Un article écrit par Chair of Women’s Health, Monash University, by The Conversation.
En dépit d’un nombre croissant de nouvelles recherches menées sur la ménopause, il semble de plus en plus compliqué de trouver des informations claires sur ce sujet. En effet, médias, Internet, soignants ou scientifiques ne s’accordent pas tous systématiquement.
Pour ajouter encore à cette confusion, une série d’articles parus récemment dans le prestigieux journal médical The Lancet a remis en question certains aspects que l’on croyait acquis concernant non seulement les symptômes de la ménopause, mais aussi l’efficacité des traitements hormonaux (aussi appelés « traitements hormonaux substitutifs de la ménopause ») pour soulager certains d’entre eux.
Quels sont les symptômes qui indiquent de façon fiable le début de la périménopause ou de la ménopause ? Et quel est l’intérêt réel des traitements hormonaux ? Voici ce qu’en dit la science.
Qu’est-ce que la ménopause ?
Pour le dire brièvement, la ménopause est la perte complète de la fertilité féminine.
Il s’agit de la période de la vie d’une femme (ou de personnes dont le sexe de naissance était le sexe féminin) durant laquelle les règles (menstruations) s’arrêtent définitivement. La ménopause est diagnostiquée après 12 mois sans nouvelles règles (sauf en cas d’ablation des ovaires, laquelle qui provoque une ménopause induite chirurgicalement). Commence alors la période de postménopause.
La périménopause débute quant à elle lorsque les cycles menstruels varient pour la première fois de sept jours ou plus. Elle se termine lorsqu’il n’y a pas eu de règles pendant 12 mois.
La périménopause et la ménopause sont difficiles à identifier dans le cas ou une personne a subi une hystérectomie, mais que ses ovaires sont intacts, ou bien si les menstruations naturelles sont supprimées par un traitement (comme la contraception hormonale) ou une maladie (comme un trouble de l’alimentation).
Quels sont les symptômes les plus courants de la ménopause ?
Au cours de nos travaux, nous avons analysé la littérature scientifique afin de faire un état des lieux des recommandations de prise en charge de la ménopause et de la périménopause se basant sur les standards les plus exigeants. Nous avons ainsi pu en identifier les symptômes reconnus au niveau international :
- bouffées de chaleur et sueurs nocturnes (connues sous le nom de symptômes vasomoteurs) ;
- troubles du sommeil ;
- douleurs musculo-squelettiques ;
- diminution de la fonction ou du désir sexuel ;
- sécheresse et irritation vaginales ;
- perturbation de l’humeur (humeur maussade, changements d’humeur ou symptômes dépressifs), mais sans dépression clinique.
Aucun de ces symptômes n’est cependant spécifique à la ménopause, ce qui signifie qu’ils pourraient avoir d’autres causes.
Des symptômes dont la gravité varie d’une personne à l’autre
Notre étude sur les femmes australiennes a révélé que 38 % des femmes avant la périménopause, 67 % des femmes périménopausées et 74 % des femmes postménopausées de moins de 55 ans ont déclaré avoir eu des bouffées de chaleur et/ou des sueurs nocturnes.
Mais la gravité de ces symptômes varie considérablement. Avant la périménopause, seules 2,8 % des femmes ont indiqué avoir subi des bouffées de chaleur et des sueurs nocturnes modérément à sévèrement gênantes, contre 17,1 % des femmes périménopausées et 28,5 % des femmes postménopausées de moins de 55 ans.
Bouffées de chaleur et sueurs nocturnes gênantes semblent donc constituer des indicateurs fiables de la périménopause et de la ménopause. Toutefois, ce n’en sont pas les seuls symptômes. Ce ne sont pas non plus des phénomènes touchant uniquement les femmes occidentales, contrairement à ce qui a pu être parfois suggéré : les femmes des pays asiatiques sont également concernées.
Les symptômes dépressifs et l’anxiété sont également souvent liés à la ménopause, mais ces symptômes sont moins spécifiques que les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes, car ils peuvent survenir tout au long de la vie adulte. Néanmoins, les recommandations actuelles considèrent que l’apparition de troubles de l’humeur peut constituer à elle seule la manifestation des changements hormonaux en lien avec la ménopause. Autrement dit, une femme qui n’a pas de bouffées de chaleur ou de sueurs nocturnes peut néanmoins être en périménopause ou en postménopause.
On appréhende encore mal dans quelle mesure les changements hormonaux de la ménopause pourraient être liés à des problèmes de mémoire, de concentration ou à des difficultés de réflexion (des symptômes fréquemment regroupés et sous l’appellation « brouillard cérébral »). Certaines études suggèrent que la périménopause pourrait altérer la mémoire verbale épisodique, mais que ce trouble pourrait se résoudre de lui-même à mesure que les femmes traversent la ménopause. Il semblerait que les fonctions cérébrales exécutives (réflexion stratégique, planification) ne soient en revanche pas affectées.
Dans quels cas les traitements hormonaux sont-ils utiles ?
Les articles du Lancet suggèrent que le traitement hormonal substitutif de la ménopause soulage les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes (symptômes « vasomoteurs »). Toutefois, la probabilité qu’une telle thérapie améliore le sommeil, l’humeur ou le « brouillard cérébral » semble ne concerner que les femmes qui sont gênées par ces symptômes vasomoteurs.
Le traitement hormonal est aussi recommandé pour la prise en charge des troubles de l’humeur associés à la ménopause. Autrement dit, se voir prescrire une telle thérapie ne nécessite pas d’avoir des bouffées de chaleur ou des sueurs nocturnes.
Souvent, les traitements hormonaux de la ménopause sont prescrits en association avec un œstrogène à application topique, afin de traiter les symptômes vaginaux (sécheresse, irritation ou nécessité fréquente d’uriner).
Aucune des directives internationales actuelles ne recommande en revanche la prescription de traitement hormonal en ce qui concerne la prise en charge des symptômes cognitifs responsables du « brouillard cérébral ».
Par ailleurs, l’efficacité de ce genre de traitement pour prendre en charge les douleurs musculo-squelettiques, qui constituent les symptômes ménopausiques les plus courants dans certaines populations, doit encore être étudiée.
Enfin, certaines recommandations nationales considèrent que le traitement hormonal est efficace pour limiter le risque d’ostéoporose ou de fractures, mais pas pour prévenir d’autres maladies.
Quels sont les risques des thérapies hormonales ?
Les principales préoccupations à propos des traitements hormonaux substitutifs de la ménopause ont concerné l’accroissement potentiel du risque de cancer du sein et de thrombose veineuse profonde (qui est susceptible de provoquer la formation d’un caillot dans les poumons).
Aujourd’hui, on considère que les traitement hormonaux recourant uniquement à des œstrogènes n’entraînent pas, ou peu, de modification du risque de cancer du sein.
Les œstrogènes pris avec un progestatif, nécessaire pour les femmes qui n’ont pas subi d’hystérectomie, ont été associés à une petite augmentation du risque de cancer du sein (mais comme tout risque, celui-ci semble varier en fonction du type de traitement utilisé, de la dose et de la durée d’utilisation).
Les œstrogènes pris par voie orale ont également été associés à un risque accru de thrombose veineuse profonde, ledit risque variant en fonction de la formulation utilisée. Ce problème peut être évité en utilisant des patchs ou des gels d’œstrogènes prescrits à des doses standards.
Et si je ne veux pas de thérapie hormonale ?
Si vous ne pouvez pas ou ne voulez pas prendre de traitement hormonal pour atténuer les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes gênantes, des thérapies non hormonales efficaces sont aussi disponibles sur ordonnance.
En Australie, la plupart de ces options sont « hors indication », cependant le fezolinetant, un nouveau médicament, vient d’être approuvé pour traiter les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes postménopausiques.
(en Europe, ce médicament a obtenu une autorisation de mise sur le marché en décembre 2023. Il avait été approuvé aux États-Unis au mois de mai de la même année, ndlr)
Pris sous forme de comprimé, le fezolinetant agit dans le cerveau en bloquant la neurokinine 3, la molécule responsable de la réponse thermique inappropriée à l’origine des bouffées de chaleur et/ou des suées.
Si l’on peut déplorer que l’efficacité de la plupart des traitements en vente libre soit nulle ou non prouvée scientifiquement, notons que la thérapie cognitivo-comportementale et l’hypnose peuvent permettre de soulager certains symptômes.
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