Mexique : l’avortement dépénalisé sur tout le territoire

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La Cour suprême du Mexique dépénalise l’avortement sur l’ensemble de son territoire, estimant le délit d’avortement dans le Code pénal fédéral comme “inconstitutionnel”.

“Un acte de violence et de discrimination”

Le Mexique franchit une étape historique. Ce mercredi, la Cour suprême mexicaine annonce la dépénalisation de l’avortement sur l’ensemble de son territoire, rejoignant ainsi d’autres pays d’Amérique latine dans cette avancée progressiste, tout en se démarquant des États-Unis. Celle-ci estime en effet que “le délit d’avortement dans le Code pénal fédéral est inconstitutionnel” parce qu’il est “contraire au droit à décider des femmes et des personnes en capacité de gestation” et que “la criminalisation de l’avortement constitue un acte de violence et de discrimination pour raison de genre”, peut on lire dans le communiqué transmis par la Cour suprême.

Pour le Groupe d’information sur la reproduction choisie (Gire), une association de défense des droits reproductifs, “toutes les femmes et les personnes en capacité de gestation pourront avoir accès à des avortements dans les institutions fédérales de santé”, s’en félicite-t-il, celui-ci ayant saisi au préalable la Cour suprême.

À noter que cette décision s’inscrit dans un contexte de dépénalisation progressive de l’avortement au Mexique. Il y a deux ans, en septembre 2021, la Cour suprême avait déjà commencé à remettre en question la criminalisation de l’avortement en invalidant l’article du Code pénal de l’État de Coahuila, qui prévoyait des peines de prison pour les femmes avortant volontairement. De plus, l’avortement était déjà dépénalisé dans une douzaine des 32 États qui composent le Mexique, notamment dans la capitale Mexico, qui avait été la première juridiction du pays et d’Amérique latine à autoriser l’avortement en 2007. 

Une décision loin d’être anodine dans un pays comptant quelque 130 millions d’habitants et catholique à 80 %. Le Mexique imite ainsi l’Argentine, la Colombie, Cuba et l’Uruguay, pays où l’avortement est également légal. L’interruption volontaire de grossesse reste néanmoins proscrite au Chili, sauf en cas de risque pour la santé de la mère, de viol ou de malformation du foetus. En revanche, l’avortement est totalement interdit au Venezuela, au Salvador, au Honduras, au Nicaragua, en Haïti et en République dominicaine.

Des Américaines vont au Mexique pour avorter

Avec l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade, en juin 2022, qui garantissait le droit constitutionnel des Américaines à avorter depuis 1973, il n’est pas rare que des femmes américaines vivant au Texas notamment se rendent parfois à Monterrey, dans le nord du Mexique, pour avorter. Des réseaux mexicains livrent également des kits de médicaments abortifs de l’autre côté de la frontière.

Aux Etats-Unis, la décision de rendre à chaque Etat sa liberté de légiférer en la matière a fracturé le pays, marquant une séparation nette entre la vingtaine d’Etats ayant interdit ou strictement restreint l’accès à l’avortement, principalement situés dans le sud et le centre du pays, et ceux des côtes qui, à l’inverse, ont adopté de nouvelles garanties.

Si l’IVG est autorisée en Argentine depuis fin 2020, le candidat libéral d’ultra-droite à l’élection présidentielle d’octobre, Javier Milei, envisage de revenir sur la loi sur l’avortement.

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