Le procès de Salim Berrada s’était ouvert cette semaine devant la cour criminelle départementale de Paris.
Des victimes en état de fragilité
Dix-sept femmes au total accusaient Salim Berrada de viol ou d’agression sexuelle. Les femmes, la trentaine pour la plupart, n’étaient pas toutes présentes pour l’ouverture de l’audience. Certaines parties civiles ne viendront pas témoigner du tout « elle n’a pas la capacité psychique de venir » dit à la cour l’avocate de l’une d’elles.
Salim Berrada avait toujours nié les accusations portées contre lui, et affirme que les relations étaient consensuelles. Il estimait que les femmes qui ont porté plainte avaient sans doute « regretté » a posteriori, ou s’étaient « concertées » entre elles pour le compromettre.
Un modus operandi de prédateur
Les enquêteurs ont mis en avant le « modus operandi » récurrent du photographe qui attirait les femmes chez lui sous prétexte d’un shooting photo. Le processus, sous « forme d’industrialisation », avait un « cahier des charges précisément décrit dans plusieurs fichiers Excel » où il listait phrases d’accroche, compliments, propositions, selon l’ordonnance de mise en accusation.
Ce document relate, sur 80 pages, le système “pervers” que l’accusé est soupçonné d’avoir mis en place pour attirer ses victimes. Il envoyait « en masse » des sollicitations à de potentielles modèles, en profitant de sa réputation en tant que photographe. Ces femmes à qui Salim Berrada disait qu’elles étaient « uniques », sa « muse » arrivaient chez lui, se voyaient offrir de l’alcool, que beaucoup n’osaient pas refuser.
Toutes décrivent ensuite une ivresse anormale et rapide, et une perte de force. Les enquêteurs soupçonnent une « soumission chimique », une accusation que Salim Berrada rejette pareillement. Puis les plaignantes décrivent un brusque changement de comportement et des rapports sexuels imposés malgré leur refus.
La défaillance de la justice
La première plainte dans ce dossier a été déposée en avril 2015 par une étudiante américaine, alors en échange universitaire en France. Elle dit avoir rencontré Salim Berrada sur un réseau social qui met en contact des photographes et des modèles. Tous deux échangent d’abord via Facebook, puis il lui donne rendez-vous pour un shooting photo.
Elle est “enthousiaste, s’attendant à être photographiée un peu dénudée, mais sans vulgarité”, selon son témoignage dans l’ordonnance de mise en accusation. Mais après avoir bu deux ou trois verres de vin, elle est soudainement prise de vertiges : tout se met à tourner autour d’elle.
Salim Berrada change alors de comportement et devient plus agressif, témoigne la jeune femme. Sans parvenir à se souvenir comment, elle se retrouve “complètement nue sur le canapé”. S’en suit une fellation forcée puis un viol avant qu’elle parvienne à s’échapper en étant complètement étourdie.
Lorsqu’elle dépose plainte, un peu plus de trois mois après les faits, l’unité médico-judiciaire qui l’examine constate qu’elle est repliée sur elle-même, refuse les interactions sociales et a arrêté ses études. Le psychiatre qui l’examine lui prescrit 30 jours d’ITT. L’analyse toxicologique montre par ailleurs qu’elle a pu être soumise chimiquement par des antihistaminiques, aux effets sédatifs décuplés par la consommation d’alcool. Ce qui pourrait expliquer la torpeur dans laquelle la jeune femme dit s’être retrouvée.
Après deux ans et demi en prison, Salim Berrada avait été relâché sous contrôle judiciaire en 2019, avec interdiction d’exercer le métier de photographe. Plusieurs plaignantes avaient alors signalé à la justice son « activité importante » sur les applications de rencontre.
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