Carton rouge pour la parité dans le sport ! Malgré des lois en faveur de l’égalité et des avancées sur le terrain, la gouvernance sportive française reste profondément masculine. Le Haut conseil à l’égalité tire la sonnette d’alarme et propose des pistes concrètes pour corriger cette inégalité systémique.
Une gouvernance sportive figée dans ses habitudes
À l’occasion du renouvellement des présidences de fédérations sportives après les Jeux olympiques de Paris 2024, le Haut conseil à l’égalité (HCE) dresse un constat sans appel : seulement trois femmes ont été élues présidentes sur quarante fédérations, soit aucune progression par rapport aux années précédentes. Ce chiffre illustre la persistance d’un plafond de verre dans les instances dirigeantes du sport français, malgré la loi de 2022 en faveur de la parité.
« Si les femmes constituent 46% des bénévoles, elles ne représentent que 34% des dirigeant.e.s de structures sportives et 33% des encadrant.e.s, un chiffre en baisse », alerte le rapport publié mercredi par le HCE. Le déséquilibre est d’autant plus saisissant que les femmes sont massivement engagées dans le tissu associatif sportif, mais rarement promues à des fonctions de décision.
Les entraîneures, grandes absentes des Jeux
La parité obtenue sur le terrain lors des JO de Paris 2024 ne trouve aucun écho dans l’encadrement des athlètes. La part des entraîneures reste désespérément basse : 13%, un chiffre identique à celui observé à Tokyo en 2021. À l’échelle européenne, la moyenne est de 23%, selon un rapport conjoint de la Commission et du Conseil de l’Europe cité par le HCE.
Ce déséquilibre structurel trouve sa source très tôt dans les parcours de formation. Dans les filières universitaires STAPS, les étudiantes ne représentent que 32%, et dans les métiers de l’encadrement, elles ne sont qu’une sur cinq. Une situation que le HCE juge « préoccupante » et qui appelle des mesures ciblées.
Former, accompagner, imposer des quotas
Face à ce déficit massif de représentantes féminines dans la gouvernance et l’encadrement sportif, le Haut conseil à l’égalité propose une série de recommandations concrètes. Parmi elles : la création d’un programme d’accompagnement des jeunes filles, inspiré du dispositif « Tech pour toutes » du ministère chargé du numérique. Il préconise également d’instaurer un objectif de 40% de candidatures féminines pour l’entrée en licence STAPS d’ici 2026.
Concernant les structures existantes, le rapport suggère d’instaurer des co-présidences mixtes dans les fédérations sportives, afin de favoriser un accès partagé au pouvoir. Il propose aussi de renforcer les dispositifs comme le « club des 300 dirigeantes », lancé en 2021 par le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), pour soutenir les femmes déjà impliquées dans le mouvement sportif.
Une culture du sport encore très genrée
Le rapport ne se contente pas d’aligner des chiffres : il pointe du doigt les racines culturelles et sociales des inégalités. « Dès l’enfance, les pratiques sportives sont souvent différenciées en fonction du sexe, influençant durablement la place des filles et des garçons dans le monde du sport. Le contrôle du corps féminin, la valorisation d’un idéal de virilité et le manque de modèles féminins dans les rôles de leadership renforcent ces inégalités structurelles », souligne le HCE.
Ces stéréotypes de genre façonnent des parcours différenciés, où les filles sont souvent écartées des postes à responsabilité dès les premières étapes de leur engagement sportif. Une réalité encore trop peu combattue, malgré la médiatisation croissante du sport féminin.
Un signal venu de l’international
Dans ce paysage peu réjouissant, le HCE salue néanmoins une avancée majeure sur la scène internationale : l’élection en mars 2025 de Kirsty Coventry à la tête du Comité international olympique, première femme à accéder à ce poste prestigieux. Un « signal positif », selon l’institution, qui espère qu’il pourra inspirer des changements en profondeur au sein des instances nationales.
Mais pour que la France ne reste pas à la traîne, des actes forts devront succéder aux paroles. Sans quoi, la parité dans le sport restera un vœu pieux, cantonné aux tribunes et aux discours officiels.
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