La mission interministérielle pour la protection des femmes (Miprof) a publié son rapport annuel des violences faites aux femmes. Ce rapport dévoile les chiffres de violences faites aux femmes au niveau nationale durant 2023. Féminicides, harcèlement, violences sexuelles, quelle est la situation en France en cette journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes.
Des violences toujours en hausse
Les violences sexuelles aussi font grand nombre de victime. Qu’il s’agisse de viols, agressions sexuelles, harcèlement, exploitation, voyeurisme ou exhibition, on compte plus de 110.000 victimes en 2023. Parmi ces victimes, 85% étaient des femmes, qu’elles soient majeures ou mineures. Une étude plus approfondie des auteurs de ces violences révèle que 96% des personnes mises en cause pour ces crimes sont des hommes.
Les violences conjugales continuent d’affecter de nombreuses personnes, avec plus de 270.000 victimes enregistrées en 2023, une majorité d’entre elles étant des femmes, représentant 85% du total des victimes. Ces violences physiques, psychologiques et économiques sont souvent exacerbées par le contrôle et la domination exercés par le partenaire violent.
En 2023, les services de police et de gendarmerie ont enregistré 3.405 infractions pour outrage sexiste et sexuel, soit une hausse de 19% par rapport à 2022. Ce chiffre révèle une tendance inquiétante, avec une multiplication par 2,3 du nombre de ces infractions depuis 2020, soulignant l’ampleur croissante de comportements sexistes et discriminatoires dans l’espace public et privé.
De la violence à la mort
En 2023, les forces de sécurité enregistre 115 homicides au sein du couple. Parmi ces crimes, ce sont 93 femmes qui sont victimes de féminicides, et 22 hommes. Le phénomène des féminicides reste une tragédie persistante en France. De plus, 319 femmes ont survécu à des tentatives de féminicide au sein du couple, un chiffre inquiétant qui met en lumière l’ampleur de la violence conjugale.
Les “suicides forcés” font partis des conséquences dramatiques des violences faites aux femmes. En 2023, les chiffres sont sans appel. 890 tentatives de suicide ou suicides avérés sont dus au harcèlement d’un conjoint ou ex- conjoint. Ce nombre marque une nette augmentation par rapport aux 759 cas de l’année précédente. Parmi ces victimes, 87% étaient des femmes, soit 773 femmes qui ont souffert des conséquences tragiques de violences psychologiques ou physiques de la part de leur partenaire.
Des dispositifs d’aide aux victimes encore insuffisants
L’État met plusieurs dispositifs à destination des personnes victimes de violences conjugales, sexistes ou sexuelles. Parmi eux, on compte le parc d’hébergement. Ce parc a pour objectif d’accueillir les personnes vulnérables comme les ménages avec enfants par exemple. Bien qu’il s’agisse d’une solution de dernier recours et qui est uniquement temporaire, ils sont de plus en plus fréquentés au vu de l’accroissement des violences. Le parc d’hébergement dédié à l’accueil des femmes victimes de violences et à leurs enfants a plus que doublé entre 2017 et 2023, passant de 5.100 à 10.666 places. Ces chiffres représentent une augmentation de 109%.
Avec le progrès technologique, le gouvernement a pu diversifier ses dispositifs d’aide aux femmes victimes de violence. Depuis 2013, l’État propose le dispositif « téléphone grave danger » (TGD). Ce dispositif de téléprotection consiste à assurer l’effectivité de la protection des personnes particulièrement vulnérables et en grave danger, victimes de viol ou de violences conjugales. Si une victime est menacée de violence par son conjoint, ex-conjoint ou ex-concubin, le procureur peut l’attribuer pour une période de 6 mois renouvelable. Au 2 septembre 2024, 4.972 téléphones grave danger, qui permettent d’alerter et de faire intervenir immédiatement les forces de l’ordre en cas de déclenchement par la victime, étaient actifs sur le territoire. Soit une augmentation de 19% depuis 2022 et 55% depuis 2021.
Parmi les dispositifs électroniques il existe également les Bracelet Anti-Rapprochement (BAR) s’adresse aux personnes qui subissent les violences conjugales les plus graves. L’autorité judiciaire décide de cette mesure au civil ou au pénal en mettant en place un périmètre de protection que l’auteur réel ou présumé ne doit pas franchir. Si l’accusé ne respecte pas le périmètre et pénètre dans cette zone, la victime est prévenue et mise en sécurité. Les forces de sécurité interpellent le mis en cause. Au 2 septembre 2024, 884 bracelets anti-rapprochement, dispositif qui permet la géolocalisation de la victime de violences au sein du couple, étaient actifs, contre 1.024 au 1er août 2023, soit une diminution de 14%.
Ces chiffres mettent en lumière la nécessité urgente d’une réponse plus ferme face à la violence faite aux femmes et aux enfants, ainsi qu’une prise en charge renforcée des victimes de violences conjugales et sexuelles.