« Le procès de la lâcheté » : Gisèle Pelicot dénonce une société qui « banalise le viol »

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La rédaction

« Je ne pardonnerai jamais » a déclaré Gisèle Pelicot lors de sa dernière intervention au procès des viols de Mazan. La victime de viols par une cinquantaine d’hommes a dénoncé une société « machiste et patriarcale », tandis que Dominique Pelicot, son ex-mari, a tenté de justifier ses actes par le « fantasme de soumettre une femme insoumise ».

« Il est temps qu’on change de regard sur le viol »

Gisèle Pelicot, 71 ans, a qualifié le procès des viols de Mazan de celui d’une « société machiste et patriarcale, qui banalise le viol ». Elle a souligné que ces crimes, perpétrés sur elle pendant dix ans, alors qu’elle était assommée d’anxiolytiques, sont le reflet d’une société qui minimise la gravité du viol.

« Le procès de la lâcheté », a-t-elle martelé à trois reprises, devant une cour silencieuse. Face à elle, dans le box des accusés, Dominique Pelicot gardait la tête baissée. Gisèle a fustigé les justifications entendues durant le procès : « J’ai entendu : j’étais téléguidé, j’ai bu un verre d’eau, j’étais drogué. Mais à quel moment ils n’ont pas percuté ? Ils ont violé ! » Avec une colère à peine contenue, elle a aussi dénoncé l’aveuglement collectif des accusés, rappelant une déclaration glaçante : « J’entends ce monsieur qui dit : un doigt, c’est pas un viol. Qu’il s’interroge ! »

« Ils ont tous commis un crime »

Philippe L., dernier des 51 accusés à témoigner mardi matin, a suivi une ligne de défense déjà maintes fois entendue au cours du procès : il aurait été « aux ordres » de Dominique Pelicot, qu’il décrit comme un « démon ». Il affirme qu’il croyait participer à un scénario libertin où Gisèle faisait semblant de dormir. Ces arguments, jugés irrecevables par la victime, n’ont pas empêché des avocats de la défense d’insinuer qu’elle aurait pu être consentante.

« Je ne pardonnerai jamais », a-t-elle assuré avec force. Elle a réfuté l’idée d’avoir été manipulée durant ses 50 ans de mariage avec Dominique Pelicot, répétant : « Absolument rien ne m’a mis la puce à l’oreille. » Évoquant les 10 ans de vie volés, elle a ajouté : « Jamais cette cicatrice ne se refermera. »

Gisèle a également exprimé une colère profonde contre les coaccusés : « À aucun moment ils ne sont allés dénoncer » les faits. Elle leur reproche d’avoir agi par pur égoïsme : « Ils sont venus assouvir leurs pulsions sexuelles et, seulement après, se sont dit que quelque chose n’allait pas dans cette chambre. » Bien que certains aient présenté des excuses, elle a martelé : « Ils ont tous commis un crime. »

Dominique Pelicot : le « fantasme » pour seule justification

Interrogé, Dominique Pelicot a tenté de se défendre en invoquant un « fantasme de soumettre une femme insoumise, par pur égoïsme », tout en assurant qu’il ne voulait pas « la faire souffrir ». Une déclaration qui a provoqué l’indignation dans la salle, tant par son contenu que par son ton détaché.

Interpellé sur les accusations d’inceste portées par sa fille, Caroline Darian, Dominique Pelicot nie toute culpabilité, tout en admettant avoir diffusé des photos d’elle nue sur les réseaux sociaux. « Caroline, je ne t’ai jamais rien fait », a-t-il affirmé. Une déclaration immédiatement contredite par sa fille, en larmes : « Tu mourras dans le mensonge ! Seul, seul dans le mensonge Dominique Pelicot ! »

Un procès emblématique de la culture du viol

Le procès des viols de Mazan ne se limite pas à juger des faits individuels. Il met en lumière des problématiques plus vastes : le poids du patriarcat, la banalisation du viol, et le rôle des témoins dans ces crimes. Gisèle Pelicot, devenue une icône féministe depuis son refus du huis clos, incarne la lutte pour que justice soit rendue aux victimes et pour que ces actes ne soient plus ni banalisés ni excusés.

Les avocats de la défense ont aussi évoqué deux autres affaires dans lesquelles Dominique Pelicot reste mis en cause. Il est soupçonné d’un meurtre avec viol en 1991 à Paris, qu’il nie, et d’une tentative de viol en 1999 en Seine-et-Marne, qu’il a reconnue après avoir été confondu par son ADN. Malgré les interrogations insistantes, l’accusé a refusé de s’exprimer sur ces dossiers, laissant planer une ombre supplémentaire sur son passé.

Alors que le procès entre dans sa phase finale, avec les plaidoiries des parties civiles mercredi et le réquisitoire attendu lundi, le verdict est attendu d’ici le 20 décembre. Pour Gisèle Pelicot et les autres victimes, il pourrait constituer une étape cruciale dans leur quête de reconnaissance et de réparation.

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