Comment les autorités ont géré le “risque d’augmentation de la prostitution” durant les Jeux Olympiques ?

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La rédaction

Avec la concentration de population amenée par les Jeux Olympiques de 2024, l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle (OCRTEH), dirigé par Lénaig Le Bail, se méfiait d’une augmentation de la prostitution.

Madame Le Bail expliquait sa crainte : “C’est un sujet de préoccupation. Nous supposons qu’il y aura une augmentation de la demande et potentiellement une augmentation de l’offre. Nous ne savons pas trop comment cela va se matérialiser.” L’Office traite des dossiers liés à la “criminalité organisée avec des réseaux plus ou moins structurés”. Il compte 36 effectifs répartis en 4 groupes d’enquête.

Des renseignements compliqués à obtenir

Pendant les Jeux, son rôle est de récolter tous les signalements pour venir en aide aux services de police territoriaux dans les affaires de prostitution ou de proxénétisme. L’OCRTEH espère recevoir des signalements de la part de partenaires comme les plateformes hôtelières ou les locations de logements de courte durée. Pour cela, une campagne de sensibilisation a été mise en place. L’ampleur du phénomène reste méconnu.

Avoir des renseignements précis reste compliqué, avoue Mme Le Bail. Cette dernière a déjà échangé avec ses partenaires allemands lors de la Coupe du monde de football 2006, britanniques pour les JO de Londres en 2012 et brésiliens pour les JO de 2016. Elle ajoute que la prostitution s’exerce de moins en moins sur la voie publique, ce qui la rend plus difficile à neutraliser. “La crise sanitaire et l’exploitation en ligne ont changé la donne. Cela rend les choses plus invisibles, plus difficiles à détecter pour les forces de sécurité intérieure et plus faciles à organiser pour les réseaux criminels”, insiste Mme Le Bail, précisant qu’aujourd’hui plus de 80 % de l’offre prostitutionnelle se fait en ligne via des annonces (35.000 à 40.000 par jour).

L’accord entre Airbnb et le ministère de l’égalité

La plateforme Airbnb a signé une convention pur lutter contre l’exploitation sexuelle et la traite des êtres humains dans les hébergements qu’elle propose, à l’occasion des Jeux Olympiques. Cette convention a été conclue avec la mission ministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des humains (Miprof).

Airbnb s’engage a sensibiliser les hébergeurs mais aussi les vacanciers. Ainsi Miprof et la plateforme d’hébergements on crée le “Guide du voyageur responsable” pour que les voyageurs puissent repérer et signaler les situations d’exploitation. De plus, des équipes d’assistance d’Airbnb sont formés pour renforcer la coopération avec la police et la justice. Les affaires de proxénétisme et les réseaux criminels préfèrent en effet ces hébergements discrets pour livrer des femmes a la prostitution.

Des réseaux de proxénétisme étendus

Durant les JO, les réseaux s’adaptent à la situation en termes de localisation, de prix des hébergements et de saturation des espaces publics. De manière générale, on constate une augmentation continue de la prostitution avec notamment le proxénétisme de proximité.

Le proxénétisme de proximité, ou proxénétisme de cité, représente la moitié des affaires traitées par les services d’enquête français. Ce type de proxénétisme est “l’affaire de petits délinquants de proximité qui trouvent des façons variées de gagner de l’argent”, explique la commissaire. Contrairement au trafic de stupéfiants, “on prend moins de risques quand on exploite des femmes”. “Quand vous cherchez des personnes à prostituer, vous n’avez pas besoin de mise de départ, donc c’est plus facile à initier.”

Les autres types d’affaires concernent les réseaux internationaux. Ils font venir des victimes en France, principalement d’Espagne, du Portugal, d’Italie, du Brésil, de République dominicaine, de Colombie et du Paraguay.

Dans la perspective des JO, quel que soit le type de réseaux, les enquêteurs de l’OCRTEH s’interrogeaient surtout sur le mode opératoire des trafiquants. “Vont-ils transporter les victimes sur le lieu d’hébergement des clients plutôt que l’inverse ?”.En 2022, environ 1.000 auteurs et 1.000 victimes ont été identifiés suite au démantèlement de 52 réseaux. “Cela ne constitue clairement qu’une petite part de l’ensemble”, indique Madame Le Bail.

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