La photojournaliste Antonina Kravtsova est visée par des accusations d’ “extrémisme” par un tribunal de Moscou qui l’a placée en détention provisoire. Le délit est passible de six ans de prison dans le pays, en pleine répression des dernières voix critiques en Russie à l’image de l’opposant Alexeï Navalny, décédé le 16 février dernier.
Emprisonnée pour au moins deux mois
Antonina Kravtsova, qui travaillait sous le nom d’Antonina Favorskaïa comme photojournaliste, est accusée de “participation à un groupe extrémiste”. Elle sera en détention pour au moins deux mois, jusqu’au 28 mai, indique le service de presse des tribunaux de Moscou sur Telegram.
D’après le tribunal, il lui est reproché d’avoir monté des vidéos et publié des contenus pour le Fonds de lutte contre la corruption, une organisation de l’opposant Alexeï Navalny déclarée “extrémiste” en 2021 et interdite.
Antonina Kravtsova couvrait très régulièrement les procès d’Alexeï Navalny pour SOTAvision, l’un des derniers médias documentant depuis la Russie les répressions politiques et classé “agent de l’étranger” par les autorités russes.
Arrêtée le 17 mars
Le 15 février dernier, la photojournaliste avait tourné, la dernière vidéo montrant l’opposant lors d’une audience, la veille de sa mort dans une prison de l’Arctique. Elle est ensuite arrêtée le 17 mars, quelques heures après avoir déposé des fleurs sur la tombe d’Alexeï Navalny. Dans la foulée, elle est condamnée à 10 jours de détention administrative pour désobéissance à la police.
Après avoir purgé cette peine, il y a une semaine, elle a été interpellée à nouveau dès sa sortie de prison. Puis son appartement a été perquisitionné, tout comme celui de ses parents, dans le cadre de cette affaire pour “extrémisme”.
D’autres journalistes interpellés
Deux journalistes venues la retrouver à sa sortie de prison ont été interpellées brièvement et leurs domiciles également perquisitionnés. Olga Komleva, une autre journaliste est arrêtée à Oufa, dans la république du Bachkortastan. Elle est aussi placée en détention provisoire pour deux mois après avoir été accusée de “participation” à l’organisation “extrémiste” d’Alexeï Navalny.
Poutine disait “espérer” un accord
Certains sont emprisonnés en Russie depuis encore plus longtemps, comme Evan Gershkovich accusé d’espionnage en fin mars 2023. En décembre dernier, le président russe Vladimir Poutine avait dit « espérer » trouver un « accord » avec les États-Unis pour l’échange de prisonniers, dont Evan Gershkovich, confirmant que des contacts existaient avec Washington, qui devait, selon lui, « prendre une décision appropriée qui convienne à la partie russe ».
Également en décembre, un tribunal russe avait de son côté décidé de maintenir en détention provisoire au moins jusqu’à fin janvier 2024 Evan Gershkovich, dont le procès n’a toujours pas débuté.
Le journaliste au Wall Street Journal américain de 32 ans, qui a aussi travaillé pour l’AFP à Moscou par le passé, a été arrêté par les services de sécurité russes lors d’un reportage à Ekaterinbourg, dans l’Oural, en mars 2023. Il est accusé d’espionnage, un crime passible de 20 ans de prison, mais il rejette ces accusations, tout comme les États-Unis, son journal, ses proches et sa famille.
Lire aussi : VIDEO – Ioulia Navalnaïa, veuve d’Alexeï Navalny à Bruxelles : Vladimir Poutine “personnellement responsable”