Les talibans sous le coup d’un mandat d’arrêt

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Mathéa Mierdl

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Le procureur de la Cour Pénale Internationale Karim Khan, demande des mandats d’arrêt contre des hauts responsables talibans pour persécution systématique des femmes, ce qui constitue un crime contre l’humanité.

Une demande historique contre les dirigeants talibans

Le 23 janvier 2025, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, demande officiellement l’émission de mandats d’arrêt à l’encontre de hauts responsables talibans. Parmi eux, figurent les noms du leader suprême, Hibatullah Akhundzada, et le président de la Cour suprême de l’« Émirat islamique d’Afghanistan », Abdul Hakim Haqqani. Ces dirigeants sont accusés de crimes contre l’humanité, notamment de persécution à raison du genre. Cette infraction cible spécifiquement la politique de répression systématique exercée contre les femmes et les filles afghanes depuis la prise de pouvoir des talibans en août 2021.

Dans un communiqué officiel, Karim Khan a souligné la gravité des exactions commises : »Toute résistance ou opposition supposée au régime taliban a été violemment réprimée, et continue de l’être, par la commission de crimes, dont le meurtre, l’emprisonnement, la torture, le viol et d’autres formes de violences sexuelles, la disparition forcée ainsi que d’autres actes inhumains. »

Les preuves rassemblées par le bureau du procureur démontrent que les talibans ont instauré un régime de terreur, réduisant les droits fondamentaux des femmes et des minorités à néant. Depuis leur retour au pouvoir, ils ont interdit aux femmes d’accéder à l’éducation au-delà du primaire. Elles n’ont plus le droit de se déplacer seule sans chaperon masculin de la famille. Les femmes n’ont plus le droit de parler ou chanter dans des lieux publics. Dernièrement, les talibans ont ordonné de boucher toutes les fenêtres pouvant donner une visibilité sur une pièce occupée par une femmes. Ils imposent des châtiments sévères à celles qui osent défier ces règles.

Des réactions de la communauté internationale

La demande de Karim Khan est largement saluée par la communauté internationale. De nombreuses ONG y voient un tournant crucial dans la reconnaissance des violences de genre comme crimes majeurs de droit international. Les Nations unies et plusieurs gouvernements occidentaux, dont la France et l’Allemagne, ont exprimé leur soutien à cette initiative.

Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, déclare : « Ces mandats d’arrêt sont une étape essentielle pour tenir les talibans responsables des atrocités qu’ils commettent quotidiennement contre les femmes et les filles en Afghanistan. »

Toutefois, certains experts tempèrent cet optimisme en soulignant que l’Afghanistan n’est pas signataire du Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI. L’arrestation et l’extradition des dirigeants talibans restent donc hypothétiques, à moins qu’ils ne voyagent dans un pays coopérant avec la Cour.

Des implications diplomatiques et géopolitiques

La requête du procureur Karim Khan risque d’accroître les tensions entre la communauté internationale et le régime taliban, qui cherche depuis plusieurs mois à obtenir une reconnaissance diplomatique. L’ONU et certains pays musulmans, comme le Qatar et la Turquie, tentent de négocier des compromis avec les talibans pour les inciter à assouplir leurs restrictions, mais cette démarche pourrait être compromise par la perspective de poursuites judiciaires.

Les juges de la CPI devront maintenant examiner les éléments de preuve fournis par le procureur avant de décider de l’émission des mandats d’arrêt. Ce processus peut prendre plusieurs mois, mais s’il aboutit, il enverrait un signal fort : la communauté internationale ne tolérera plus l’impunité des crimes commis en Afghanistan, à l’encontre des femmes.

En parallèle, les taliabans considère la requête d’émission de mandat « sans base légale, relèvent du deux poids deux mesures et ont des motivation politique », d’après leur ministre des affaires étrangères.

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