Les autorités iraniennes sont sous pression pour libérer et acquitter le célèbre rappeur iranien Toomaj Salehi, condamné à mort pour “corruption sur terre” après avoir soutenu les manifestations Femmes, Vie, Liberté de 2022 en Iran.
Un verdict terrible
Toomaj Salehi, âgé de 33 ans, risque la pendaison. Arrêté en octobre 2022, il avait soutenu via ses chansons et sur les réseaux sociaux le mouvement de contestation déclenché après la mort le 16 septembre 2022 de Mahsa Amini, une jeune Kurde iranienne détenue par la police des mœurs, qui lui reprochait d’avoir enfreint le strict code vestimentaire imposé aux femmes.
Le verdict du tribunal révolutionnaire d’Ispahan, rapporté mercredi par un média local iranien citant l’avocat du rappeur et qui peut encore faire l’objet d’un appel, a stupéfait les ONG et militants iraniens car il allait à l’encontre d’une précédente décision de la Cour suprême.
Indignation et mobilisation internationales
“Manipulation grotesque du processus judiciaire”, a accusé Hadi Ghaemi, directeur du Centre pour les droits humains en Iran (CHRI), basé à New York, estimant que le verdict visait à “faire taire la dissidence”.
Les soutiens du jeune artiste ont lancé sur les réseaux sociaux une campagne sous le hashtag #SaveToomaj.
“C’est une terrible nouvelle et nous devons tous nous indigner et faire tout ce qui est en notre pouvoir pour #sauverToomaj. C’est un héros national”, a écrit sur X l’actrice britannique d’origine iranienne Nazanin Boniadi.
La condamnation à mort de Toomaj Salehi a été dénoncée jeudi par la France, l’Italie, et les experts d’un groupe de travail de l’ONU.
Jeremy Laurence, porte parole du Haut-Commissariat de l’ONU s’est dit “très préoccupé par le fait qu’un projet de loi +Soutenir la famille en promouvant la culture de la chasteté et du hijab+ qui impose des sanctions encore plus sévères, est sur le point d’être approuvé par le Conseil des gardiens”.
Le Haut-Commissariat a explicitement demandé aux autorités iraniennes d’annuler la condamnation à mort du rappeur Toomaj Salehi et appelle à sa “libération immédiate et inconditionnelle.”
La France a dénoncé une décision “inacceptable” “qui s’ajoute aux nombreuses autres condamnations à mort et exécutions injustifiables liées aux manifestations de l’automne 2022 en Iran”.
Le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani a “condamné fermement” la décision de la justice iranienne.
Plusieurs organisations ont appelé à un rassemblement à Paris dimanche pour exiger sa libération dans une tribune intitulée “il faut sauver le rappeur Toomaj”.
À Genève, dix experts indépendants des Nations unies ont dénoncé ce verdict.
“Aussi dures que soient les chansons de M. Salehi à l’égard du gouvernement, elles sont une manifestation de la liberté artistique et des droits culturels”, ont-ils indiqué dans un communiqué, signé par cinq rapporteurs spéciaux et les cinq membres du Groupe de travail sur la détention arbitraire.