VIDEO – Manifestations pro-palestiniennes sur les campus américains : Nicole Bacharan dénonce “un débordement d’antisémistisme virulent”

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Boston, New-York, Atlanta, Los Angeles… Dans ces villes américaines, le mouvement pro-palestinien se généralise dans les campus universitaires. Affrontements et manifestations antisémites ont provoqué plusieurs centaines d’arrestations, menaçant aussi la sécurité des étudiants juifs.

Environ 300 personnes interpellées à New York

Après être intervenue à Los Angeles et New York, la police a été déployée sur plusieurs campus américains, où de nouvelles arrestations ont eu lieu. Elles sont actuellement les théâtres d’une mobilisation étudiante contre la guerre à Gaza qui secoue les Etats-Unis.

A l’université du Texas à Dallas, la police a démantelé un campement de manifestants et arrêté au moins 17 personnes pour “intrusion criminelle”, indique l’établissement. Les forces de l’ordre ont également arrêté plusieurs personnes à l’université new-yorkaise de Fordham University et ont évacué un campement installé dans la matinée sur le campus, indiquent des responsables.

Environ 300 personnes ont été interpellées à New York sur deux sites universitaires, a dit la police de la ville lors d’une conférence de presse. Récemment, les forces de l’ordre ont délogé manu militari des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de la prestigieuse université Columbia à Manhattan, à l’origine de cette mobilisation estudiantine de soutien à Gaza. 

Plusieurs étudiants blessés et hospitalisés 

“La police s’est montrée brutale et agressive avec eux”, assure Meghnad Bose, un étudiant de Columbia ayant assisté à la scène. “Ils ont arrêté des gens au hasard (…) plusieurs étudiants ont été blessés au point qu’ils ont dû être hospitalisés”, dénonce une coalition de groupes étudiants pro-palestiniens de Columbia sur une publication Instagram.

“Je regrette que nous en soyons arrivés là”, a réagi Minouche Shafik, la présidente de l’université. Les manifestants se battent “pour une cause importante”, mais les récents “actes de destruction” menés par des “étudiants et militants extérieurs” l’ont conduite à recourir aux forces de l’ordre, explique-t-elle, dénonçant par ailleurs “des propos antisémites” proférés lors de ces rassemblements.

D’autres campements avaient également été démantelés tôt mercredi sur les campus de l’Université de l’Arizona à Tucson, et à l’Université de Wisconsin-Madison, respectivement dans le sud-ouest et le nord du pays, selon des médias locaux.

Des manifestations similaires à celles contre la guerre du Vietnam

Depuis deux semaines, les mobilisations de soutien à Gaza se multiplient à travers les Etats-Unis, de la Californie aux grandes universités du nord-est, rappelant les manifestations contre la guerre du Vietnam. Nicole Bacharan, historienne et politologue, spécialiste des États-Unis dénonce des manifestations virulentes où circulent des slogans tels que : “Hamas nous t’aimons; Hamas rend nous fiers; Le 7 octobre tous les jours”.

Plus généralement, les étudiants appellent les établissements à couper les ponts avec des mécènes ou entreprises liés à Israël, et dénoncent le soutien de Washington à son allié israélien. Sur le campus de l’Université UCLA, à Los Angeles, des affrontements ont éclaté dans la nuit quand un important groupe de contre-manifestants, pour beaucoup masqués, a attaqué un campement pro-palestinien installé sur une pelouse, selon un photographe de l’AFP. 

Les assaillants ont tenté d’enfoncer une barricade improvisée autour du campement. Manifestants et contre-manifestants se sont ensuite opposés à coups de bâton et se sont lancé des projectiles. Mercredi matin, le calme était revenu, mais des dizaines de voitures de police étaient toujours présentes. 

“Ces incidents ont provoqué chez nos étudiants juifs, une profonde anxiété et de la peur”

“L’université doit dissuader les contre-manifestants d’attaquer ceux qui sont pacifiques”, a dit à l’AFP Daniel Harris, étudiant de 23 ans, ajoutant que les assaillants “ne ressemblaient pas à des étudiants ou à des personnes ayant un lien quelconque avec l’université”.

Le président de l’université Gene D. Block avait mis en garde avant ces violences contre la présence de personnes extérieures au campus.

Dimanche, des militants pro-palestiniens et pro-israéliens, soutenus par de nombreux manifestants venus de l’extérieur, en étaient venus aux mains, avec des bousculades et des insultes.“Ces incidents ont provoqué, tout particulièrement chez nos étudiants juifs, une profonde anxiété et de la peur”, a-t-il ajouté.

“Dans un premier temps, les autorités de l’université avait dit : « les étudiants juifs qui ne se sentent pas en sécurité peuvent suivre les cours à distance »” explique Nicole Bacharan. Mais “les étudiants qui eux ont une chambre sur le campus, on va quand même pas les mettre à la rue ?”, questionne-t-elle sur le plateau de LCI.

Des interpellations sur au moins 30 sites universitaires

A rebours d’autres institutions, l’université Brown dans l’Etat de Rhode Island a annoncé avoir trouvé un accord avec les manifestants. Celui-ci prévoit le démantèlement de leur campement en échange d’un vote de l’université en octobre sur un éventuel “désinvestissement” de “sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza”.

Selon un décompte de l’AFP, les forces de l’ordre ont procédé depuis le 17 avril à des interpellations sur au moins 30 sites universitaires. Les images de policiers anti-émeutes intervenant sur les campus ont fait le tour de la planète et font vivement réagir le monde politique, à six mois de la présidentielle dans un pays polarisé.

Joe Biden “devrait s’exprimer”

La Maison Blanche a condamné mercredi un “petit pourcentage d’étudiants qui provoquent du désordre”. “Les étudiants ont le droit d’aller en cours et de se sentir en sécurité”, a encore déclaré Karine Jean-Pierre, porte-parole de l’exécutif, en ajoutant: “Nous allons continuer à souligner qu’il faut dénoncer l’antisémitisme.”

Lors d’un meeting dans le Wisconsin l’ancien président Donald Trump a considéré que “New York était en état de siège la nuit dernière”. Le président Joe Biden “devrait s’exprimer”, s’indigne-t-il.

Nicole Bacharan confirme : “c’est vrai que quand Donald Trump parle d’un antisémitisme, on ne peut pas lui donner tort. Il y a un débordement d’antisémitisme dans les manifestations les plus virulentes.”

Lire aussi : Mathilde Panot et Rima Hassan, de la France Insoumise, entendues pour “apologie du terrorisme”

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