Les organisateurs du Festival de Cannes confirment que le court métrage de Judith Godrèche, actrice et réalisatrice devenue une figure importante de la lutte contre les violences sexuelles dans le cinéma français, sera projeté le 15 mai.
Un film sur les violences
Intitulé “Moi aussi”, ce film “met en lumière les récits de victimes de violences sexuelles. Autant d’expériences individuelles qui s’ajoutent à la sienne et soulignent leur caractère tristement universel”, indique le Festival de Cannes qui “souhaite ainsi faire résonner ces témoignages”.
D’une durée de 17 minutes, ce court métrage a été réalisé après le discours coup de poing de Judith Godrèche lors de la cérémonie des César, où elle avait dénoncé le “niveau d’impunité, de déni et de privilège” du milieu du cinéma concernant les violences sexuelles.
“Exactement un mois après cette prise de parole salutaire, le 23 mars 2024, Judith Godrèche s’empare des deux moyens d’expression qu’elle connaît le mieux, l’écriture et le cinéma, et réunit des femmes et des hommes qui lui ont témoigné leur vécu traumatique”, explique le Festival de Cannes.
Présenté en sélection “Un certain Regard”
L’actrice avait lancé un appel à témoignages sur Instagram. “S’est alors posée la question de ce que j’allais en faire. Qu’est-ce qu’on fait quand on est submergée par ce qu’on entend, par la quantité de témoignages ?”, confie l’actrice, citée dans un communiqué du Festival.
Sans révéler le contenu spécifique du court métrage, le Festival suggère qu’il abordera la musique et la danse collective, et implique un millier de femmes et d’hommes. “Moi aussi” sera projeté lors de la cérémonie d’ouverture de la section Un Certain Regard et également au Cinéma de la Plage le 15 mai.
Des plaintes contre Benoît Jacquot et Jacques Doillon
Judith Godrèche, âgée de 52 ans, avait prononcé un discours lors de la 49e cérémonie des César, où elle appelle ses consoeurs et confrères de l’industrie cinématographique à se mobiliser contre la toute puissance des réalisateurs. L’actrice avait dénoncé récemment l’emprise du réalisateur Benoit Jacquot et Jacques Doillon, alors qu’elle n’était qu’adolescente.
L’actrice a déposé plainte en début d’année contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des actes de viol et de violence sexuelle et physique présumés remontant à son adolescence.
Ces accusations, pour des actes que ces derniers nient, et les prises de position de Judith Godrèche ont entraîné un nouveau mouvement de libération de la parole des victimes dans le milieu du cinéma, sept ans après la naissance du mouvement #MeToo à Hollywood.
Une tournure politique
L’Assemblée nationale a approuvé la semaine dernière la création d’une commission d’enquête sur les “abus et violences” dans le cinéma, l’audiovisuel, le spectacle vivant, la mode et la publicité, donnant corps à une demande de l’actrice. Sur le plan judiciaire, une enquête préliminaire a été ouverte à Paris contre les deux réalisateurs.
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VIDEO- Judith Godrèche demande un Commission d’enquête sur les violences sexuelles dans le cinéma