Cent personnalités, victimes d’agressions sexuelles, font aujourd’hui la Une historique du journal Le Monde, afin de dénoncer les violences sexuelles et sexistes qui touchent toutes les catégories de la société.
“Une loi intégrale” sur les violences sexuelles
À l’initiative d’Anna Mouglalis, de Muriel Réus, Co-Fondatrice de MeTooMedia, et d’Anne-Cécile Mailfert, Présidente de la Fondation des Femmes, ce cliché réunit des personnalités de différents milieux :
Juliette Binoche (#metoo Cinéma), Florence Porcel (#metoo Médias), Karine Lacombe (#metoo Hôpital), Judith Godrèche (#metoo Cinéma), Vanessa Springora (#metoo Littérature), Fatima Benomar (#metoo Politique),Sarah Abitbol (#metoo Sport), Arnaud Gallais (#metoo Inceste) ou encore Rachel Keke (#metoo Femmes de chambre). Ce cliché s’accompagne d’une tribune, signée par près de 150 personnalités, qui demandent « une loi intégrale » sur les violences sexuelles.
« Nous sommes cent mais, en fait , nous sommes des centaines de milliers. Nos prises de parole #metoo ont révélé une réalité plongée dans le déni : les violences sexistes et sexuelles sont systémiques, pas exceptionnelles. Pour autant, une affaire semble en chasser une autre, qui nous écoute vraiment ? (…)” Plus de 80 propositions ont été élaborées avec les associations et instances spécialisées (collectif féministe contre le viol, Civiise…).
Clarifier la définition du “viol” et du “consentement”
Les personnalités demandent une loi intégrale qui permettra de clarifier, entre autres, la définition du « viol » et du « consentement », d’introduire celle d’« inceste », de juger les violeurs en série pour tous les viols connus, d’élargir les ordonnances de protection aux victimes de viol, de faciliter la collecte de preuves, de créer des brigades spécialisées, d’interdire les enquêtes sur le passé sexuel des victimes, de permettre un accès immédiat et gratuit à des soins en psychotraumatologie, de donner enfin les moyens financiers à cette politique publique et aux associations qui la mettent en place. »
La Fondation des Femmes soutien à nouveau le mouvement #Metoo en répondant à l’appel de Anna Mouglalis, Muriel Réus (MetooMedia) et de plus de La Fondation des Femmes réaffirme sa volonté de voir naître une loi intégrale contre les violences sexistes et sexuelles afin de mettre fin à l’impunité. 94 % des affaires de violences sexuelles sont classées sans suite en France
“7 ans après le début du mouvement #Metoo, les victimes continuent de parler mais rien ne change. Le niveau de classement sans suite des plaintes n’est plus tolérable. Qu’on ne dise pas que les femmes ne parlent pas ! Il faut désormais que la justice passe avec des politiques publiques à la hauteur et des moyens renforcés.” explique Anne-Cécile Mailfert, Présidente de la Fondation des Femmes.
37 800 condamnations pour violences sexuelles sur 5 ans
Parmi les 37 800 condamnations pour violences sexuelles, prononcées entre 2017 et 2022, plus des trois quarts concernent des agressions sexuelles (76 %), 17 % des viols, 4 % des atteintes sexuelles sur mineur et 3 % du harcèlement sexuel. Sur cette période, les condamnations pour violences sexuelles ont progressé de 14 %.
En France, les services de sécurité enregistrent près de 84 000 victimes de violences sexuelles hors cadre familial en 2023, soit une augmentation annuelle moins marquée en 2023 (+ 6 %) qu’au cours des années précédentes (+ 11 % en 2022 comme sur la période 2016-2021 en moyenne). Après une hausse continue à partir de 2017, la part des victimes rapportant des faits antérieurs à leur année d’enregistrement reste stable depuis 2021 (40 %).
Selon une enquête “Vécu et ressenti en matière de sécurité (VRS) 2022”, seules 2 % des personnes de 18 à 74 ans victimes de violences sexuelles hors cadre familial portent plainte auprès des forces de sécurité.
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