“Femmes du monde : la terre en tête et l’écosystème au coeur”
« Les femmes comme la nature choisissent de donner naissance au vivant et œuvrent à la préservation des espèces. Aujourd’hui l’une comme l’autre sont en souffrance, victimes d’un écosystème surexploité. Les femmes sont une partie de la solution à l’un des plus grands défis de l’humanité depuis ses origines. Laissons les femmes continuer d’être au monde dans la dignité au sein d’une Nature préservée pour que durabilité rime avec éternité. »
© Guila Clara Kessous, 2022
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À l’occasion de la 66ème session de la Commission de la condition de la femme (CSW) qui se tient du 14 au 25 mars, dans un contexte international bouleversé, ONU Femmes France et le Women’s Forum for the Economy & Society portent un message commun : revendiquer le rôle majeur des femmes en tant qu’actrices dans la lutte contre le changement climatique et la transition écologique, et faire entendre leur voix.
Le changement climatique impose des modifications significatives sur les modes de vie de l’ensemble de la population mondiale. Bien que la menace soit globale, sa répartition est à la fois inégale et inéquitable : inégale car certains pays sont plus à risque que d’autres, et inéquitable car les pays les plus à risque en sont les moins responsables. Ainsi, les 10 % les plus riches de la population mondiale ont été responsables de plus de 50 % des émissions carbone entre 1990 et 2015, alors que les 50 % les plus pauvres ne sont responsables que de 7 % (Oxfam, 2020).
Les femmes et les filles sont impactées de manière disproportionnée par le changement climatique, du fait d’inégalités préexistantes dans la société et de leur plus grande vulnérabilité sociale et économique. 80 % des réfugiés climatiques sont des femmes, elles auraient 14 fois plus de risques de mourir lors de catastrophes climatiques. En moyenne, moins de 20 % des propriétaires fonciers dans le monde sont des femmes et elles constituent environ 43 % de la main-d’œuvre agricole des pays en développement. Si ces femmes bénéficiaient du même accès aux ressources productives que les hommes, elles pourraient accroître les rendements de leurs exploitations agricoles de 20 à 30 %, ce qui permettrait de réduire le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde d’une proportion de 12 % à 17 % environ (Source ONU Femmes).
Les premières touchées sont pourtant absentes des prises de décision : seulement 12 % des ministres de l’environnement sont des femmes dans le monde (IUCN, 2015). Or, Les données recueillies dans 25 pays développés et en développement indiquent que les pays bénéficiant d’une représentation parlementaire féminine plus importante sont plus enclins à instaurer un système de protection de certaines zones (Source ONU Femmes).
Il est impensable, et de surcroît inefficace, de continuer à exclure les principales concernées de cette lutte contre le changement climatique qui, rappelons-le, a des conséquences de très grande ampleur sur des sujets tels que l’alimentation, l’accès à l’énergie, le pouvoir d’achat, la biodiversité ou encore l’équilibre géostratégique mondial.
Mettre l’égalité au cœur des politiques publiques et des initiatives privées est donc plus que jamais indispensable afin de reconnaître et d’atténuer les effets du changement climatique.
Valoriser et soutenir l’action positive des femmes dans la gestion des crises climatiques et la transition verte est essentiel.
La crise actuelle a besoin de réponses justes, rapides et féministes. Sur le fondement de leurs engagements 1, ONU Femmes France et le Women’s Forum for the Economy & Society appellent les leaders au pouvoir à mettre en œuvre sans tarder cinq de leurs recommandations clés pour accélérer significativement cette transition écologique et inclusive.
L’égalité qui dirige : atteindre la parité dans toutes les instances de prise de décisions environnementales d’ici 2030 en cohérence notamment avec l’agenda 2030 et les Objectifs de Développement Durable 5 (Égalité) et 13 (Climat).
Des données pour comprendre : collecter des données climato-genrées afin de mettre en évidence le sujet, de mesurer rigoureusement les progrès accomplis et d’identifier les nouveaux enjeux.
Former et soutenir pour démultiplier l’impact : sensibiliser l’ensemble des générations aux liens entre genre et climat, faciliter l’accès aux femmes à l’éducation et aux emplois créés par l’économie verte, et soutenir les défenseures de l’environnement.
Les ressources en partage : améliorer l’accès des femmes aux ressources (agricoles, énergétiques, foncières) pour permettre leur engagement total dans l’action contre le changement climatique.
Des leviers financiers sensibles au genre : œuvrer à des financements d’impact comprenant des indicateurs sensibles au genre et des solutions qui tiennent compte de la dimension de genre dans la transition écologique.
Nous appelons les gouvernements, les autorités locales, les institutions académiques, les secteurs publics et privés, les associations ainsi que tout individu à unir leurs forces et à travailler ensemble pour conduire une stratégie climatique d’ampleur et, enfin, inclusive. C’est une partie de la solution à l’un des plus grands défis de l’humanité depuis ses origines.
Céline Mas, Présidente, ONU Femmes France
Audrey Tcherkoff, Directrice Générale, Women’s Forum for the Economy & Society
Avec le soutien des membres du Conseil d’Administration et du Conseil d’orientation d’ONU
Femmes France :
Fanny Benedetti
Catherine Reichert
Carlotta Gradin
Marine Aubin
Isabelle Blin
Thomas Perraud
Gilles Lazimi
Rafik Bendakhlia
Gimena Diaz
Caroline Ramade
Karine Melcher Vinckevleugel
Victoria Tran
Ali Rakib
Catherine Vidal
Pascale Bracq
Miren Bengoa
Mouna Aoun
Gloria Fataki
Cynthia Illouz
François Fatoux
Céline Dassonville
Florence Dombis
Jocelyne Adriant Mebtoul
Bouchera Azzouz
Lindsey Nefesh-Clarke