Edith Heard : médaille d’or du prix CNRS

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Mathéa Mierdl

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La médaille d’or 2024 du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), considérée comme l’une des distinctions scientifiques les plus prestigieuses en France, récompense cette année la biologiste Edith Heard. Elle est spécialisé dans l’épigénétique. Ses travaux approfondissent la compréhension des mécanismes d’inactivation du chromosome X, une découverte majeure qui ouvre des perspectives médicales prometteuses.

Edith Heard remporte le prix CNRS 2024

Edith Heard, pionnière de l’épigénétique

Edith Heard est directrice générale du Laboratoire européen de biologie moléculaire (EMBL) et professeure au Collège de France. Elle de devient aujourd’hui la huitième femme à recevoir cette médaille depuis la création de ce prix en 1954. Âgée de 59 ans, elle est largement reconnue dans le domaine de l’épigénétique. Cette discipline scientifique connaît un essor fulgurant depuis le début des années 2000. L’épigénétique étudie la manière dont certaines modifications transmissibles et réversibles influencent l’expression des gènes, sans altérer la séquence ADN.

Les recherches d’Edith Heard sur l’inactivation du chromosome X, sont considérées comme pionnières dans ce domaine. Ce processus est crucial pour le développement des embryons femelles. Il permet de rétablir l’équilibre entre les chromosomes sexuels. Les femelles possèdent deux chromosomes X, alors que les mâles on la combinaison XY. Cependant, le chromosome Y contient seulement une centaine de gènes, tandis que le chromosome X en compte plus de mille. Pour compenser ce déséquilibre, l’un des deux chromosomes X des femelles est désactivé au moyen d’un mécanisme épigénétique. Si ce mécanisme échoue, l’embryon ne peut pas survivre, souligne le CNRS dans son communiqué.

Ce processus d’inactivation du chromosome X est également lié à diverses pathologies, telles que certaines maladies neurologiques, des maladies auto-immunes ou encore certains cancers. L’impact des découvertes d’Edith Heard dans ces domaines est immense, et ses travaux offrent des pistes de traitement pour un large éventail de maladies.

Un enjeu majeur pour la santé

Antoine Petit, président-directeur général du CNRS, met en avant l’importance des recherches d’Edith Heard, la qualifiant de « référence de la biologie moderne ». Il souligne l’importance de ses contributions à la compréhension du rôle de l’épigénétique dans les maladies, notamment par son travail en collaboration avec des médecins pour mieux appréhender l’influence des marques épigénétiques, ces modifications chimiques de l’ADN ou de ses protéines associées, capables de réguler l’expression des gènes.

En particulier, Edith Heard a étudié le rôle des marques épigénétiques dans le cancer, notamment le cancer du sein, et ses travaux ont grandement amélioré notre compréhension des interactions complexes entre génétique et épigénétique dans le développement de cette maladie.

Edith Heard est née à Londres et a commencé son parcours scientifique en étudiant les sciences naturelles à l’Université de Cambridge. Elle s’est ensuite intéressée à l’épigénétique lors de sa thèse à Londres, qui portait sur le cancer. Arrivée en France en 1990, elle rejoint l’Institut Pasteur, où elle commence ses recherches sur l’inactivation du chromosome X, des travaux qui marqueront le début de sa carrière exceptionnelle.

Edith Heard, l’excellence scientifique

Elle intègre ensuite le CNRS, où elle mène des recherches tout en prenant, en 2010, la direction d’un laboratoire commun entre le CNRS, l’Inserm et l’Institut Curie. En 2012, elle devient professeure au Collège de France, une institution prestigieuse qui regroupe les meilleurs chercheurs de leur domaine. En 2019, Edith Heard est nommée directrice générale du Laboratoire européen de biologie moléculaire (EMBL), une organisation internationale de premier plan dans le domaine de la recherche en biologie. Sa réputation internationale est confirmée par son élection à l’Académie des sciences en 2022, une distinction qui souligne l’importance de ses contributions à la science.

Par ailleurs, à l’été 2025, elle prendra la direction de l’Institut Francis Crick à Londres, un centre de recherche biomédicale reconnu à l’échelle mondiale. Ce nouveau poste à la tête de l’un des instituts les plus influents du Royaume-Uni souligne l’envergure de sa carrière et son rôle de leader mondial en biologie.

La médaille d’or du CNRS lui sera remise lors d’une cérémonie prévue à la mi-décembre. Cette distinction s’ajoute à une longue liste de prix et reconnaissances qui saluent la carrière remarquable d’une scientifique qui a transformé notre compréhension des mécanismes génétiques et épigénétiques.

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