Le magazine Elle a publié une tribune qui relève les noms d’une centaine d’hommes du monde de la culture : des réalisateurs, écrivains ou comédiens; qui apportent leur soutien aux femmes et au mouvement #MeToo. Ils dénoncent aussi les agressions sexuelles et la misogynie subie par les femmes, notamment dans la culture.
📣 "Enfin, ça fait du bien," déclare Juliette Binoche avec émotion en réaction à la tribune publiée par le magazine Elle.#metoo #metoomovement #womeninculture #égalité #égalitéfemmeshommes #cinema #movie pic.twitter.com/S6E0IcivP6
— The Women’s Voices (@TheWomensVoice1) May 14, 2024
Une tribune lancée par le mathématicien Michel Broué
La rédaction de la tribune, publiée sur le site web du magazine Elle, a été lancée par Michel Broué, mathématicien et compagnon d’Anouk Grinberg, une actrice qui a soutenu Charlotte Arnould, l’une des femmes présumées victimes de Gérard Depardieu. Anouk Grinberg a également appelé l’acteur à présenter des excuses aux femmes.
“Depuis quelques années que s’étend la révolution #MeToo, nous avons compris combien des comportements masculins parfois jugés anodins étaient vécus par les femmes pour ce qu’ils étaient : des abus.” explique Michel Droué, au début de sa tribune.
Il a réuni une centaine d’homme pour exprimer leur solidarité envers les femmes. Ensemble, ils dénonçent le fait que le théâtre et le cinéma puissent être utilisés pour dissimuler des abus totalement étrangers à l’art.
Plusieurs comédiens et réalisateurs tributaires
“N’est-il pas évident que le bon plaisir de l’un ne vaut pas plus que la dignité de l’autre ? Celles et ceux qui clament « on ne peut plus rien dire ni faire aujourd’hui » confondent liberté d’expression et privilèges, et sous-entendent que la maltraitance des victimes leur convenait”, écrivent ces hommes.
Parmi les signataires, les comédiens Reda Kateb, Swann Arlaud, Mathieu Amalric, les réalisateurs Jacques Audiard (dont le film “Emilia Perez” sera en compétition à Cannes) et Emmanuel Mouret, les metteurs en scène Alain Françon, Thomas Jolly (également directeur artistique des cérémonies des Jeux olympiques et paralympiques de Paris), l’écrivain Laurent Gaudé, l’historien Benjamin Stora, le créateur de mode Christian Lacroix, le journaliste Edwy Plenel et plusieurs mathématiciens, tels que Raphaël Rouquier et Xavier Blanc.
“Nous ne pensons pas qu’on s’acharne contre les hommes”
“Contrairement à ce qu’on lit parfois, nous ne pensons pas qu”on s’acharne contre les hommes'”, expriment-ils. “La pratique de l’égalité est désirable, elle n’enlève ni la liberté ni le plaisir mais les accroît ; elle embellit les relations”, écrivent-ils encore. “Prendre conscience du vécu de l’autre, de sa perception de rapports de force vieux de milliers d’années, c’est intéressant et source d’ouverture”, expliquent-ils.
“Nous refusons de nous reconnaître dans cette masculinité hégémonique. Devoir par exemple réserver la douceur et le soin au genre féminin est absurde : un homme ça pleure, un homme ça aime, un homme ça peut être bouleversé”, disent-ils.
“Épargner à plus de la moitié de l’humanité des agressions graves”
Pour les signataires, “il est révoltant que le théâtre et le cinéma servent de couverture à des abus qui n’ont rien à voir avec l’art”. De même, “il est révoltant de se servir de son prestige, quel qu’il soit, pour abuser de l’admiration qu’il éveille”. En jeu selon eux: “Épargner à plus de la moitié de l’humanité des agressions graves”. “Celles et ceux qui clament ‘On ne peut plus rien dire ni faire aujourd’hui’ confondent liberté d’expression et privilèges, et sous-entendent que la maltraitance des victimes leur convenait”, déplorent-ils.
Le milieu du cinéma est secoué depuis plusieurs mois par des accusations de violences sexuelles, qui ont duré des dizaines d’années selon les accusatrices. L’actrice Judith Godrèche est devenue un fer de lance de ce mouvement, après avoir porté plainte début février contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon, pour des violences sexuelles et physiques qui remontent selon elle à son adolescence, et que ces derniers nient.
Juliette Binoche, très émue : “Enfin!”
La comédienne Juliette Binoche a réagi à cette tribune sur France Inter ce mercredi. “Enfin”, “ça fait du bien”, a-t-elle confié avec une grande émotion. “Toutes les femmes attendent que les hommes soutiennent enfin MeToo, a-t-elle dit, les larmes aux yeux.
Jusqu’ici, la parole masculine se faisait rare concernant le mouvement #MeToo. Juliette Binoche confie “ne pas comprendre” cette absence de réaction masculine. “Ce n’est pas possible d’avoir que des femmes qui parlent”, dénonce-t-elle. L’actrice rappelle d’ailleurs qu’il “n’y a pas un homme qui s’est coupé les cheveux” en soutien au soulèvement des Iraniennes il y a deux ans.
L’actrice affirme, les larmes aux yeux, que si la parole des femmes “n’est pas reconnue, ça n’existe pas”. Elle insiste sur le fait que depuis plusieurs années “toutes les femmes attendent” de voir ces réactions de la part d’acteurs et de réalisateurs. “C’est une nécessité, sinon il n’y a pas de changement”, soutient-elle.
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