Depuis plusieurs jours, les étudiants de Sciences Po Paris manifestent contre les frappes Israëliennes à Gaza. Virulentes, à l’image des autres dizaines de manifestations qui ont lieu dans les campus américains, les altercations à Paris sont qualifiés d’ “hypocrites” par la journaliste Anne Sinclair, invitée à réagir sur le plateau de C à vous sur France 5.
“Sionistes, hors de nos facs”
“Moi j’ai vu à la Sorbonne, une banderole qui disait : “Sionistes, hors de nos facs”, fustige la journaliste Anne Sinclair, au sujet des manifestations propalestiniennes qui ont lieu à la faculté de Sciences Po Paris. Comme de nombreuses autres universités, Sciences Po et la Sorbonne se mobilisent contre les frappes à Gaza, jusqu’à basculer dans l’antisémitisme contre les juifs.
Anne Sinclair proteste contre “l’hypocrisie” et l’omission de “la mémoire historique” : “Je ne les ai pas entendus manifester pour les femmes iraniennes. Je ne les ai pas entendues manifester pour les 300 000 morts d’Assad”
La journaliste indique que “l’antisionisme est la forme moderne de l’antisémistisme”, une idée qui a valu la promesse de sanctions à l’encontre des manifestants virulents. Mais il y a quelques jours, la direction de Sciences Po Paris annonçait un accord avec ses étudiants mobilisés pour la cause palestinienne : organiser un débat interne et suspendre les procédures disciplinaires lancées contre des manifestants.
“Jamais de tolérance avec l’action d’une minorité dangereuse”
Le Premier ministre Gabriel Attal avait déjà accusé, « une minorité agitée par des forces politiques notamment LFI » de « chercher à perturber le fonctionnement de cette institution » alors qu’une journée de blocage et de mobilisation, émaillée de tensions, s’était tenue à Sciences Po Paris, en présence de plusieurs députés du parti de Jean-Luc Mélenchon.
« Il n’y aura jamais de droit au blocage, jamais de tolérance avec l’action d’une minorité agissante et dangereuse qui cherche à imposer ses règles à nos étudiants et à nos enseignants », déclare le premier ministre lors d’un déplacement à Pirou, dans la Manche.
Des financements suspendus
Valérie Pécresse, la présidente du conseil régional d’Ile-de-France, annonçait sa décision de « suspendre tous les financements de la région destinés à Sciences Po tant que la sérénité et la sécurité ne seront pas rétablies dans l’école », quelques jours après une mobilisation propalestinienne tendue à Sciences Po Paris, conclue par un accord entre manifestants et direction.
« Une minorité de radicalisés appelant à la haine antisémite et instrumentalisés par la LFI [La France insoumise] et ses alliés islamo-gauchistes ne peuvent pas dicter leur loi à l’ensemble de la communauté éducative », déclare-t-elle sur son compte X, appelant à un « sursaut d’autorité ». Chose à laquelle Anne Sinclair réagit en disant : “On ne suspend pas comme ça les financements d’une école publique, parce que 50 types manifestent”.
Le soutien régional à la prestigieuse école comprend 1 million d’euros « prévu pour 2024 dans le cadre du CPER (contrat de plan Etat-région) », précise à l’AFP l’entourage de Valérie Pécresse. D’autres « crédits de fonctionnement », destinés notamment à la mobilité internationale, prévus « pour le printemps et la rentrée » sont suspendus, ajoute la même source.
« C’est une honte et un scandale absolu »
Le groupe socialiste, écologiste et radical au conseil régional dénonce sur X un « deux poids, deux mesures ». « Quand il s’agit de suspendre les subventions au lycée Stanislas parce que l’ancien directeur [d’internat] consultait de manière régulière des sites pédopornographiques (…), c’est silence radio côté Valérie Pécresse », relève-t-il.
« C’est une honte et un scandale absolu », a de son côté fustige Mathilde Panot, de la France Insoumise, à l’issue d’un rendez-vous avec le premier ministre, Gabriel Attal. « La jeunesse de Sciences Po, comme la jeunesse de la Sorbonne aujourd’hui, comme la jeunesse de Columbia et des trente universités qui sont en lutte pour refuser qu’on tue en silence des Palestiniens, est l’honneur du monde et l’honneur de notre pays », estime la cheffe de file des députées LFI.