La ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes Isabelle Rome a critiqué le choix de Marlène Schiappa d’apparaître dans le magazine Playboy, qu’elle qualifie comme un “condensé de tous les stéréotypes sexistes”.
“Pourquoi avoir choisi Playboy pour faire avancer le droit des femmes alors que ce magazine est un condensé de tous les stéréotypes sexistes? Nous sommes en plein dans la culture de la femme-objet.”, a déclaré Mme Rome au Figaro.
Marlène Schiappa, ex-secrétaire d’Etat à l’égalité Femmes-Hommes, et actuellement en charge de l’Économie sociale et solidaire, a accordé une interview à l’édition de Playboy paru cette semaine, posant en Une du magazine de charme, habillée d’une longue robe blanche. Elle y arbore une cocarde ou un drapeau français et s’affiche dans plusieurs tenues aux couleurs du drapeau français, dont une robe moulante de la marque “Maison close”.
“Cash” et “fière”
Dans cette interview, Mme Schiappa défend le droit des femmes à faire “exactement ce qu’elles veulent”. “Si elles veulent s’habiller en nonnes et ne jamais rencontrer d’hommes c’est leur choix, et il faut les soutenir.” insiste la secrétaire d’Etat. “Si elles ont envie de poser nues dans un magazine aussi. Même si en ce qui me concerne je serai habillée”. Revendiquant d‘”être cash”, elle se dit aussi “fière” d’avoir écrit de la littérature érotique, “un univers dans lequel on est très respectueux du consentement”.
Dans cet entretien, Mme Schiappa répond à des questions peu conventionnelles, comme “la politique est-elle aphrodisiaque?” – elle réplique que le combat politique apporte de “l’adrénaline”. Interrogée sur “le wokisme qui nous pompe l’air tous azimuts”, elle affirme se définir comme une “féministe universelle”.
Elle assure par ailleurs avoir “évidemment et comme beaucoup de femmes” subi des comportements déplacés de la part d’hommes, mais rappelle que “beaucoup d’hommes sont des mecs biens” et qu‘”il y a aussi des salauds qui font des efforts pour devenir des mecs biens”.
Une initiative “pas du tout appropriée”
La parution annoncée de cette interview avait suscité une avalanche de critiques contre Mme Schiappa, y compris de la part de la Première ministre Elisabeth Borne qui a jugé cette initiative “pas du tout appropriée, à plus forte raison dans la période actuelle”.
Isabelle Rome a estimé de son côté que “quand on est ministre, on doit avoir le sens des responsabilités”. “Prétendre que poser dans Playboy fera avancer la liberté des femmes, j’en doute sérieusement. La sienne, peut-être. Celle des autres, non”, a grincé la ministre, pour qui “défendre les droits des femmes dans Playboy reviendrait à lutter contre l’antisémitisme en accordant un entretien à Rivarol”, hebdomadaire d’extrême droite.
“Je rappelle que son fondateur, Hugh Hefner, a été poursuivi pour agression sexuelle. À un moment donné, il faut choisir ses supports”, a ajouté Mme Rome, déplorant que cet épisode fasse une “énorme publicité” à Playboy, magazine qui ne sera “jamais” l’allié des femmes selon elle.