Des dizaines de milliers de femmes, parmi lesquelles la Première ministre Katrín Jakobsdóttir, ont décidé de faire front commun en Islande. Les travailleuses sont en grève pour exiger l’égalité salariale et dénoncer les violences faites aux femmes.
Une journée historique pour demander une égalité réelle
L’Islande est pourtant au sommet du classement mondial de l’égalité des genres, établi par le Forum économique mondial (WEF). Cependant, les leaders du mouvement, organisé sous le nom de “Kvennafrí” (“Journée libre pour les femmes”), soulignent l’importance de ne pas se reposer sur les lauriers. “Nous sommes parfaitement conscients que nous n’avons pas atteint l’égalité entre les hommes et les femmes et que, même si la situation est meilleure qu’ailleurs, il n’y a aucune raison de s’arrêter là”, explique Steinunn Rögnvaldsdóttir, l’une des organisatrices.
Initiée en 1975, la journée “Kvennafrí” est un événement majeur en Islande. Cependant, c’est seulement la deuxième fois qu’une grève totale est observée sur toute la journée, les femmes précédentes suspendant le travail aux moments où elles n’étaient plus rémunérées par rapport aux hommes. En 2021, l’écart salarial moyen entre hommes et femmes en Islande était de 10,2%, selon l’agence nationale des statistiques.
Une large mobilisation dont la Première ministre
La Première ministre, Katrín Jakobsdóttir, a annoncé qu’elle montrerait l’exemple en renonçant à ses fonctions officielles pour la journée. La réunion du cabinet prévue ce jour-là a été reportée. Cette participation de la plus haute autorité du pays souligne l’importance du mouvement.
La capitale, Reykjavik, où 75% des salariés sont des femmes, s’est mobilisée massivement. Cinquante-neuf crèches et écoles maternelles ont fermé leurs portes, et les services municipaux ont fonctionné au ralenti. Les salaires des fonctionnaires grévistes seront maintenus.
Les organisatrices espèrent que les hommes prendront en charge les tâches non rémunérées, généralement assumées par les femmes. Les grévistes appellent les maris, pères, frères et oncles à assumer des responsabilités liées à la famille et au foyer, soulignant l’importance de rester vigilants quant aux droits des femmes.
Un enjeu emblématique d’autres combats comme les violences faites aux femmes
Lína Petra Thórarinsdóttir, en charge du tourisme à Business Iceland, exprime la fierté des femmes islandaises pour les progrès accomplis. Elle souligne la nécessité de poursuivre l’effort jusqu’à l’atteinte d’une égalité totale entre hommes et femmes, à tous les niveaux.
En plus de l’égalité salariale, les grévistes visent à sensibiliser aux problèmes des violences de genre. En Islande, 40% des femmes ont subi ou subiront des violences dans leur vie. La grève s’érige donc comme une protestation contre les violences envers les femmes et les personnes non binaires.
Le mouvement a promis de bénéficier d’un soutien massif, même de la part des femmes qui ne pouvaient pas faire grève en raison de contraintes professionnelles. Fjóla Helgadóttir, infirmière, souligne l’importance de la cause malgré son incapacité à participer en raison de son travail dans un service d’urgence pour enfants.
La journée de grève en Islande met en lumière les progrès accomplis tout en soulignant l’importance cruciale de continuer à lutter pour l’égalité salariale et contre les violences de genre. L’engagement des femmes, soutenu par des personnalités influentes et des actions concrètes, montre que ce combat persiste et qu’il reste essentiel de maintenir une vigilance constante pour atteindre une égalité totale.