Indentify Me : le dispositif d’Interpol pour identifier les victimes

AccueilNewsIndentify Me : le dispositif d'Interpol pour identifier les victimes

Mathéa Mierdl

#5000VOICES
06123456789

“La femme en rose”, “l’introvertie” ou “la globe-trotteuse”. Ce sont les noms que les forces de l’ordre on donné a des femmes victimes de mort suspecte. Mais comment s’appellent-elles ? Interpol lance un appel au public pour identifier 46 femmes tuées ou décédées dans des circonstances suspectes. Leur identité est recherchée depuis 50 ans, dans six pays d’Europe.

Leur rendre leur nom, comme à Rita

Un tatouage, un collier ou une particularité physique, C’est tout ce dont dispose les force de l’ordres pour identifier les victimes. Mais un collier ne donne pas de nom. Interpol publie sur son site internet des éléments d’enquête pour redonner leur nom à ces femmes anonymes. “La moindre information peut être décisive et faire la lumière sur ces mystères”, espère Jürgen Stock, secrétaire général d’Interpol, cité dans un communiqué.”Qu’il s’agisse d’un souvenir, d’un renseignement ou d’une anecdote, le détail le plus infime peut parfois suffire à révéler la vérité”, ajoute-t-il, espérant ainsi “apporter des réponses à leurs familles et obtenir justice”.

En mai 2023, Interpol lance la campagne inédite “Identify Me” (Identifiez-moi). Cette campagne a pour objectif de rendre leur identité à 22 femmes retrouvées en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas depuis les années 70. Cette première campagne permet d’identifier Rita Roberts, une Britannique de 31 ans, découverte à Anvers plus de 30 ans auparavant. Ce sont les proches de la victime qui reconnaissent son tatouage représentant une fleur sur les documents publiés en ligne par Interpol. Ce partage d’information a permis aux enquêteurs de trouver son identité, et à sa famille de faire leur deuil.

Face à cette réussite, l’organisation décide d’étendre l’initiative à de nouvelles affaires non résolues. Pour résoudre et clore ces fameux “cold cases”, ils ajoutent trois autres pays à l’enquête : la France, l’Espagne et l’Italie.

Des femmes à priori sans histoire

Interpol publie des extraits de leur “notice noire”, des alertes normalement réservées aux forces de l’ordre, pour solliciter l’aide du public. Parmi elles, “la femme aux papillons tatoués”, retrouvée dans la Seine en 2016, ou encore “la femme enceinte aux colliers de grenat”, découverte en 2001 dans un bois de Bourgogne.Pour chacune des victimes, Interpol met à disposition une reconstitution faciale, des détails sur le lieu et l’état de découverte des corps, ainsi que des photos des vêtements ou bijoux trouvés sur place.

En France, sept de ces femmes sont retrouvées entre 1982 et 2021. Une d’elles, découverte en contrebas d’une corniche près de Villefranche-sur-mer en mars 2008, a entre 60 et 75 ans. À son annulaire gauche, elle porte une bague gravée “Jean et Nelly, 25.06.1960”. Une autre, retrouvée dans la Seine en 2016, présente de nombreux tatouages, notamment des papillons sur les hanches, la cheville gauche, l’intérieur du poignet et le haut du bras droit. Dans sa poche, un billet de 100 bolivars vénézuéliens intrigue les enquêteurs.

En Belgique, six affaires ressortent, dont celle de “la femme à la canne”, âgée de 60 à 80 ans, découverte dans la Meuse à Liège en 2010. Une autre femme est retrouvée dans le port d’Ostende en 2022, portant un T-shirt avec l’inscription “Ibiza”.

Une campagne internationale pour l’identification

L’initiative prend une dimension médiatique avec le soutien de personnalités publiques. Dans une vidéo de campagne, la chanteuse Axelle Red et l’actrice Carice van Houten interpellent le public : “Regardez ces femmes… pourraient-elles être votre amie, votre cousine, votre collègue, votre patiente, votre voisine disparue subitement ?”. Elles appellent chacun à agir : “Vous pouvez les aider. Rendez à ces femmes leur identité”.

En France, l’athlète Marie-José Pérec et l’actrice-écrivaine Sarah Biasini deviennent ambassadrices de cette campagne, contribuant à sensibiliser le grand public et à encourager la participation pour résoudre ces affaires non élucidées.

Interpol continue de solliciter toute personne susceptible de reconnaître un détail, un souvenir ou une anecdote pouvant débloquer ces enquêtes. Chaque contribution peut potentiellement permettre de rendre leur nom à ces femmes disparues, de leur offrir une reconnaissance posthume et d’apporter un peu de paix à leurs proches, en quête de réponses depuis parfois des décennies.

Avec cette campagne élargie, Interpol espère non seulement résoudre ces affaires, mais aussi rappeler l’importance de la solidarité internationale dans la quête de justice. Les enquêteurs comptent sur la mémoire collective et les nouvelles technologies pour percer les mystères qui entourent ces femmes, dont l’histoire, bien que silencieuse, attend encore d’être écrite.

Découvrez aussi