Depuis le décès de Mahsa Amini il y a un an, l’Iran a été le théâtre d’une série d’événements marquants liés à la contestation du port du voile, qui est devenu le symbole de la lutte contre le régime. Le non-port du hijab est toujours un crime dans le pays. Chronologie des moments clés de cette année de révolte en Iran.
Décès de Mahsa Amini et émergence des manifestations
Le 16 septembre 2022, Mahsa Amini, une jeune Kurde iranienne de 22 ans, décède à l’hôpital. Elle avait été arrêtée trois jours auparavant par la police des mœurs pour avoir enfreint le code vestimentaire en vigueur depuis la Révolution islamique de 1979, imposant aux femmes le port d’un hijab recouvrant la tête et le cou dans les lieux publics.
Mahsa est inhumée le lendemain dans sa ville natale de Saghez, où une manifestation est violemment dispersée. Son décès suscite la colère et les protestations se propagent à une quinzaine de villes. Des images d’Iraniennes brûlant leur foulard en signe de désobéissance envahissent les réseaux sociaux.
Amplification du mouvement et répression du gouvernement
Le 22 septembre, les autorités iraniennes réagissent en bloquant Instagram et WhatsApp, des plateformes largement utilisées dans le pays. Les internautes se tournent alors vers des messageries locales pour communiquer. Parallèlement, Washington annonce des sanctions économiques visant la police des mœurs et plusieurs responsables de la sécurité, suivie par Ottawa, Londres et Bruxelles, qui imposent également des sanctions.
À l’appel des autorités, des milliers de personnes défilent le 23 septembre pour défendre le port du voile. Des incidents violents éclatent le 2 octobre à Téhéran entre des étudiants et les forces de sécurité dans une université. La semaine suivante, des adolescentes manifestent en retirant leur voile et en criant des slogans anti-régime. Le guide suprême Ali Khamenei accuse les États-Unis, Israël et leurs “agents” d’avoir fomenté la contestation.
Le 12 octobre, des avocats rejoignent le mouvement en reprenant le slogan des manifestants “Femme, vie, liberté”, à Téhéran. Des commerçants, ouvriers, étudiants et enseignants se joignent également aux manifestations. Fin octobre, les forces de sécurité ouvrent le feu sur des manifestants à Saghez, entraînant la mort de plusieurs centaines d’Iraniens. Des dizaines de milliers de personnes sont arrêtées lors des manifestations d’octobre et novembre. Sept hommes sont exécutés pour leur implication dans le mouvement.
Durcissement des lois et pouvoir de la police
Malgré la répression, le pouvoir envoie un signal d’apaisement en libérant en février 2023 de nombreux détenus lors d’une amnistie sans précédent. En avril, la police iranienne commence à utiliser des caméras “intelligentes” pour traquer les femmes non voilées dans les espaces publics. Si la passagère d’une voiture enfreint le code vestimentaire, le propriétaire du véhicule risque une saisie. Plus de 150 magasins, restaurants et salles de réception sont fermés en 24 heures.
En mai, le gouvernement propose un projet de loi visant à renforcer les sanctions, notamment financières, contre “toute personne retirant son voile dans les lieux publics ou sur internet”, sans préconiser l’emprisonnement. Cette proposition de reclasser le retrait du hijab, actuellement un crime, en délit, suscite la controverse, notamment parmi les ultraconservateurs.
En juillet, la police rétablit les patrouilles pour sanctionner les femmes non voilées. Une journaliste ayant interviewé le père de Mahsa Amini et qui s’est montrée en public tête nue est emprisonnée à plusieurs reprises. Le chanteur de pop Mehdi Yarrahi, auteur d’une chanson exhortant les femmes à retirer leur foulard, est arrêté fin août. Le 5 septembre, l’oncle de Mahsa Amini est également détenu, mais sa localisation demeure inconnue, selon des sources kurdes.