Seule femme engagée avec sa coéquipière Amandine Creusot aux 24 Heures motos du Mans, Mélodie Coignard porte haut les couleurs de l’égalité et de l’écologie dans un univers ultra masculin. Portrait d’une battante sur deux roues.
“Quand on met un casque, on est pilote avant tout”
Sur la ligne de départ des 24 Heures du Mans motos ce samedi, Mélodie Coignard, 32 ans, prouve que les femmes ont leur place dans ce sport encore très masculin. Avec Amandine Creusot, sa coéquipière chez AG Racing, elles sont les seules femmes parmi les 200 pilotes engagés. “Contrairement au foot ou au basket, où on ne joue pas contre des garçons, nous, on concourt avec eux. C’est ça, l’égalité”, lance Mélodie dans un entretien à l’AFP.
Depuis ses débuts, elle revendique sa légitimité et son envie de briser les plafonds de verre, casque vissé sur la tête. “Quand on m’a mise sur la piste pour la première fois, ça a été une révélation. J’ai su que je voulais faire ça tous les jours de ma vie.”
Un parcours tardif, une volonté précoce
Tout commence à 16 ans avec un permis moto 125 cm³, puis le gros cube à 18. Si elle arrive tard dans la compétition — contrairement aux pilotes qui s’entraînent dès l’enfance —, cela ne l’empêche pas de s’imposer. Installée à Nice, elle découvre la piste par hasard : “On m’a proposé une journée circuit. Je ne savais même pas que c’était possible pour des gens comme moi.” Elle accroche tout de suite.
Sa première course, c’est le Bol d’Argent en 2015, une épreuve de trois heures sur le circuit Paul Ricard. Elle termine 26e sur une moto flanquée du numéro 93, hommage à son idole Marc Márquez. Un an plus tard, elle s’illustre dans la toute première Women’s Cup organisée en ouverture des 24 Heures du Mans motos. Elle y participera trois fois et remportera deux titres de championne de France féminine.
Objectif : Top 10 et mémoire
Pour sa troisième participation aux 24 Heures du Mans motos, Mélodie vise une place dans le Top 10 de la catégorie “Superstock” — des motos proches de la série, prisées des équipes amateurs. Elle dédie aussi cette course à son compagnon, Stéphane Egea, ingénieur et pilote décédé en 2021, qui avait remporté cette même catégorie.
Lorsqu’elle n’est pas sur les circuits, cette Marseillaise d’adoption travaille chez un concessionnaire moto. Mais sa mission dépasse largement le bitume : “Je cours pour moi, mais aussi pour lui”, confie-t-elle avec émotion.
Une pilote aussi verte que rapide
Mélodie Coignard ne se contente pas d’enfiler une combinaison : elle défend aussi l’environnement. Avec le soutien d’un sponsor, elle mène depuis deux ans des actions concrètes autour du recyclage, de l’utilisation de biocarburants, et du respect de la biodiversité. “Notre sport peut devenir un laboratoire de solutions. Il peut être un acteur positif pour la planète.”
Des paroles aux actes, elle imagine la course moto comme un levier de transition écologique : “On mène des actions sur le terrain pour restaurer les écosystèmes, préserver les espèces. On veut prouver que sport et écologie peuvent avancer ensemble.”