Une politique d’égalité femmes/hommes « inefficace » selon la Cour des comptes

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La rédaction

De l’école au marché du travail, les inégalités femmes/hommes persistent et diminuent « trop lentement » selon le rapport de la Cour des comptes. Les stéréotypes de genre continuent d’influencer les parcours des femmes et des hommes. Bien que les femmes soient plus diplômées que les hommes, elles peinent à accéder aux métiers les mieux rémunérés.

Des inégalités qui diminuent « trop lentement »

Bien que les femmes soient plus diplômées que les hommes, elles peinent à accéder aux métiers et postes les mieux rémunérés. Les magistrats financiers constatent que si les inégalités diminuent, elles le font « trop lentement ». Cette stagnation s’explique en partie par une volonté politique jugée « insuffisante » et une coordination déficiente entre les différents ministères.

L’augmentation des crédits alloués à cette politique serait, elle aussi, une façade. La Cour parle d’une « volonté d’affichage », dénonçant des ressources mal utilisées et un manque de suivi rigoureux des résultats.

La Cour des comptes appelle à « réaffirmer la responsabilité » de l’Insee comme coordinateur des statistiques genrées et à faire de l’égalité femmes-hommes une priorité au sein du Comité national de l’information statistique.

Des stéréotypes qui influencent les choix d’orientation

Depuis 2018, les établissements doivent désigner des référents égalité filles-garçons, mais en 2020, seulement 53 % d’entre eux respectaient cette obligation.

Les stéréotypes de genre produisent des effets visibles dès l’orientation des élèves : les filles s’orientent majoritairement vers des métiers considérés comme féminins dans l’éducation, l’action sociale ou la santé et les garçons, davantage dans les métiers des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques.

Afin de combattre ces stéréotypes, la Cour recommande d’instaurer un « module de formation continue » obligatoire pour les enseignants et les cadres.

La Cour des comptes estime également que les « rôle model » ne sont pas suffisamment valorisés. Mieux promouvoir des figures féminines dans les filières scientifiques pourrait pourtant influencer positivement les choix d’orientation des jeunes filles.

Sur le marché du travail, les écarts persistent

Les politiques de mixité peinent à produire des résultats concrets. En matière de salaires, les écarts persistent, et le ministère du Travail est appelé à « s’impliquer davantage » pour revaloriser les métiers majoritairement exercés par des femmes.

L’index « égalité professionnelle », instauré en 2018, est également critiqué. Il concernerait une faible proportion de salariés et aurait un effet pervers en invisibilisant certaines inégalités. Quant au système de sanctions et pénalités, son application est jugée « insuffisante », avec seulement 120 pénalités infligées entre 2021 et 2024.

Les lois imposant des quotas aux entreprises se révèlent inefficaces. Ainsi, la loi Rixain de 2021, qui impose une représentation équilibrée dans les instances dirigeantes, n’est pas respectée par 36 % des entreprises concernées.

L’égalité femmes/hommes comme priorité nationale

Face à ce constat accablant, la Cour des comptes formule plusieurs recommandations : inscrire la question de l’égalité femmes/hommes comme une priorité nationale et interministérielle ; renforcer la formation des enseignants et cadres éducatifs pour promouvoir une pédagogie égalitaire ; développer la valorisation des parcours féminins exemplaires pour inspirer les jeunes filles ; améliorer la coordination entre les ministères et les branches professionnelles pour une meilleure articulation des actions.

La lenteur des avancées traduit un manque d’engagement politique. La lutte pour l’égalité femmes-hommes nécessite plus qu’un discours : elle appelle des actes concrets et une mobilisation collective, à la hauteur des enjeux sociétaux.

Lire aussi : Des femmes plus « féministes », des hommes plus « masculinistes », selon le Haut Conseil à l’Égalité

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