L’actrice et militante Judith Godrèche franchit un nouveau jalon dans sa lutte contre les violences sexuelles en s’adressant au Sénat. Elle plaide pour une réforme profonde de l’industrie cinématographique française. Son intervention, qui a marqué la première fois qu’une artiste est entendue par cette institution, a attiré l’attention sur les dangers auxquels sont confrontées les jeunes actrices dans le milieu cinématographique, ainsi que sur la nécessité de protéger tous les enfants victimes d’inceste ou d’agression.
📣Judith Godrèche demande l’ouverture d’une commission d’enquête sur les violences sexistes et sexuelles dans le milieu du cinéma.
🚨L’actrice demande d’urgence que le juge Durand revienne à la tête de la CIIVISE.#Cinema #MeToo @camillekouchner @VanessaSpringora… pic.twitter.com/vc0GhoLI3o
— The Women’s Voices (@TheWomensVoice1) March 2, 2024
Demande d’une commission d’ enquête
Dans son plaidoyer devant la délégation au droit des femmes du Sénat, Godrèche a lancé un appel sans équivoque à la création d’une commission d’enquête sur les violences sexuelles et sexistes dans le cinéma. Elle a souligné l’urgence d’établir des mécanismes de protection pour les jeunes actrices, insistant sur la nécessité d’imposer un référent neutre sur les plateaux de tournage impliquant des mineurs. En outre, elle a proposé la mise en place de contrôles plus rigoureux, notamment lors des castings, et a plaidé en faveur de la présence obligatoire d’un coach d’intimité pour toutes les scènes impliquant de l’intimité ou du sexe.
“Je me permets de vous demander de constituer une commission d’enquête sur les violences sexuelles et sexistes dans le milieu du cinéma.”
“Il faut qu’il y ait tout un système de protection mis en place et qu’on arrête de faire semblant de ne pas savoir.”
Défi à l’ordre établi dans l’industrie du cinéma
Judith Godrèche a dénoncé l’influence toxique des réalisateurs dans l’industrie cinématographique, soulignant l’inefficacité de la présence parentale pour protéger les jeunes actrices contre les abus. Elle a accusé le patriarcat et les hommes en position de pouvoir de perpétuer un système où les victimes se retrouvent piégées dans un silence oppressant. Pour illustrer ses propos, elle a relayé des témoignages accablants, y compris celui de techniciennes recevant des images explicites non sollicitées de la part de réalisateurs français.
“Cette famille incestueuse du cinéma n’est que le reflet de toutes ces familles.”
“La présence des parents ne peut rien y faire.”
Élargissement du discours en faveur de tous les enfants victimes
Au-delà des enjeux spécifiques du monde du cinéma, Godrèche a élargi le débat pour inclure toutes les victimes d’abus sexuels sur enfants. Elle a partagé avoir reçu plus de 4 500 témoignages poignants, soulignant l’ampleur du problème et l’urgence d’une action concertée. En rendant hommage au juge Edouard Durand, un défenseur de longue date des droits des enfants, Godrèche a mis en lumière l’importance cruciale de donner une voix aux victimes et de leur offrir un soutien adéquat.
“Cette famille incestueuse du cinéma n’est que le reflet de toutes ces familles.”
“Aujourd’hui, avec de la pédagogie et des lettres bien polies, on n’obtient rien.”
Engagement politique et réactions
L’intervention de Godrèche a suscité des réactions variées dans le monde politique, avec certains exprimant leur soutien à ses revendications tandis que d’autres ont émis des réserves. Rachida Dati a reconnu les défauts du système, tout en exprimant des préoccupations quant aux mesures punitives collectives. Le débat sur une éventuelle rencontre entre Godrèche et le président Macron reste ouvert.
L’intervention de Judith Godrèche devant le Sénat marque un moment décisif dans la lutte contre les violences sexuelles dans l’industrie cinématographique et au-delà. Son plaidoyer passionné en faveur d’une réforme profonde résonne avec l’appel à l’action sociale et politique, soulignant l’urgence de mettre en place des mesures concrètes pour protéger les victimes et prévenir de futurs abus.