Une “clinique de traitement” va être ouverte pour les femmes qui refusent de porter le hijab annonce le Département des femmes et de la famille de la République islamique d’Iran. Une décision qui, sous couvert de “soin”, suscite indignation et inquiétude tant en Iran qu’à l’étranger. Cette clinique est une “manœuvre pour écraser le mouvement de contestation”, estime The Telegraph.
Une “clinique” pour imposer le hijab
Baptisé “clinique pour l’abandon du port du hijab”, cet établissement, qui sera situé à Téhéran, se présente officiellement comme un centre de “santé mentale”. Selon le ministère de la Promotion de la vertu et de la prévention du vice, la clinique proposera un “traitement scientifique et psychologique” destiné aux femmes ne respectant pas l’obligation de se couvrir la tête en public, une loi imposée par le régime islamique depuis 1983.
Le journal Iran Wire rapporte que ce centre offrira des “conseils” et organisera des cours éducatifs dirigés par des “experts sur la philosophie et les valeurs du hijab”. L’objectif affiché ? Aider les femmes à “adopter en toute confiance des vêtements modestes”, tout en leur inculquant “des compétences pour faire face aux pressions sociales” et en “renforçant leur identité” par le biais du port du voile.
D’après The Telegraph, le but est de “promouvoir la dignité, la modestie et la chasteté”. Mais derrière cette rhétorique se cache une intention autrement plus inquiétante : “soigner” les femmes qui refusent de se soumettre aux lois sur le hijab.
L’arrestation de l’étudiante Ahou Daryaie, déclencheur d’une controverse
Cette annonce intervient dans un climat déjà tendu, quelques jours seulement après l’arrestation d’Ahou Daryaie, une étudiante de 30 ans à l’Université Azad de Téhéran. Le 2 novembre dernier, cette jeune femme s’est dévêtue en public, en signe de protestation contre les lois sur le hijab, après avoir été interpellée pour un voile mal ajusté.
Depuis son arrestation, son lieu de détention et son état de santé restent inconnus. Des organisations de défense des droits humains craignent qu’elle ait été internée de force dans un établissement psychiatrique. L’ambassade d’Iran à Paris a tenté de minimiser les faits, affirmant que l’étudiante souffrirait “d’une fragilité psychologique”.
L’arrestation d’Ahou Daryaie a ravivé les tensions autour des lois sur le hijab, un symbole central de la contestation féministe en Iran. Depuis la mort de Mahsa Amini en 2022, arrêtée et battue à mort pour “port de vêtements inappropriés”, le mouvement “Femme, vie, liberté” continue de dénoncer la répression exercée sur les femmes iraniennes.
Une répression déguisée sous des atours médicaux
Pour de nombreuses ONG et groupes de défense des droits humains, cette “clinique” est avant tout un nouvel outil de répression. Amnesty International et d’autres organisations accusent le régime de recourir à des internements psychiatriques pour écraser toute contestation.
Les manifestants et opposants politiques sont régulièrement qualifiés d’instables mentalement et placés dans des établissements où ils sont soumis à des traitements forcés. Selon le Guardian, des preuves de torture et d’administration forcée de médicaments ont déjà été documentées dans ce type d’institutions.
Derrière le discours officiel prônant l’éducation et la santé mentale, beaucoup y voient une “manœuvre pour écraser le mouvement de contestation”, estime The Telegraph. Le slogan “Femme, vie, liberté” incarne une revendication d’autonomie et de respect des droits des femmes, en totale opposition avec les lois et pratiques du régime iranien.
Une attaque directe contre la liberté des femmes
L’annonce de cette “clinique de traitement” a été largement dénoncée à l’international. Le courage d’Ahou Daryaie, qui a osé protester publiquement, a été salué sur les réseaux sociaux, où des militants et personnalités expriment leur soutien à la jeune femme.
Pour de nombreux observateurs, la création d’un tel centre est une tentative désespérée de contenir une contestation grandissante, en pathologisant le refus de porter le hijab. Une démarche que certains qualifient de “plaisanterie de mauvais goût” tant elle illustre l’absurdité d’un régime cherchant à imposer ses lois par tous les moyens.
Cette décision illustre une fois de plus le contrôle exercé par le régime iranien sur les corps et les choix des femmes. Derrière la création de cette clinique se cache une volonté de délégitimer toute opposition au port obligatoire du hijab, en la réduisant à un problème de santé mentale.