Vatican : Simone Brambilla, première femme, nommée à la tête d’un « ministère » par le pape François

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La rédaction

Simona Brambilla, une religieuse italienne, entre dans l’histoire en devenant la première femme préfet d’un ministère du Vatican. Une décision symbolique qui interroge sur la place réelle des femmes dans l’Église catholique.

Une femme nommée : un cap historique

Le pape François a franchi un cap inédit dans l’histoire bimillénaire de l’Église catholique en nommant une femme, sœur Simona Brambilla, à la tête du Dicastère pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique. Ce poste, souvent comparé à un ministère dans le gouvernement du Vatican, supervise les ordres religieux et les congrégations.

Cette décision, annoncée mardi, a été confirmée comme une « première » par un responsable du Vatican. Malgré son caractère historique, le Saint-Siège continue de ne pas féminiser les titres, marquant une limite dans la reconnaissance symbolique du rôle des femmes.

Simona Brambilla, âgée de 59 ans, est une ancienne infirmière ayant exercé comme missionnaire au Mozambique. Elle occupait déjà le poste de numéro deux de ce dicastère depuis octobre 2023. « Elle est considérée comme modérée et conciliante, avec une expérience respectable », note Franca Giansoldati.

Un rôle sous surveillance : la double nomination

La nomination de sœur Brambilla s’accompagne toutefois d’une controverse : le pape François a également désigné un cardinal espagnol, Angel Fernandez Artime, comme « pro-préfet » pour ce même dicastère. Le Vatican n’a pas précisé les attributions exactes de ce poste, laissant planer le doute sur le véritable pouvoir accordé à sœur Brambilla.

Traditionnellement, le terme « pro-préfet » désigne une personne susceptible de devenir préfet à l’avenir. Cette double nomination suscite donc des interrogations parmi les spécialistes et militants œuvrant pour une plus grande reconnaissance des femmes dans l’Église.

« Ceux qui militent pour un rôle accru des femmes au sein de l’Église sont ‘perplexes’ face à cette double nomination, inquiets de voir le cardinal détenir le vrai pouvoir et sœur Brambilla réduite à un rôle de représentation », analyse Franca Giansoldati, vaticaniste au quotidien Il Messaggero.

Le poids du patriarcat au sein de l’Église

L’Église catholique reste marquée par un système patriarcal. Bien que les femmes soient majoritaires parmi les membres religieux – 559 228 contre 128 559 hommes selon les chiffres de 2024 –, elles sont exclues des fonctions sacerdotales.

Le débat sur l’ordination des femmes continue de diviser. Le synode tenu fin 2024 a reconnu la faible visibilité des femmes dans l’administration de l’Église. Si le document final affirme que « les femmes et les hommes ont une dignité égale en tant que membres du peuple de Dieu », il souligne que les femmes « rencontrent des obstacles pour obtenir une plus grande reconnaissance ».

Cette question est particulièrement clivante, notamment dans les milieux conservateurs. De nombreuses associations en Europe et en Amérique du Nord dénoncent un système qui marginalise les femmes malgré leur rôle central dans les paroisses.

Une avancée timide pour les femmes dans l’Église

Depuis l’élection du pape François en 2013, la proportion de femmes occupant des fonctions administratives au Vatican est passée de 19,2 % à 23,4 %. Certaines femmes ont accédé à des postes prestigieux, comme Barbara Jatta, nommée directrice des musées du Vatican en 2016, ou Raffaella Petrini, secrétaire générale du Gouvernorat.

Malgré ces progrès, les critiques persistent. La double nomination de sœur Brambilla et du cardinal Fernandez Artime illustre la réticence du Saint-Siège à confier pleinement des responsabilités exécutives aux femmes.

Cette nomination est un symbole fort, mais elle met également en lumière les limites de l’engagement du Vatican en faveur de l’égalité des genres. Si le pape François a ouvert la porte à une représentation accrue des femmes, leur rôle reste souvent cantonné à des positions subalternes.

Pour de nombreuses militantes, la prochaine étape serait de remettre sur la table la question de l’ordination des femmes, un sujet laissé en suspens au dernier synode. Cette avancée nécessitera une volonté politique et spirituelle forte pour dépasser les résistances internes de l’institution.

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