Le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes a publié son rapport annuel sur l’état du sexisme en France ce lundi 20 janvier. « Les femmes sont plus féministes et les hommes plus masculinistes, surtout chez les jeunes » souligne Bérangère Couillard, présidente du HCE.
La « polarisation » croît entre les femmes et les hommes
Le HCE a mené une étude auprès de 3 200 Français, dans laquelle 60 % des Français estiment qu’il est difficile d’être une femme, un chiffre qui monte à 86 % chez les femmes de 25 à 34 ans. Cependant, parmi les jeunes hommes, 45 % jugent également qu’il est difficile d’être un homme, un sentiment qui progresse chez cette tranche d’âge.
Ce phénomène de polarisation est particulièrement visible à l’échelle internationale. Lors de l’élection présidentielle américaine, 45 % des jeunes hommes ont voté pour Donald Trump, un candidat antiféministe revendiqué, tandis que 72 % des jeunes femmes ont soutenu Kamala Harris, figure emblématique du féminisme aux États-Unis. La confrontation entre les deux candidats aux profils radicalement opposés était fréquemment qualifiée de « bataille des sexes ».
35 % des femmes ont déjà eu un rapport sexuel sans consentement
Le rapport souligne également que le sexisme reste une réalité quotidienne pour les femmes en France. Environ 86 % des femmes affirment avoir déjà vécu une situation sexiste, et 90 % ont recours à des stratégies d’évitement pour y faire face. Les inégalités entre les sexes sont particulièrement visibles dans divers secteurs : 76 % des femmes pointent le sexisme au travail, 71 % dans la rue et les transports, 70 % dans la politique, et 62 % dans la vie familiale. De plus, 35 % des femmes déclarent avoir eu un rapport sexuel sans leur consentement, une situation souvent due à l’insistance du partenaire.
Le HCE appelle à une action collective pour lutter contre ce fléau, précisant que 75 % des Français jugent crucial de renforcer la prévention et la lutte contre le sexisme. Une proposition majeure du rapport est l’introduction d’un programme scolaire pour éduquer les jeunes sur la sexualité et prévenir les violences de genre, une mesure largement soutenue par la population, avec 90 % des Français favorables à cette initiative.
94% de femmes de 15 à 24 ans estiment plus difficile d’être une femme
L’un des chiffres les plus marquants est celui des 94 % des femmes de 15 à 24 ans qui estiment qu’il est plus difficile d’être une femme aujourd’hui, soit 14 points de plus qu’en 2023, alors que seulement 67 % des hommes de cette tranche d’âge partagent cet avis (+8 %).
Pire encore, 13 % des hommes pensent qu’il est plus difficile d’être un homme que d’être une femme, comme le souligne le rapport.
« Tous les hommes portent une part de responsabilité »
Par ailleurs, le rapport souligne que 65 % des Français estiment que « tous les hommes portent une part de responsabilité » dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Cette prise de conscience a été renforcée par des événements récents, comme le procès des viols de Mazan, où 51 hommes ont été condamnés pour avoir violé Gisèle Pelicot. Selon le HCE, cet événement illustre la nécessité pour tous les hommes de s’impliquer dans la lutte contre le sexisme.
Les solutions contre le sexisme
Le Haut Conseil à l’Égalité a donc fait apparaitre des solutions plébiscitées par les Français. 9 Français sur 10 soutiennent l’instauration de cours à l’éducation à la vie affective et sexuelle. Cette mesure est même perçue comme la plus efficace contre le sexisme pour 10 Français sur 10. La réforme du congé paternité/parental est une attente forte en matière de justice sociale et d’égalité, plébiscitée par 7 Français du 10. Une action résolue est voulue pour une plus grande mixité et parité dans le monde professionnel. Dans la formation des jeunes d’abord et dans le monde du travail ensuite. 8 Français sur 10 trouvent qu’il existe une tolérance trop importante vis-à-vis des actes et propos sexistes.
Enfin, le Haut Conseil à l’Égalité propose d’introduire des « budgets sensibles au genre », afin d’évaluer les dépenses publiques au regard des sexes. Cette mesure viserait à ajuster les politiques publiques pour corriger les inégalités financières entre hommes et femmes, et à combattre les réflexes sexistes profondément ancrés dans les institutions.
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