlement antisémite sans précédent”,
commente sur X le grand rabbin de France Haïm Korsia, qui se dit “horrifié”. Sur le même réseau social, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) exprime son “immense émotion face au viol tragique de cette jeune fille”, et prévient qu’il suivra “avec vigilance tous les développements de cette affaire extrêmement inquiétante”.
“Le viol est un outil de destruction au service de la haine et lorsque des enfants violent des enfants, c’est aussi la société toute entière qui doit se poser la question de sa responsabilité face à la violence, l’antisémitisme et la misogynie à l’oeuvre dans notre pays”, réagit la Fondation des femmes.
“366 faits antisémites” au premier trimestre de 2024
“C’est un acte abject, on ne peut pas penser que ça existe encore”, déclare Jacques Kossowski, maire LR de Courbevoie. “Ce que j’espère c’est que la justice puisse condamner fermement ces agresseurs, quel que soit leur âge”, poursuit l’édile.
Durant le premier trimestre de 2024 jusqu’à l’heure actuelle, les actes antisémites explosent en France selon des chiffres du gouvernement, qui fait état de “366 faits antisémites” recensés entre janvier et mars, en hausse de 300% par rapport aux trois premiers mois de l’année 2023.
En janvier, le Crif rapporte une forte augmentation des actes antisémites en France, multipliés par quatre en un an, passant de 436 en 2022 à 1.676 en 2023, avec une “explosion” après le 7 octobre.
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